Jusqu’il y a peu, Dell était le numéro un mondial des ordinateurs personnels. Une grosse boîte. Pour son malheur, il est entré en Bourse. C’était en 1988. C’était un moyen de lever des capitaux - mais aussi d’accueillir d’encombrants co-propriétaires. A l’heure actuelle, le fondateur et PDG de la société éponyme Michael Dell dispose de quelque 16% des parts, mais il y a aussi des fonds spéculatifs, tels BlackRock (4,4%), T. Rowe Price (4,1%), UBS (4,7%) et surtout "l’activiste" Carl Icahn (8,7%), donc près de 20% en tout. Eux, ce qui les intéressent, ce n’est pas tant la production d’ordinateurs que la "production" de dividendes. Depuis le début de l’année, 2013, ils bloquent le projet de sortie de la Bourse voulu par Michael Dell qui, pour la cause, s’est associé à Silver Lake Partners, un autre fonds spéculatifs, afin de réunir le montant du rachat des actions, soit environ 24 milliards de dollars (18 milliards d’euros) - ce qui fait de la transaction projetée la plus grosse opération du genre depuis 2007. La somme est coquette mais pas assez pour Icahn qui, rapporte le Financial Times, souhaiterait plutôt que la société "s’endette lourdement pour rétribuer les actionnaires tout en restant en Bourse". La saga s’est poursuivie le jeudi 25 juillet 2013 par une nouvelle surenchère, Dell et Silver Lake offrant une prime de 150 millions de dollars (10 cents de plus par action) censée rendre l’offre plus alléchante, donc plus convaincante. Convaincre le "marché" est parfois plus difficile que d’y vendre des marchandises.
Sources : Financial Times des 19 et 25 juillet 2013 et Les Échos du 18 juillet 2013. [!sommaire]