Fin août 2007, 60 employées de la société de nettoyage General Office Maintenance (GOM) ont mené une grève devant l’usine sidérurgiste d’Arcelor (ex-Sidmar) à Gand. Des femmes d’ouvrage qui font grève devant une usine sidérurgiste peut paraître paradoxal. Pas tellement. En effet, ces 60 travailleuses sont responsables de l’entretien du site gantois et le sidérurgiste entend réduire, en accord avec son plan d’économie ″Formule 1″, de 30% son budget d’entretien. En d’autres termes, il s’agit pour Arcelor Mittal de réduire les heures de travail – mais non le volume ! – du personnel de GOM (lire : en réduire le coût). Cet exemple est éclairant sur la situation du secteur du nettoyage en Belgique. Savoir qu’il constitue le deuxième sous-secteur en importance (après les agences d’intérim) dans la catégorie ″services fournis aux entreprises″. En fait, depuis plusieurs années, ce secteur s’est développé – le taux de pénétration du marché était de 59% en 2002 – grâce au recours massif à la sous-traitance
Sous-traitance
Segment amont de la filière de la production qui livre systématiquement à une même compagnie donneuse d’ordre et soumise à cette dernière en matière de détermination des prix, de la quantité et de la qualité fournie, ainsi que des délais de livraison.
(en anglais : subcontracting)
par les grandes entreprises. Ce procédé permet à Arcelor Mittal de disposer d’une main d’œuvre flexible à souhait sans avoir aucune responsabilité à l’égard des travailleurs "externalisés". Transfert des responsabilités, transfert des risques, c’est le sous-traitant qui est responsable de et pour ses travailleurs quel que soit leur lieu de travail. Dans cette affaire cependant, le géant de l’acier est tombé sur un os : la solidarité entre les travailleurs ! En effet, les ouvriers de l’usine ont soutenu en masse l’action des travailleuses grévistes. Plus de 3.000 travailleurs du site gantois ont ainsi signé une pétition en faveur des travailleuses de GOM. Résultat : après 3 semaines de grève, elles ont finalement obtenu 170 heures (payées) de plus de la part d’Arcelor Mittal pour accomplir leur pénible travail. La solidarité ? Cela ne sous-traite pas toujours.
Sources : 6Com des 24 août et 11 septembre 2007, http://www.6com.be/4/actu_une.cfm.
(Voir aussi L. Munard Suard et G. Lebeer, "Nature et contenus de la relation de sous-traitance dans le secteur du nettoyage" http://www.ulb.ac.be/socio/tef/revues/TEF%206-2.pdf