Le quotidien financier L’Écho en faisait sa Une voici peu : Engie, ex-groupe GDF-Suez, envisage de larguer l’ex-fleuron énergétique belge Electrabel. Suez l’avait acquis, pour mémoire, par un forcing – "dans l’indifférence quasi générale" rappelle le journal – au début des années 2000. Suez avait ravi d’abord plus de 50% du capital (2003) pour ensuite monter à 98,62% et, en novembre 2005, introduire Suez en lieu et place d’Electrabel à la Bourse de Bruxelles (dans un "Bel 20" qui l’est de moins en moins). L’opération avait de quoi faire saliver à Paris, le bénéfice d’Electrabel, 1,2 milliard d’euros en 2004, étant quasi équivalent à celui de Suez, sa nouvelle maison-belle-mère. La vache à lait idéale pour un mariage arrangé. Maintenant, larguer… Outre que le projet (nom de code : Bianca, ça ne s’invente pas) n’est pour l’heure qu’en cet état-là, esquissé à l’horizon 2016, Suez-Engie est coutumier du fait. En 2008, le géant français (33% aux mains de l’État français) avait "largué" son département "eau et déchets", introduit en Bourse sous le nom de Suez Environnement, dont Suez-Engie, en gardant 35% du capital, est néanmoins resté maître quoi qu’on en dise. Idem pour Electrabel ? L’objectif serait ici l’apport de capitaux frais, fournis grâce à une participation de l’État belge, qu’on suppose peu enthousiasmé à l’idée que l’ex-belge boîte phare avec ses sept centrales nucléaires tombe dans l’escarcelle d’investisseurs "chinois ou qataris" : là c’est un "fin connaisseur des marchés financiers" qui pense tout, dixit le quotidien. L’occasion, aussi, de mettre la Belgique un peu sous pression. Histoire d’obtenir la prolongation de Doel 1 et 2, le redémarrage de Tihange 2 et Doel 3 et puis, pourquoi non ?, des cadeaux en monnaie sonnante et trébuchante, par une réduction de la "rente nucléaire" (ce que Suez-Engie paie en impôts pour avoir reçu gratis des centrales déjà amorties). Suez, répétons, est coutumier du fait. Qui vivra, verra.
Source : L’Écho du jeudi 6 août 2015.
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