Carte d'identité
Secteur | Chimie |
---|---|
Naissance | 1863 |
Siège central | Bruxelles |
Chiffre d'affaires | 4,9 milliards d’euros |
Bénéfice net | 2,1 milliards d’euros |
Production | Produits chimiques, plastiques |
Effectifs | 9.105 personnes |
Site web | http://www.solvay.com/ |
Président | Philippe Kehren |
---|---|
Actionnaires principaux | (juin 2024): Solvac SA (30, 8%), DME Advisors (5, 21%), BNP Paribas Belgium (1, 07%), Solvay SA (0, 82%) |
Marques | Solvay, Rhodia, Cytec |
Comité d'entreprise européen | oui |
Ratios 2023 |
|
---|---|
Marge opérationnelle % | 5,7 |
Taux de profit % | 161, 3 |
Taux de solvabilité % | 151, 8 |
Taux de dividende % | 20, 14 |
Part salariale % | 54, 36 |
Taux de productivité (€) | 168.699 euros |
Fonds roulement net (€) | 5, 2 milliards d’euros |
Observatoire des Comptes
Actionnariat du groupe 2024
Voir les données : Tableau
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Actionnariat et contours
du groupe en Wallonie
Nombre de salariés dans le groupe Solvay en Belgique en 2014 par site (en unités)
Firme | Activité | Site | Emploi |
---|---|---|---|
Solvay Campus | siège | Neder-over-Heembeek | 1000 |
Solvay | siège | Bruxelles | 359 |
Solvay Coord. Int. des crédits commerciaux | siège | Bruxelles | 16 |
Solvay Chemicals International | holding
Holding
Société financière qui possède des participations dans diverses firmes aux activités différentes. (en anglais : holding) |
Bruxelles | 35 |
Solvay Chimie | commercialisation | Bruxelles | 81 |
Solvay Energy | logistique | Bruxelles | 20 |
Solvay | chimie | Jemeppe-sur-Sambre | 500 |
Inovyn | chimie | Jemeppe-sur-Sambre | 222 |
Solvay Specialty Polymers | chimie | Audenarde | 81 |
Carrière Les Petons | calcaire | Walcourt | 31 |
Groupe Solvay | Belgique | 2345 |
Source : BNB, Centrale des bilans, 2014.
Historique
S de Solvay, S de Soude, Soude tirée du Sel de Table : pas étonnant qu’un S perforé d’une flèche pointant vers la terre ait été le tout premier logo de la société Solvay. Les frères Solvay, fondateurs de la société en 1863, bouleversent à ce moment-là l’industrie chimique. Ils inventent et imposent un procédé (qu’ils allaient aussitôt breveter) pour produire, à échelle industrielle, de la soude (carbonate de sodium, pour les chimistes, ou Na2CO3) – matière première pour la production de verre ou de savon - à partir justement de "sel de table" (chlorure de sodium ou NaCl) et de "craie" (carbonate de calcium ou CaCO3) en utilisant de l’ammoniac (NH3). Avec les frères Solvay et leurs descendants, on le voit, on est en plein dans ces formules, et la chimie sera au cœur de l’entreprise multinationale qu’ils vont rapidement développer.
Raf Custers*
Ils ouvrent une première usine à Couillet, près des usines de verre du bassin de Charleroi, qui utilisent des soudes fournies par Solvay. Les décennies suivantes, nous sommes en 1870-1880, Solvay s’implante aux quatre coins du monde, l’Allemagne, la Russie, les États-Unis.
S de (paix) sociale
Solvay, c’est aussi le "S" du patron qui maintient la paix sociale et s’entend avec les socialistes. Partout où elle s’implante, l’entreprise va soigner les ouvriers à sa façon. Elle entoure les usines de services, d’écoles, de dispensaires, de lieux de divertissement. Pour cette raison, les Solvay se font des amis politiques parmi les sociaux-démocrates du Parti ouvrier belge (POB).
En 1900, son président Emile Vandervelde dédicace son livre "Le collectivisme et l’évolution industrielle" à "Mon Ami Ernest Solvay". Est-ce qu’un tel geste se fait récompenser ? Le POB reçoit de toute façon en 1913 la nette somme d’un million de francs belges – "don de Solvay" - pour la création d’une Centrale d’Éducation ouvrière attachée à la Maison du Peuple de Bruxelles.
Pendant la Première Guerre mondiale, le gouvernement belge siège au Havre en France. Deux patrons belges se chargent d’organiser le territoire belge occupé par l’armée allemande : Emile Francqui de la Société Générale de Belgique et Ernest Solvay. Ils constituent le Comité national de Secours et d’Alimentation (CNSA). Des socialistes comme Louis Bertrand y prennent part, ce qui fait du CNSA une préfiguration du gouvernement d’unité nationale formé en 1918 à la fin de la guerre.
En 1918, Louis Bertrand du POB reprend les idées sociales d’Ernest Solvay. Il y a urgence. "La crise sociale dont le monde souffre", écrit Bertrand, "appelle de plus en plus l’attention de tous les esprits clairvoyants, soucieux de l’avenir et de la tranquillité publique. (…) L’occasion nous paraît bonne, en ce moment, pour rappeler, analyser, résumer le système social d’Ernest Solvay". Bertrand cite entre autres la thèse du productivisme social : "Si on veut améliorer les conditions d’existence de tous les hommes, il faut pousser la production à son maximum, seule capable d’engendrer le bien-être généralisé". [1] Pousser la croissance pour engendrer le bien-être, on croirait entendre la banque mondiale s’exprimer.
Ce ‘modèle-S’ s’avèrera par ailleurs très ambigu, car, pour ne donner que cet exemple, lorsque Solvay annonce la fermeture de l’unité de soude de Couillet le 24 mai 1993, le groupe reste immuable devant la revendication de la sécurité de l’emploi réclamée par le comité de grève qui occupe l’usine. La fermeture aura bien lieu et coutera l’emploi à plus de 150 travailleurs. À cette même période, Solvay "dégage du personnel à l’étranger : 310 personnes en Allemagne, 31 en France, 500 en Italie... En Espagne et aux Pays-Bas, on parle aussi de restructuration". [2]
Patrons à l’avant-garde
L’engagement "sociétal" des Solvay, comme pendant la guerre de 1914-18, n’est pas un fait unique dans l’histoire de cette société. Il est dans les gênes des fondateurs et est transmis de génération en génération de dirigeants. Deux parallèles pour l’illustrer.
Quand Solvay ferme Couillet en 1993, Daniel Janssen, le président exécutif du groupe chimique, déclare que "l’Europe n’est plus compétitive par rapport au monde". [3] On peut noter l’utilisation de la même thèse fin 2014, cette fois de la bouche du nouveau CEO français Jean-Pierre Clamadieu, qui selon une citation de Trends-Tendances déclare que "L’industrie chimique européenne souffre d’un désavantage compétitif sur le marché mondial, notamment par rapport à la Chine et aux États-Unis". [4]
Autre parallèle entre passé et présent : Daniel Janssen a été président de l’association patronale, la Fédération des Entreprises belges (FEB) et du CEFIC (Conseil européen des Fédérations de l’Industrie chimique, le lobby de l’industrie chimique européenne), membre de la Commission trilatérale et de la Table ronde des Industriels européens, deux autres lobbies patronaux. Jean-Pierre Clamadieu, qui dirige Solvay depuis 2012 est à son tour président du CEFIC et membre de la Table ronde.
Il est lieu de rappeler ici que Solvay a été une entreprise familiale et fermée aux capitaux extérieurs pendant tout un siècle. Ce n’est qu’en 1967 qu’elle ouvre son capital en entrant en Bourse (pour pouvoir financer des activités nouvelles) et devient "publique". Mais les familles restent l’actionnaire principal via la société Solvac créée en 1983. Daniel Janssen est le dernier représentant des familles fondatrices. Il se retire en 1998 et Aloïs Michielsen lui succède comme PDG : le premier CEO non issu des familles (Christian Jourquin lui succédera en 2006). Ce n’est qu’en 2012, avec l’arrivée de Jean-Pierre Clamadieu, qu’un patron qui n’a pas fait toute sa carrière au sein du groupe prend la tête de Solvay. Clamadieu vient du groupe chimique français Rhodia acheté par Solvay l’année précédente.
Suite de transformations
Depuis la Deuxième Guerre mondiale, le groupe Solvay a vécu plusieurs vagues de transformations. Pendant les années ’50, il se tourne tout d’abord vers les polymères et la pétrochimie. Les années 1960-70 sont marquées par la ‘révolution du plastique’. L’entreprise se rapproche du consommateur. Ses produits les plus connus sont la bouteille en PVC (1963, avec l’entreprise ICI) et le peroxyde (en alliance avec Laporte).
La décennie suivante Solvay doit faire face à plusieurs contretemps : crise du plastique (à cause de la dépendance du pétrole dont le prix ne cesse d’augmenter), pressions environnementalistes, problèmes financiers après l’investissement dans un "vapocraqueur" aux États-Unis. Ces contretemps conduisent le groupe vers un programme dit de ‘réduction des effectifs’ (-10%) et de fermetures d’usines, entre autres celles de Couillet, Jemeppe et Torrelavega.
Solvay s’adapte, en entrant dans le secteur pharmaceutique (à travers l’achat de Philips-Duphar aux Pays-Bas) et se diversifie dans les « sciences de la vie ».
En 1988, lorsque Solvay fête son 125e anniversaire, le chiffre d’affaires est réalisé par ces cinq branches : les plastiques (31,8%), la division alkalis, chlore et dérivés (30,7%), la transformation des plastiques (18,1%), la santé (12%) et les peroxydes (7,4%). Dès lors, la biochimie changera davantage le profil de Solvay.
Daniel Janssen, nous l’avons vu, reste au pont de commandement jusqu’en 1998. C’est lui qui fait traverser les orages des années 1990 par Solvay. La décennie commence pourtant par une bonne nouvelle pour le groupe. En 1991, la Treuhandanstalt instaurée en Allemagne pour privatiser les biens communs de l’ex-Allemagne de l’Est (socialiste) rend à Solvay l’usine de soda de Bernburg. Celle-ci avait été insérée dans l’économie de guerre par l’Allemagne nazie, puis démontée et déplacée en Union soviétique à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, pour finalement être reconstruite en Allemagne de l’Est dans les années 1950. Ce cadeau inattendu n’empêche cependant pas les affaires de se dégrader. En 1993, Janssen lance un nouveau plan de restructuration à l’échelle mondiale. La main-d’œuvre passe de 46.800 salariés en 1992 à 33.000 en 1998.
Matériaux avancés
S de Soude, S de sociaux-démocrates, mais aujourd’hui Solvay s’identifie avant tout à la majuscule S de Solar Impulse, un avion propulsé uniquement par l’énergie solaire. Cette aventure, commencée en 2003, connaît ses véritables exploits plus de dix ans après. En 2015, l’avion réalise un tour du monde, reliant Nagoya au Japon et Hawai en un seul vol (‘de cinq jours et cinq nuits’) grâce à sa construction ultra légère.
Solar Impulse, sponsorisé par Solvay (avec Schindler, ABB et Omega comme co-sponsors) symbolise le passage de Solvay vers les ’matériaux avancés’, couronné en juillet 2015 par l’acquisition de l’entreprise américaine Cytec, faisant de Solvay ‘le 2e [groupe] au monde dans les matériaux composites pour l’aéronautique’.
Solvay s’est remodelé une fois de plus depuis le début du millénaire. En 2001, il a conclu un accord d’échange avec le géant du pétrole BP. Celui-ci reprend les polyoléfines de Solvay et lui cède les polymères spéciaux. Ensuite, Solvay a fait "le plus grand achat de son histoire" (jusque-là), celui d’Ausimont, une filiale de Montedison, elle aussi spécialisée dans les polymères. Ainsi, Solvay réussit à se détourner du secteur du pétrole et rend son activité moins cyclique et moins vulnérable aux variations des prix de cette matière première.
En 2009, note Kenneth Bertrams dans son histoire de l’entreprise, "plus de 60% des bénéfices du groupe sont issus du pilier pharmaceutique". [5] Paradoxalement, en cette même année, Solvay vend Solvay Pharmaceuticals au groupe américain Abbott, le numéro huit du marché pharmaceutique mondial et se tient maintenant sur deux pieds au lieu de trois : les produits chimiques (44%) et plastiques (56%). La somme payée par Abbott (4,5 milliards d’euros) garantit à Solvay des moyens suffisants pour procéder à l’avant-dernière étape dans sa réorientation vers les matériaux avancés.
Elle date de 2011. Solvay achète alors l’entreprise française Rhodia pour 3,4 milliards d’euros via une Offre publique d’achat (OPA) amicale ‘et un montant total de 6,6 milliards si l’on tient compte de la dette de Rhodia’. [6] Rhodia est l’héritier de Rhône-Poulenc. Il joue un rôle de premier plan dans le traitement des Terres rares, ce groupe de minerais fort recherchés pour la fabrication d’aimants permanents et toute une série de machines et de produits de consommation qui en ont besoin : des éoliennes jusqu’aux membranes pour cellules énergétiques.
Malgré cela, Solvay maintient toujours une capacité de production de matières premières brutes dans son portefeuille. Pas par anachronisme, plus pour sécuriser son propre approvisionnement. C’est le cas pour la fluorine (la mine de Tchiprovtsi en Bulgarie), pour le trona (la mine de Greenriver aux États-Unis) et le sel (les gisements souterrains à Gronau-Epe en Allemagne, exploités par SGW dans laquelle Solvay détient une participation de 65%).
Concluons en notant que le groupe Solvay dispose d’un conseil européen d’entreprise depuis 1995. L’accord entre employeur et représentants du personnel qui sous-tend ce conseil a été renouvelé en 2014. [7]
*Chercheur Gresea
Custers, Raf, "Solvay", Gresea, novembre 2015, texte disponible à l’adresse : http://www.mirador-multinationales.be/secteurs/chimie/article/solvay
[1] Bertrand, Louis, Ernest Solvay, réformateur social, Agence Dechenne, Bruxelles, 1918, p.46, cité dans Cottenier Jo, De Boosere Patrick et Gounet Thomas, De Generale 1822-1992, EPO Dossier, Berchem 1989.
[2] Vanesse, Marc, Mourir pour Solvay à Couillet ? Appel à la solidarité européenne des travailleurs, Le Soir, 30 juin 1993.
[3] Vanesse, Marc, o.c.
[4] Le secteur chimique européen est fragilisé par un "désavantage compétitif", Trends Tendances, 20 novembre 2014.
[5] Bertrams, Kenneth, O.c. , p.179.
[6] Un nouveau géant mondial de la chimie est né, Le Figaro, 4 avril 2011. http://www.lefigaro.fr/societes/2011/04/04/04015-20110404ARTFIG00384-un-nouveau-geant-mondial-de-la-chimie-est-ne.php
[7] European Works Council Database, consulté le 14 septembre 2015. http://www.ewcdb.org/show_body.php?body_ID=19
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