Ceci est une histoire amusante. En mars 2005, les autorités chinoises ont saisi quelque 33.000 faux exemplaires de la très célèbre marque de briquets américaine Zippo dans une usine de la côte Est – à la très grande joie de la Zippo Manufacturing Company (USA), qui se battait depuis plusieurs années pour obtenir justice contre les faussaires chinois. Joie de courte durée, cependant. Les dirigeants et avocats de Zippo avait espéré une peine sévère (de prison) pour le contrefacteur. Las ! Pour mériter une peine de prison, selon la législation chinoise, il faut que la vente potentielle du produit contrefait dépasse un certain seuil, montant qui est calculé non sur le prix de vente usuel de celui-ci, mais sur son prix "réel", c’est-à-dire le prix de vente du faux. C’est là que cela devient amusant. Le prix usuel d’un Zippo véritable en Chine est d’environ 20 euros, soit un chouïa plus que sa copie "made in China" : les faux étaient vendus... 30 centimes, bénéfice compris ! A 30 centimes, même multiplié par 33.000 exemplaires, le contrefacteur chinois ne dépassait donc pas le seuil fatidique. C’est amusant car, même à supposer que le faux soit de qualité inférieur (ce qui est probable), cette petite histoire montre bien le gigantisme des superprofits que les sociétés transnationales peuvent – en toute légalité, bien sûr – réaliser en produisant en Chine. Si Zippo produit en Chine, pour un coût unitaire d’environ 30 centimes, cela ne l’empêchera naturellement pas de continuer à les vendre 20 euros. Est illégal, par contre, le faux vendu à un prix relativement honnête...

Source : The Wall Street Journal 2/6/06