Plusieurs agences européennes – l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA), l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), l’Agence européenne en charge de l’autorisation des médicaments (EMA) et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) - ont été rappelées à l’ordre en 2012 par la Cour des comptes européenne pour leur mauvaise gestion des conflits d’intérêts [1].
L’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a également vu la présidente de son conseil d’administration, Diana Banati, démissionner après la révélation de ses liens avec l’ILSI (International life science institute), le lobby
Lobby
Groupement créé dans le but de pouvoir influencer des décisions prises habituellement par les pouvoirs publics au profit d’intérêts particuliers et généralement privés. La plupart des lobbies sont mis en place à l’initiative des grandes firmes et des secteurs industriels.
(en anglais : lobby)
de l’agroalimentaire (Monsanto, Unilever, BASF, Nestlé...) ; lobby dont elle est depuis devenue la directrice exécutive pour la zone Europe.
Comme suite à cela, l’EFSA a revu sa politique sur l’indépendance de ses chercheurs et représentants. Elle a notamment conduit l’EFSA à refuser 85 experts qui postulaient pour la rejoindre et 8 des 10 panels en charge des études scientifiques ont alors été totalement renouvelés.
L’ONG CEO (Corporate Europe Observatory) a récemment publié une étude sur cette nouvelle politique. Les résultats sont sans appel : 122 experts sur 209 (soit 58,37%) ont au moins un conflit d’intérêt. Le panel "produits diététiques, nutrition et allergies" décroche la palme avec 17 de ses 20 membres qui totalisent entre eux 113 conflits d’intérêt. Tous panels confondus, 10 membres ont individuellement plus de 10 conflits d’intérêt et un membre du panel "produits ou substances additifs utilisés dans l’alimentation animale" en cumule 24 à lui seul.
Il faut noter que les experts de l’EFSA ne sont pas rémunérés (à part leurs frais), ce qui ne rend pas très attractive la fonction. D’autre part, selon CEO, les panels ne sont chargés d’analyser que les recherches fournies par les producteurs alimentaires et pas de conduire eux-mêmes leurs propres recherches.
Toujours selon CEO, les règles de l’EFSA ne sont pas suffisamment rigoureuses. Un scientifique lié à l’industrie peut être accepté du moment que son lien n’est pas en rapport avec le sujet de son panel. L’EFSA ne se base par ailleurs que sur les déclarations des scientifiques et sur leurs CV pour déceler les conflits d’intérêts.
Pour rappel, l’EFSA a pour mandat "d’évaluer et communiquer sur l’ensemble des risques liés à la chaîne alimentaire".
Sources : Corporate Europe Observatory (en anglais) : http://corporateeurope.org/efsa/2013/10/unhappy-meal-european-food-safety-authoritys-independence-problem, Euractiv du 24 octobre 2013 : http://www.euractiv.fr/science-policymaking/independance-de-efsa-nouveau-sur-news-531280 et Rue89 du 12 décembre 2012 : http://blogs.rue89.com/de-interet-conflit/2012/10/12/quatre-agences-europeennes-epinglees-pour-conflits-dinterets-228646