La grève des ouvriers américains de Boeing, emmenée par le syndicat des mécaniciens IAM (International Association of Machinists and Aerospace Workers, 19.000 travailleurs chez Boeing), est remarquable à plusieurs titres. Et d’abord parce que, au bout d’un conflit qui a duré 24 jours, ils ont réussi à faire plier la direction sur l’ensemble de leur cahier de revendications, chose qui n’est plus tellement fréquente dans le climat antisyndical actuel. Ils avaient, et c’est très important, quelques atouts de taille : en tant qu’ouvriers très spécialisés, ils étaient difficilement remplaçables par des "jaunes" et, conjonction favorable, le carnet de commandes de Boeing, bien rempli, faisait planer la menace de retards de production très préjudiciables pour la direction. C’est, ensuite, en quelque sorte, une victoire de l’internationalisme ouvrier, puisque cette action syndicale concernait des sites de production aussi distants que Seattle (Etat de Washington), Portland (Oregon) et Wichita (Kansas), soit, par transposition au continent européen, une coordination réussie entre les trois coins de son vaste espace. Enfin, non contente de revendiquer, et d’obtenir, une augmentation des pensions, la sécurité d’emploi et le maintien de la couverture médicale gratuite, l’IAM a exigé que seuls ses ouvriers puissent travailler dans les hangars d’assemblage de Boeing. En d’autres termes, les employés des fournisseurs et sous-traitants resteront bannis des usines du géant américain. A méditer.
Source : Le Figaro, 27 septembre 2005.