La revue Alternatives économiques est revenue dans son dernier numéro (n°327 - septembre 2013) sur le phénomène des contrats de travail "zéro heures" dont le journal The Guardian a révélé voici peu l’expansion phénoménale en Grande-Bretagne. Au bas mot, quelque 250.000 personnes auraient été engagées sous ce pseudo-statut en 2012, dont 82.000 pour la seule chaîne de restauration industrielle McDonald’s (où ils représentent 90% des effectifs...). Le contrat "zéro heures", c’est le droit de travail mis sur sa tête : l’employeur ne garantit pas une seule heure de travail (d’où son sobriquet) tout en obligeant le travailleur à rester à toute heure à sa disposition selon les fluctuations de la demande. Il arrive même que le travailleur appelé à prester une série de minutes doive rentrer chez lui sans compensation aucune : désolé, on s’était trompé, on pensait avoir besoin de vous mais, là, non. C’est dans l’air du temps. L’extravagance est comme d’habitude britannique mais le modèle (européen) est allemand : comme le notait Adam Posen dans le Financial Times (4 septembre 2013), son programme européen de compétitivité est à voie unique, visant uniquement à réduire le coût du travail, avec le sentiment de la mission accomplie : "L’Allemagne abrite désormais la proportion la plus élevée de travailleurs à bas salaires en comparaison du salaire national médian en Europe occidentale." Ce n’est pas extrêmement enthousiasmant.