Comment, en tant que simple citoyen, s’attaquer à un État pour lui extorquer des sous ? Être riche, pour commencer, cela aide. Paul Singer est un milliardaire à la tête d’Elliott Capital Managament (basé aux Îles Caïmans), un fonds Fonds (de placement, d’investissement, d’épargne…) : société financière qui récolte l’épargne de ménages pour l’investir ou le placer dans des produits financiers plus ou moins précis, parfois définis à l’avance. Il existe des fonds de pension, des fonds de placement, des fonds de fonds qui sont proposés à tout un chacun. En revanche, les hedge funds (fonds spéculatifs) et les private equity funds sont réservés à une riche clientèle.
(en anglais : fund)
spéculatif de type "vautour" : il rachète des paquets de dette dans le Tiers-monde pour, ensuite, extorquer son dû. Mais être riche ne suffit pas, il faut aussi disposer d’un juge complaisant. Il s’en trouve. Grâce à ces jugements, Singer s’est attaqué à l’Argentine (à qui il réclame quelque 100 milliards de dollars). Il a tenté de faire saisir des biens de l’ambassade argentine à Paris, l’avion présidentiel en maintenance aux USA, un stand de l’Argentine au salon du Livre de Francfort, etc. Sans succès. Il a plus de chance avec la frégate Libertad, un superbe voilier-école des forces navales argentines, voguant le long des côtes africaines. Le 1er octobre 2012, alors que le trois-mâts mouillait au port de Tema, à 25 km de la capitale du Ghana, Singer a obtenu d’un juge complaisant ghanéen la mise sous séquestre du voilier. Il s’y trouve toujours, sans eau ni électricité, coupés par les autorités portuaires. Entre-temps, le 26 octobre 2012, Singer a eu l’oreille d’un autre juge complaisant, officiant à New York et, par son jugement, menaçant l’Argentine de sanctions non autrement précisées. Cela n’a pas impressionné le ministre des Affaires étrangères argentin Héctor Timerman, qui a annoncé le 13 novembre 2012 son intention de saisir, à Hambourg, le Tribunal international du droit de la mer pour rendre sa liberté à la frégate, selon lui couverte par l’immunité attachée aux vaisseaux de guerre. Donc, pour récapituler, voici la méthode facile pour s’en prendre à un État. D’abord, devenir milliardaire. Ensuite, mais là cela va tout seul, trouver un juge complaisant - aux États-Unis ou dans un des maillons faibles du Tiers-monde.

Voir encore : http://www.economist.com/node/21564542