Économie circulaire que cette page nouvelle dans les annales du mouvement ouvrier ? Circulaire en quelque sorte puisque l’histoire signe, au terme d’une longue boucle, l’expropriation
Expropriation
Action consistant à changer par la force le titre de propriété d’un actif. C’est habituellement le cas d’un État qui s’approprie d’un bien autrefois dans les mains du privé.
(en anglais : expropriation)
par des travailleurs de leur patron pour reprendre leur propre outil. Un retour aux sources (de la vie et du travail), si on veut. Cela se passe à Marseille et il en a déjà été question sur cet observatoire [1]. Existait en effet là, à Géménos, à proximité de l’antique ville phocéenne, une petite usine portant le joli nom Éléphant, nom de l’infusion dont la production en série a commencé en 1896. Hélas pour elle, elle sera reprise par le géant anglo-néerlandais de l’agro-alimentaire Unilever en 1975, notamment pour y produire sous le nom de Fralib (Française d’Alimentation et de Boissons) les sachets de thé Lipton, et ce qui va suivre est un classique. Jouant site de production contre site de production, désinvestissant ici (l’UE
UE
Ou Union Européenne : Organisation politique régionale issue du traité de Maastricht (Pays-Bas) en février 1992 et entré en vigueur en novembre 1993. Elle repose sur trois piliers : les fondements socio-économiques instituant les Communautés européennes et existant depuis 1957 ; les nouveaux dispositifs relatifs à la politique étrangère et de sécurité commune ; la coopération dans les domaines de la justice et des affaires intérieures. L’Union compte actuellement 27 membres : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas (1957), Danemark, Irlande, Royaume-Uni (1973), Grèce (1981), Espagne, Portugal (1986), Autriche, Finlande, Suède (1995), Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Tchéquie (2004), Bulgarie, Roumanie (2007).
(En anglais : European Union)
française) pour relocaliser là (l’UE polonaise), Unilever va, en 2011, décider de fermer boutique. La lutte des "Fralib", les 182 travailleurs jetés sur le carreau, va défrayer la chronique. Non seulement ils refusent la fatalité (toucher les indemnités et puis aller râler chacun dans son coin), ils refusent tout net la fermeture. Avec occupation de l’usine, appels tous azimuts à la mobilisation sociale et politique. Ce combat-là va durer mille trois cent trente-six jours très exactement : c’est sous ce nouveau nom, "1.336", bientôt estampillé sur les sachets de thé et d’infusion, que la nouvelle structure coopérative va redémarrer grâce notamment aux 20 millions d’euros d’indemnités de licenciement arrachés à Unilever. Réinvestis dans l’outil, on ne saurait rêver plus circulaire. L’une des premières mesures prises par les producteurs associés, raconte La Tribune [2], "a été de fixer un barème de salaires qui oscille entre 1.600 à 1.800 euros nets par mois. « Devenir milliardaire ne fait pas partie de nos rêves », souligne le président délégué de la coopérative, Olivier Leberquier. « Nos objectifs sont de faire vivre cette entreprise et de nourrir nos familles. »"