A Bruxelles, le Parlement s’inquiète des destinations touristiques du Prince Laurent. A Budapest, à l’appel de la Confédération européenne des syndicats, des milliers de travailleurs s’apprêtent à manifester, le samedi 9 avril 2011, contre les politiques d’austérité de la Commission européenne. Voilà deux priorités d’un ordre de grandeur différent. L’austérité, il faut dire, n’est pas chose simple. Ou plutôt, peut-être, trop simple. Dans le Wall Street Journal [1-3 avril 2011], le journal de la finance de Rupert Murdoch, Alen Mattich a bien montré devant quel dilemme se trouve l’Allemagne qui, invitée à secourir le "trio perdant" de l’Union européenne (Grèce, Irlande & Portugal), n’a en somme que deux choix. Et c’est : soit renflouer, soit renflouer. Ou bien renflouer le trio, ou bien renflouer ses propres banques. Logique puisque, fin 2010, les banques allemandes ne détenaient pas moins de 230 milliards d’euros de créances pourries sur les trois pays concernés et, les laisser tomber, reviendrait à laisser tomber ses propres banques. Ce serait indécent. Ajouter que là, ce ne sont que les banques allemandes : si on étend le champ de vision à l’ensemble du système bancaire de la zone euro, la facture grimpe à 560 milliards d’euros, logés chez le trio, détenus par les banques dites "fortes" de la zone euro. Facture qu’il faudra bien payer : les manifestants, à Budapest, n’ignorent pas qui est visé, le monde du travail. Aux banques, on ne touchera pas. Dans le même article, pourtant, Mattich cite une petite phrase tenue en 2009 par Lord Turner, patron de l’autorité britannique de contrôle des marchés financiers. Une grande partie des activités du secteur financier, dit-il, est "socialement sans valeur". Les idées nouvelles progressent lentement mais, là, il y a comme le frémissement d’un effet d’accélération…[!sommaire]