A l’approche de l’assemblée générale d’Arcelor, fixée au 28 avril 2006, le ton monte, de toutes parts. C’est qu’elle risque d’être déterminante pour l’offre d’achat publique hostile que le rival Mittal Steel a lancé sur Arcelor le 27 janvier. Depuis, Arcelor a multiplié les mesures de riposte. Mise à l’abri de sa filiale canadienne Dofasco (ravie à Thyssen-Krupp auquel ... Mittal aurait promis de la ristourner à un prix avantageux en cas de réussite de son OPA
OPA
Offre publique d’achat : proposition publique faite par un investisseur d’acquérir une société ou une partie de celle-ci à un prix annoncé. Elle peut être amicale ou hostile, si le management de la firme ciblée est d’accord de se faire reprendre ou non.
(en anglais : tender offer).
). Et puis, gonflement des dividendes et promesse de distribution de cash en cas d’échec de l’OPA. Là, les syndicats ont mal digéré : un "hold-up" s’est exclamé Antonio Di Santo, président de la FGTB-Métal-Hainaut-Namur. En effet. "Tous les résultats d’Industeel-Charleroi ont été pompés par le groupe. C’est la preuve qu’ils ont besoin d’argent, " dit-il, "C’est une gestion inadmissible. On spolie tous les outils de production." Les syndicats ont écrit à Arcelor et à Mittal, ils veulent être des interlocuteurs dans la négociation. Peut-être aussi pour entendre le patron d’Arcelor Guy Dollé justifier son augmentation de salaire, gratifié en 2005 d’un bonus de 9,5% pour atteindre 1,43 million d’euros. Dur à digérer aussi, en des temps de modération salariale. Mais le ton monte aussi chez les "petits actionnaires" d’Arcelor, qui ont donné de la voix, et notamment l’Association des actionnaires d’Arcelor (AAA) de Bruno de Kerviler, qui accuse Mittal d’être "un pollueur" et entend défendre les actionnaires stables, fidèles au sidérurgiste en lançant une pétition contre l’OPA de Mittal. Ah, les actionnaires ! On se souviendra de la courbe rentrante du ministre français Thierry Breton, après s’être fait taper sur les doigts par la Commission européenne pour ses déclarations de "patriotisme économique" : c’est aux actionnaires de trancher, avait-il dit en se faisant tout petit. Le politique n’a pas à "s’ingérer". Bel acte de foi. Qui mérite d’être considéré à sa juste valeur : l’actionnariat d’Arcelor, ses propriétaires, c’est à 82% du "flottant", c’est-à-dire, comme Stefan Stern, chroniqueur "management" du Financial Times l’a récemment rappelé dans ces colonnes (28 mars 2006), essentiellement des investisseurs à court terme qui ne sont "fondamentalement (que) des spéculateurs" auxquels, indûment, "nous donnons des titres de propriété". A méditer.
Source : L’Echo, 8 avril 2006