Début avril 2006, le gouvernement vénézuélien prend le contrôle de deux gisements pétroliers exploités par la société pétrolière française Total et par la compagnie italienne Eni. Justifiant cette décision, le ministre de l’énergie du Venezuela, Rafael Ramirez, a déclaré le 3 avril 2004 que le gouvernement avait pris les choses en mains parce que les deux compagnies n’avaient pas respecté la date butoir du 1er avril pour se conformer à la nouvelle législation. Pour le président vénézuélien Hugo Chavez, celle-ci doit aboutir à ce que "les entreprises transnationales deviennent tout simplement nos associées, avec une participation de 40% au maximum, contre 60% pour nous, et nous leur donnerons le bénéfice correspondant à leur pourcentage ». Désormais, il y a donc interdiction pour les compagnies pétrolières privées nationales et internationales de posséder plus de 40% des parts des gisements de pétrole vénézuéliens (5e exportateur mondial, numéro un des Amériques) et la compagnie pétrolière nationale publique, Petroleos de Venezuela S.A. (PDVSA), possédera donc au moins 60% de nouvelles entreprises vénézuéliennes mixtes à créer. Conformément à ces dispositions, diverses compagnies pétrolières avaient été requises de convertir 32 contrats en joint ventures. Sur un total de 2,7 millions de barils produits par jour, 500.000 sont déjà concernés par les modifications de contrats. ExxonMobil s’y est refusé, vendant sa part à la compagnie hispano-argentine Repsoil YPF. Total, pour sa part, a déclaré qu’il ne demandera pas d’indemnisation pour le champ pétrolier perdu. La politique de Chavez, visant à assurer la souveraineté sur les ressources pétrolières de son pays, n’est pas sans rappeler la "résolution sur la souveraineté permanente sur les ressources naturelles" adoptée par l’assemblée générale des Nations Unies le 14 décembre 1962, laquelle dispose en son article premier que "le droit de souveraineté permanente des peuples et des nations sur leurs richesses et leurs ressources naturelles doit s’exercer dans l’intérêt du développement national et du bien-être de la population de l’Etat intéressé.". C’était en pleine période de luttes anticolonialistes. Manifestement, c’est à nouveau d’actualité...
Sources : Financial Times 4/4/06 et 11/4/06, De Morgen 05/04/06.