Le patron de Carrefour n’a pas la vie facile. Nous sommes dans la "bonne voie" a-t-il dit pour conclure la présentation de résultats (1er trimestre 2011) qui affichent une dégradation du chiffre d’affaires de -4,7% en Europe. C’est qu’il lui faut développer le business tout en rencontrant les visées antinomiques, car spéculatives, de ses deux actionnaires de référence, le groupe Arnault et le fonds d’investissement Colony Capital (USA), qui ont vu leur mise fondre au soleil : le titre Carrefour valait 58,1 euros en février 2007, il ne pèse plus que 33,6 euros en mars 2011. Pour compenser, le conseil d’administration de Carrefour a choisi, le 1er mars 2011, de vendre la chaîne "hard-discount" Dia et 25% du parc immobilier européen (les murs de ses supermarchés), ce qui devrait permettre, si l’assemblée générale de juin 2011 approuve, de transférer via un dividende exceptionnel 6 milliards d’euros aux actionnaires – et, pour Carrefour, d’en perdre autant. Les agences de notation Fitch et Standard & Poor ne s’y sont pas trompées en dégradant aussitôt la cote du groupe. Là, pour comprendre leur scepticisme, il suffit de relire les chiffres semestriels dont question ci-dessus. Qu’est-ce qu’ils indiquent, entre autres choses ? Que ce qui sauve le résultat global de Carrefour est notamment la très bonne tenue de la future ex-chaîne Dia, dont les ventes, à 2,5 milliards au 1er trimestre 2011, affichent une croissance de 3,7%. Faire plus avec moins signifiera sans doute, pour les travailleurs, de ramer. Aux 580 millions d’euros de réduction des coûts de fonctionnement en 2010, Carrefour en rajoutera 480 millions en 2011.

Sources : Les Echos du 15 avril et des 2, 3 et 3 mars 2011 et le Financial Times du 4 mars 2011.
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