Les accords de Bretton Woods
Bretton Woods
Ville du New Hampshire près de la côte Est des États-Unis. En juillet 1944, s’est tenue, au Mount Washington Hotel, une conférence internationale pour bâtir un système financier solide pour l’après-guerre. La délégation américaine était menée par Harry Dexter White, la britannique par l’économiste John Maynard Keynes. Ce sommet a reconfiguré le système monétaire international jusqu’en 1971. Selon les accords, toutes les devises étaient échangeables en dollars à taux fixe. Seul le dollar était convertible en or au taux fixe de 35 dollars l’once. Et un organisme est créé pour aider les pays qui ont des problèmes avec leur balance des paiements : le Fonds monétaire international (FMI).
(en anglais : Bretton Woods system)
ratifiés, et le FMI
FMI
Fonds Monétaire International : Institution intergouvernementale, créée en 1944 à la conférence de Bretton Woods et chargée initialement de surveiller l’évolution des comptes extérieurs des pays pour éviter qu’ils ne dévaluent (dans un système de taux de change fixes). Avec le changement de système (taux de change flexibles) et la crise économique, le FMI s’est petit à petit changé en prêteur en dernier ressort des États endettés et en sauveur des réserves des banques centrales. Il a commencé à intervenir essentiellement dans les pays du Tiers-monde pour leur imposer des plans d’ajustement structurel extrêmement sévères, impliquant généralement une dévaluation drastique de la monnaie, une réduction des dépenses publiques notamment dans les domaines de l’enseignement et de la santé, des baisses de salaire et d’allocations en tous genres. Le FMI compte 188 États membres. Mais chaque gouvernement a un droit de vote selon son apport de capital, comme dans une société par actions. Les décisions sont prises à une majorité de 85% et Washington dispose d’une part d’environ 17%, ce qui lui donne de facto un droit de veto. Selon un accord datant de l’après-guerre, le secrétaire général du FMI est automatiquement un Européen.
(En anglais : International Monetary Fund, IMF)
intronisé comme garant de la stabilité du système monétaire international, le système basé sur des taux de changes fixes et la convertibilité du seul dollar en or aura cours de l’après-guerre jusqu’en 1973 et la décision unilatérale des États-Unis d’y mettre fin. Voyons quelle aura été l’action du FMI pendant cette période
1944-1958 : le FMI
FMI
Fonds Monétaire International : Institution intergouvernementale, créée en 1944 à la conférence de Bretton Woods et chargée initialement de surveiller l’évolution des comptes extérieurs des pays pour éviter qu’ils ne dévaluent (dans un système de taux de change fixes). Avec le changement de système (taux de change flexibles) et la crise économique, le FMI s’est petit à petit changé en prêteur en dernier ressort des États endettés et en sauveur des réserves des banques centrales. Il a commencé à intervenir essentiellement dans les pays du Tiers-monde pour leur imposer des plans d’ajustement structurel extrêmement sévères, impliquant généralement une dévaluation drastique de la monnaie, une réduction des dépenses publiques notamment dans les domaines de l’enseignement et de la santé, des baisses de salaire et d’allocations en tous genres. Le FMI compte 188 États membres. Mais chaque gouvernement a un droit de vote selon son apport de capital, comme dans une société par actions. Les décisions sont prises à une majorité de 85% et Washington dispose d’une part d’environ 17%, ce qui lui donne de facto un droit de veto. Selon un accord datant de l’après-guerre, le secrétaire général du FMI est automatiquement un Européen.
(En anglais : International Monetary Fund, IMF)
éclipsé par le plan Marshall
Plan Marshall
Ensemble de dons et de crédits fournis par les États-Unis aux pays européens à partir de 1948 en vue de reconstruire le territoire dévasté par la guerre. Ce programme a été lancé par le secrétaire d’État de l’époque, le général George Marshall, le 5 juin 1947. Washington se donnait le droit de regard sur l’utilisation de ces fonds, ce qui lui permit de favoriser les investissements américains sur le vieux continent, ainsi que l’adoption des produits et habitudes de consommation américains. L’Est européen refusa ses conditions, ce qui coupa alors (et non auparavant) l’Europe en deux. L’aide était gérée à partir de l’Organisation européenne de coopération économique, dont étaient aussi membres les États-Unis et le Canada. Celle-ci deviendra l’OCDE en 1960.
(En anglais : Marshall plan)
Durant les premières années du système de Bretton Woods
Bretton Woods
Ville du New Hampshire près de la côte Est des États-Unis. En juillet 1944, s’est tenue, au Mount Washington Hotel, une conférence internationale pour bâtir un système financier solide pour l’après-guerre. La délégation américaine était menée par Harry Dexter White, la britannique par l’économiste John Maynard Keynes. Ce sommet a reconfiguré le système monétaire international jusqu’en 1971. Selon les accords, toutes les devises étaient échangeables en dollars à taux fixe. Seul le dollar était convertible en or au taux fixe de 35 dollars l’once. Et un organisme est créé pour aider les pays qui ont des problèmes avec leur balance des paiements : le Fonds monétaire international (FMI).
(en anglais : Bretton Woods system)
, le FMI accorde quelques prêts aux pays nécessiteux mais cette période sera principalement consacrée à mettre en place le système pensé à Bretton Woods. Le FMI multiplie les incitations auprès de ses membres pour qu’ils rendent convertibles leurs monnaies et adoptent le système de change fixe. Mais l’autorité du FMI sera d’emblée écornée par plusieurs évènements.
La reconstruction sera en réalité prise en charge par le Plan Marshall, lancé en 1947. Ce plan, composé de prêts à long terme, d’aides militaires et de dons vise plusieurs objectifs : relancer de la consommation européenne pour garantir des débouchés à l’industrie américaine, contrer l’avancée du communisme
Communisme
Système économique et sociétal fondé sur la disparition des classes sociales et sur le partage des biens et des services en fonction des besoins de chacun.
(en anglais : communism)
en Europe, ne pas reproduire les erreurs du traité de Versailles - qui avait fait porter l’essentiel des réparations sur l’Allemagne vaincue [1].
Mais il inclut aussi des contreparties pour les pays en bénéficiant : la mise en place de l’union européenne
Union Européenne
Ou UE : Organisation politique régionale issue du traité de Maastricht (Pays-Bas) en février 1992 et entré en vigueur en novembre 1993. Elle repose sur trois piliers : les fondements socio-économiques instituant les Communautés européennes et existant depuis 1957 ; les nouveaux dispositifs relatifs à la politique étrangère et de sécurité commune ; la coopération dans les domaines de la justice et des affaires intérieures. L’Union compte actuellement 27 membres : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas (1957), Danemark, Irlande, Royaume-Uni (1973), Grèce (1981), Espagne, Portugal (1986), Autriche, Finlande, Suède (1995), Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Tchéquie (2004), Bulgarie, Roumanie (2007).
(En anglais : European Union)
des paiements afin de favoriser les paiements multilatéraux, l’accès aux ressources des empires coloniaux britanniques et français pour la constitution d’un stock
Stock
Sous sa forme économique, c’est l’ensemble des avoirs (moins les dettes) d’un acteur économique à un moment donné (par exemple, le 31 décembre 2007). Ce qui sort ou qui entre durant deux dates est un flux. Le stock dans son sens économique s’oppose donc au flux. Sous son interprétation comptable, le stock est l’ensemble des marchandises achetées qui n’ont pas encore été produites ou dont la fabrication n’a pas été achevée lors de la clôture du bilan ou encore qui ont été réalisées mais pas encore vendues.
(en anglais : stock ou inventory pour la notion comptable).
de produits stratégiques et de matières premières par les États-Unis, la révision des systèmes fiscaux, un droit de regard américain sur l’utilisation de la monnaie
Monnaie
À l’origine une marchandise qui servait d’équivalent universel à l’échange des autres marchandises. Progressivement la monnaie est devenue une représentation de cette marchandise d’origine (or, argent, métaux précieux...) et peut même ne plus y être directement liée comme aujourd’hui. La monnaie se compose des billets de banques et des pièces, appelés monnaie fiduciaire, et de comptes bancaires, intitulés monnaie scripturale. Aux États-Unis et en Europe, les billets et les pièces ne représentent plus que 10% de la monnaie en circulation. Donc 90% de la monnaie est créée par des banques privées à travers les opérations de crédit.
(en anglais : currency)
nationale des pays européens [2]...
Outre le fait que le plan Marshall ait éclipsé le FMI, d’autres évènements affaibliront ou amoindriront le rôle et le prestige politique du Fonds
Fonds
(de placement, d’investissement, d’épargne…) : société financière qui récolte l’épargne de ménages pour l’investir ou le placer dans des produits financiers plus ou moins précis, parfois définis à l’avance. Il existe des fonds de pension, des fonds de placement, des fonds de fonds qui sont proposés à tout un chacun. En revanche, les hedge funds (fonds spéculatifs) et les private equity funds sont réservés à une riche clientèle.
(en anglais : fund)
dès ses premières années d’existence comme les décisions de dévaluer leur monnaies de la France en 1948, de la Grande-Bretagne en 1949 ou encore la décision du Canada de laisser flotter sa monnaie en 1950. Ces décisions, contraires aux statuts du FMI et aux engagements de ses membres lors de sa création, firent d’emblée la démonstration que le Fonds n’était pas capable d’empêcher un pays de poursuivre ses intérêts nationaux.
Durant les premières années, le rôle du FMI se cantonnera donc plutôt à tenter de faire appliquer les règles édictées à Bretton Woods. Jusqu’en 1955, le volume annuel moyen de prêt consentis par le FMI ne dépassera jamais les 100 millions de dollars, un mince somme comparée aux ressources dont dispose le Fonds – 9 milliards de dollars au départ - et aux 13 milliards dépensés dans le cadre du plan Marshall.
Les deux "talons d’Achille" de Bretton Woods Le rôle central du dollar et le système de l’étalon-or impliquaient une rareté relative de cette monnaie afin de pouvoir tenir la parité de 35$ l’once d’or. En même temps, le dollar devait être disponible en abondance pour permettre le développement des échanges internationaux donc de la croissance Croissance Augmentation du produit intérieur brut (PIB) et de la production. (en anglais : growth) . Le dollar devait donc être à la fois rare et abondant. Dans cette situation, la stabilité du système économique et monétaire était soumise à l’équilibre de la balance des paiements Balance des paiements Relevé des entrées et des sorties d’argent d’un pays durant une période déterminée (généralement un an). La balance des paiements se compose de la balance courante (balance commerciale, des services et des intérêts, dividendes, loyers, etc.) et de la balance en capital. Le solde est ce qui entre ou qui sort comme réserves dans les caisses de la banque centrale. Lorsque celles-ci sont vides, le pays est virtuellement en faillite ; il doit dévaluer (souvent fortement) sa propre monnaie. (en anglais : balance of payments). américaine. C’est ce que l’on nomme le "dilemme de Triffin". La seconde faiblesse du système peut être illustrée par la "loi de Gresham". Dans le système où le FMI s’assure d’aider les pays connaissant des problèmes de changes en leur octroyant des crédits, ces derniers demandent des monnaies fortes (dollars) contres des monnaies faibles (monnaies nationales). Cela aboutit à une situation dans laquelle la demande en monnaie forte est forcément supérieure à celle en monnaie faible, une situation de permanent déséquilibre. |
1958-1973 : vers la fin de Bretton Woods [3]
A partir de 1958, la plupart des États européens ont décidé de rendre leurs monnaies convertibles. Le régime de Bretton Woods fonctionne alors comme prévu en 1944 : les taux de changes sont stabilisés et les échanges entre différentes monnaies sont désormais possibles.
Mais dès la fin des années 50, les premiers déficits de la balance des paiements américaine apparaissent (du fait du recul relatif de la compétitivité des États-Unis et des sorties nettes de capitaux, au profit du Japon et de l’Europe notamment, devenus "plus compétitifs" et proposant des rendements plus élevés des investissements à l’étranger). La confiance dans le dollar risque de se ternir et la probabilité que les dollars qui sortent des États-Unis soient convertis en or augmente. Ceci fait encourir le risque d’une baisse massive des stocks d’or et augmente celui d’attaques spéculatives contre la monnaie américaine. La création du "pool de l’or" [4] en 1961 fut une tentative de maintenir le système basé sur l’or.
A partir de 1964, le montant des avoirs en dollars détenus hors des États-Unis par les banques centrales des différents pays – les eurodollars - deviennent supérieurs au stock d’or en possession de la réserve fédérale américaine livrant les États–Unis à des attaques spéculatives.
En aout 1971, Nixon suspend la convertibilité illimitée du dollar en or auprès des autorités monétaires américaine et marque ainsi la fin du Gold Exchange Standard. Le dollar est dévalué. Mais cette nouvelle parité devient impossible à tenir du fait : du développement du marché
Marché
Lieu parfois fictif où se rencontrent une offre (pour vendre) et une demande (pour acheter) pour un bien, un service, un actif, un titre, une monnaie, etc. ; un marché financier porte sur l’achat et la vente de titres ou d’actifs financiers.
(en anglais : market)
des eurodollars [5](les dollars détenus hors des États-Unis) et de l’état du stock d’or américain (28% des réserves mondiales en 1971 contre 75% en 1944).
La déréglementation
Déréglementation
Action gouvernementale consistant à supprimer des législations réglementaires, permettant aux pouvoirs publics d’exercer un contrôle, une surveillance des activités d’un secteur, d’un segment, voire de toute une économie.
(en anglais : deregulation).
financière qui permettait la liberté de circulation des capitaux dans un contexte de surliquidité et de change fixe encourageait également les mouvements spéculatifs, les agents économiques pouvant prévoir les actions des autorités monétaires qui iraient toujours dans les sens d’un maintien de la parité.
En 1973, une nouvelle crise monétaire éclate au mois de janvier suivie d’une nouvelle dévaluation
Dévaluation
Baisse du taux de change d’une devise par rapport aux autres devises. En général, une dévaluation se passe en système de change fixe, parce que la réduction a lieu par rapport à la devise clé.
(en anglais : devaluation).
du dollar marquant la fin du système de Bretton Woods et l’abandon définitif du système de change fixe.
Naissance du FMI : renforcement de la coopération internationale ou de l’hégémonie américaine
La naissance du FMI peut donner lieu à plusieurs lectures. Tout d’abord, il s’agit d’une des premières tentatives de mettre sur pied une coopération monétaire au niveau international et de penser des mécanismes de résolution des crises récurrentes du système économique capitaliste. Ceci semble plutôt marquer un progrès surtout après les deux guerres mondiales de la première moitié du XXe siècle. Le système de l’étalon-or avait déjà eu cours à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle mais ne reposait pas vraiment sur l’idée coopération [6], plutôt sur le "laissez-faire".
D’un autre côté, le système de Bretton Woods aura largement été pensé et influencé par les Etats-Unis qui ont imposé à la fois le système de change fixe basé sur leur monnaie, renforçant ainsi leur position au niveau international tout en accordant un pouvoir et des moyens assez limités au FMI, à l’inverse de la vision de Keynes.
Le rôle pour le FMI de stabilisateur du système monétaire poursuivait – et c’est toujours le cas - l’objectif du libre-échange et de développement débridé du commerce. Cela correspond tout à fait à la philosophie dominante qui présuppose que le libre commerce sans entraves ni interventions publiques, comme l’affirment les théories classiques du commerce international, est finalement bénéfique au plus grand nombre.
Une autre interprétation repose dans l’observation du renforcement du libre-échange dans un contexte marqué par l’hégémonie américaine (le PIB
PIB
Produit intérieur brut : richesse marchande créée durant une période déterminée (souvent un an) sur un territoire précisé (généralement un pays ; mais, en additionnant le PIB de tous les pays, on obtient le PIB mondial).
(en anglais : Gross Domestic Product ou GDP)
américain représentait à peu près la moitié du PIB mondial en 1945 !). Le libre-échange renforçait d’autant plus l’influence américaine dans ces conditions. La "loi du marché" n’étant en fait rien d’autre que la loi du plus fort...
Un FMI relativement en retrait pendant la période du système de Bretton Woods
Pour revenir sur les actions à proprement parler du FMI, son rôle principal durant la période 1945-1973 aura été de mettre en place l’architecture financière telle que pensée dans les accords de Bretton Woods (convertibilité des monnaies et respect du système de change fixe). Le montant des prêts accordés pour aider des pays connaissant des problèmes de change ou des difficultés à équilibrer leur balance des paiements restera très limité jusque dans les années 60.
Le plan Marshall et l’aide américaine aux pays européens éclipseront largement le FMI sur ce point. Le FMI jouera son rôle d’assistance aux pays en difficultés mais dans des proportions qui demeureront limitées (voir graphique) et ne parviendra pas toujours à faire respecter ses règles aux pays industrialisés. Le FMI ne disposait de toute façon pas des sommes suffisantes pour remplacer le plan Marshall et faire face aux problèmes économiques de l’après-guerre et de la reconstruction.
Le premier accord de confirmation [7] sera accordé à la Belgique à partir de 1952 ; un prêt de 50 millions de dollars pour aider le pays à consolider ses réserves de change. Le Royaume-Uni, à la suite de la crise de Suez, fera marcher son droit de tirage ainsi que lors des crises de la livre sterling des années 60. Le FMI interviendra encore pour contrer les attaques spéculatives sur l’or dans les années 60 ou pour aider la France en 1958 et 1969 à soutenir sa parité (voir graphique).
Tiré de Boughton, La crise de Suez a-t-elle été la première crise du XXIe siècle ? in FMI, Finance et développement, volume38, numéro 3, septembre 2001
Le Fonds interviendra ensuite, comme l’illustre dans le graphique ci-dessus, dans les années 1970 suite au choc pétroliers pour assister les pays en difficultés, puis lors des crises de la dette dans les années 1980 et 1990 ainsi que lors des crises financières de la fin du XXe siècle (Asie, Russie...) [8].
En 1973, avec la fin du système de Bretton Woods, l’objectif initial du FMI de maintien et de respect du système de change fixe disparait et le système international se retrouve sans règles fixes.