On a remis de l’essence dans le vélo
Après une année d’absence, le GRESEA Echos est de retour. Le malade est sorti de son lit et, en peignoir et haut de forme, il a remis de l’essence dans son vélo et s’est remis à pédaler. Malade ? Rien de bien sérieux sinon l’extrême fragilité économique de toute activité qui n’aspire pas au statut de marchandise.
Une bonne part du secteur ONG est dans ce cas, des mouvements d’éducation populaire aussi. A la merci d’une décision prise par un contrôleur dans un bureau.

L’année 2005 n’a pas été facile. Quasi aucun soutien public. Il a fallu compter sur nos propres forces. Tout calculer au plus près. Arrêter le GRESEA Echos et beaucoup d’autres choses.

Tout malheur a du bon. Nous avons, au travers de multiples témoignages de soutien, redécouvert la réalité des solidarités et affinités sélectives. Nous avons pu, avec les syndicats, nous rapprocher des luttes ouvrières. Nous avons pu nous recentrer sur notre mission première : apporter une contre-information à tout ce qui divise les travailleurs sans cesse et partout.

Les travailleurs de Toyota en Inde, en grève au début de cette année, savent cela très bien. Le langage qu’on leur tient c’est : votre législation du travail est trop rigide, vous feriez mieux de prendre exemple sur la Chine et accepter de plus longues heures de travail, faute de quoi vous ne serez plus compétitifs et les "investisseurs" iront chercher fortune ailleurs.

On dit la même chose aux travailleurs de Siemens, de Volkswagen, de General Motors. On reste, plus que jamais, dans le schéma de la dépossession – aliénation – des hommes et des femmes qui créent les richesses.

Mais, donc, le GRESEA Echos repédale. Sans savoir encore très exactement comment. Il se cherche. Ce numéro en témoigne. Numéro de transition. Vers de nouveaux lendemains, un nouveau format, plus sobre, plus dépouillé, moins commercial.

Il va faire peau neuve tout en restant fidèle, naturellement, à une ligne éditoriale qui privilégie le contenu – et les analyses que les peuples du tiers-monde font eux-mêmes de leur situation et de leurs perspectives d’émancipation.

Le GRESEA Echos redémarre avec la sécurité alimentaire. C’est important.

C’est la notion que les peuples doivent pouvoir assurer eux-mêmes leurs besoins alimentaires et les planifier. C’est la critique d’une agriculture monopolistique et productiviste et libre-échangiste dont le dernier avatar a pris la forme – déplaisante, logique – d’un risque d’épidémie mondiale de grippe aviaire. Ce n’est pas venu tout seul. Un quadrillage planétaire capitaliste de la production agricole l’a précédé et l’a préparé.

Il y a aussi la perspective plus large. Comme Samir Amin l’a rappelé, la moitié de la population mondiale – troismilliards de gens – vit de l’agriculture. La marchandisation de ce secteur, voulue par l’Organisation mondiale du commerce, rendra à moyen terme cette population inutile et "surnuméraire", sorte de gigantesque génocide silencieux. L’enjeu est avant tout celui-là. Réagir tant qu’il est temps, pédaler dans la bonne direction.

Ces deux dernières années, en partenariat avec d’autres organisations de la solidarité internationale, le GRESEA a mené un travail d’information et de conscientisation sur une des manifestations de l’agrobusiness. Il s’agit des exportations massives et incontrôlées de découpes de poulet congelé en Afrique subsaharienne, en provenance de l’Union européenne. Exportations qui constituent, pour plusieurs pays, une catastrophe pour les filières avicoles locales, les économies nationales et la santé des populations.

Cette année, nous prolongeons ce travail, en analysant l’impact des importations agricoles/avicoles sur l’économie, le développement local en République Démocratique du Congo (RDC). Un travail que nous menons en liaison avec la campagne commune du CNCD-11.11.11. et de la plate-forme Souveraineté alimentaire.

Ce numéro du GRESEA Echos jette un premier éclairage sur la situation en RDC, en l’élargissant au « modèle » de développement agricole productiviste et libre-échangiste.

Il est également une contribution à la campagne du CNCD et de la PFSA sur la souveraineté alimentaire.

Bonne lecture.

Sommaire

  • Edito : On a remis de l’essence dans le vélo/Erik Rydberg et Denis Horman
  • OMC et Agriculture : au-delà des symboles !/Thierry Kesteloot, Oxfam Solidarité
  • A défaut de ne rien obtenir, ils ont obtenu ce qui ne sert à rien/Bernard Njonga
  • Dumping et subventions agricoles : ne pas se tromper de cible !/Morgan Ody
  • L’Union européenne et son dumping camouflé : jusqu’à quand ?/Jacques Berthelot
  • La baisse des prix agricoles : jeu de dupes !/Morgan Ody
  • La RDC dans l’étau de la mondialisation :regard sur la situation avicole/Jean-Marie Kinkela, Kinshasa
  • « Je vis dans un pays riche, mais qu’a-t-on fait des richesses ? »/Interview de Victor Nzuzi Mbembe
  • Doux/Frangosul au Brésil/Marcos António de Oliveira, Brésil
  • Quand la grippe aviaire frappe l’Afrique/Maurice Oudet, Koudougou
  • « Nous lançons une campagne de deux ans sur le thème de la souveraineté alimentaire »/Interview de Stéphane Desgain
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