A la réunion des "Brics", le 27 mars 2013, à Durban (Afrique du Sud), les dirigeants de ce "G5" sudiste ont décidé de créer une Banque de développement à eux – notamment pour répondre à leurs besoins de financement en infrastructures, évalués à 4.500 milliards de dollars. Les Brics, pour mémoire, c’est le bloc constitué par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. A cinq, ils représentent 20% du Produit intérieur brut mondial, 43% de la population mondiale, 17% du commerce mondial [Guardian Weekly, 5 avril 2013] et concentrent 74 des 100 sociétés transnationales du Sud identifiées par le Boston Consulting Group sous l’appellation "Global Challengers" [Le Monde, 19 février 2013]. Nouveau "Bretton Woods" ? Tout reste à faire, à commencer par la constitution formelle de cette "South-South Bank", et lui trouver un siège, la doter d’un fonds propre (il est question de 50 milliards de dollars), mais il y a plus car ce G5 a également décidé d’établir un "pool" commun en réserves de devises d’un montant de 100 milliards de dollars pour faire front au système monétaire international dominé par les États-Unis [Financial Times, 28 mars 2013] et, beaucoup moins, par l’Union européenne, dont les politiques austéritaires n’ont manifestement pas l’heur de rassurer les nations du Sud : en 2012, ainsi, les banques centrales des pays en développement ont largué 45 milliards d’euros de leurs réserves, ce qui correspond à une réduction de 8% et, pour l’euro, à une dégradation sensible, il ne représente plus que 24% des réserves des banques centrales des pays en développement, contre 31% en 2009 – le dollar y gardant de manière stable sa position dominante (environ 60%) [Financial Times, 1er avril 2013]. Là, aussi, frémissements, puisque la Chine et le Brésil viennent de conclure un accord portant sur des échanges dans leur propre devise via un "swap" de 30 milliards de dollars [Financial Times, idem]. A moyen terme, on restera donc, selon les termes du directeur de l’institut de recherche de la Banque de Chine, Jin Zhongxia, dans un système, dominé par le dollar, reflétant "la puissance économique, financière et militaire" des États-Unis mais, désormais, dans un cadre qu’il appelle "1+4", le dollar devant s’accommoder de la présence de la bande des quatre que sont le yen (30 à 40% de la balance commerciale japonaise sont libellés en yen), l’euro (dont la "faiblesse structurelle" a été révélée par la crise de la dette dans la zone euro, souligne-t-il), la livre britannique et, en Asie, le renminbi chinois [Financial Times, 13 mars 2013]. L’euro, ajoutons encore, ne tient décidément pas la corde : depuis cinq ans, le volume de dollars (valeur refuge !) détenus à l’étranger a augmenté de 42% pour atteindre quelque 775 milliards de dollars - et un soutien d’autant au Trésor américain ainsi qu’aux consommateurs US [Financial Times, 8 avril 2013]. Mieux vaut y être attentif...
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