Donc, nous apprend le Canard enchaîné (5 août 2015), Apple est en train de mettre en place son propre "organe de presse". Sur iPad et iPhone, quoi d’autres ? En reproduisant (vol légalisé) des articles publiés par le New York Times, l’Economist, Time, Vanity Fair, Wired, etc., avec lesquels l’oligopole mégalomane a passé des accords à cet effet. Ce sera, dixit Susan Prescott, bonzesse du marketing Apple, "du beau contenu, tiré des meilleurs sources, personnalisé pour vous". Ah ! du contenu qui sera beau ! et personnalisé encore bien ! Sans rougir, en effet, Apple promet de "trier" l’info reproduite, et de la re-titrer, et de remettre tout cela en forme, grâce à ses propres petites mains. Du cousu-main, info pour les nuls. Parmi les effets pervers : ces contrats prévoient que les organes de presse ne publient pas en couverture, dès lors qu’ils se voient gratifiés d’une belle pub Apple en dernière page, toute info susceptible d’être "traumatisante, trop dramatique", ce afin "de ne pas perturber le produit Apple exposé en quatrième de couverture. Donc cigarettes, sexe, violence, terrorisme sont des sujets interdits." Fin de citation, émanant d’un patron d’une grande régie française. On croit rêver. Par parenthèse, et pour y insister : information est donnée par le Canard enchaîné, une des très rares publications de presse critique (avec Private Eye, le Monde diplomatique, quelques autres, ça se compte sur les doigts d’une main) qui ne donne pas dans la bouillie pour les chats – qui n’en veulent pas, c’est bien connu.