Fatalité que la disparition du livre, d’une certaine (haute) idée de la culture ? Amazon fait tout pour. Au départ marchand de livres usagés, son ambition est de devenir l’éditeur n°1 mondial, tout à son goût, des best-sellers médiocres, bref refaire le coup de la "tomate de merde". L’Appel des 451, un parmi d’autres dirait Ken Loach, invite à la résistance.

La librairie Libris, Galeries Louise à Bruxelles, fermera définitivement ses portes en août 2015. Un bref article de presse en tirera le portrait sur le mode de la nécrologie distraite : après quarante années d’existence, triste nouvelle pour les amoureux du livre et patati. À peu près au même moment, en ce mois de juin 2014, à Bruxelles encore, le bruit court qu’une sorte de souscription humanitaire a été lancée pour sauver la librairie La Licorne, une petite maison indépendante tenue à bout de bras par ses deux fondateurs, qu’on sent épuisés et démoralisés – on ajouterait volontiers : et patata. Pour couronner le tout, faire triptyque, ce même mois est celui de la faillite des éditions Aden.

Le trait commun qui unit ces faits divers est leur nature économique. Pour Libris, c’est évident. L’argument massue, raconte l’articulet de presse [La Libre, 19 juin 2014] tient en une addition sur un coin de table : loyer écrasant, salaires devenus ingérables et, recul des ventes en découlant, concurrence impitoyable des diffuseurs en ligne, dont Amazon incarne le rouleau compresseur. Évident ? Disons plutôt : du journalisme paresseux. Ouvrons une parenthèse.

 Par parenthèse, le blabla médiatique

Le lecteur qui aura lu ces explications sera, une fois encore, amené à penser que la fermeture d’une entreprise, ici une librairie, est due à une rentabilité insuffisante, salaires trop élevés, etc. C’est ainsi, en effet, que le pédégé de Libris, Nicolas Lebeau, justifie la chose, et le journaliste de recopier les yeux fermés. Dans les comptes de Livris (consultables sur le site de la Banque nationale), il aurait en effet aurait appris que la librairie fait en réalité partie du conglomérat Conglomérat Société constituée en groupe vaste possédant des départements et des divisions dans plusieurs secteurs d’activités différents.
(en anglais : conglomerate)
français Actissia (ex-groupe Bertelsmann, entre-temps passé entre les mains du fonds Fonds (de placement, d’investissement, d’épargne…) : société financière qui récolte l’épargne de ménages pour l’investir ou le placer dans des produits financiers plus ou moins précis, parfois définis à l’avance. Il existe des fonds de pension, des fonds de placement, des fonds de fonds qui sont proposés à tout un chacun. En revanche, les hedge funds (fonds spéculatifs) et les private equity funds sont réservés à une riche clientèle.
(en anglais : fund)
spéculatif états-uniens Najafi Companies), que ce dernier a déboursé 1,8 millions d’euros en 2012 pour acquérir le "fonds de commerce" de Libris, qu’en date du 31 décembre de cette année le rapport de gestion du sieur Lebeau (gérant) esquissait pour Libris un programme de développement prometteur (fidélisation de la clientèle, actions de marketing en vue d’augmenter la fréquentation de la librairie) et puis que, seulement douze mois plus tard, au rapport de gestion suivant, patatras, on arrête tout, on parle de "plan de sauvegarde" et on ferme la librairie. D’évidence – bis –, il y a quelque chose qui cloche. Libris ? Un pion sacrifié par un fonds spéculatif. La messe est dite.

 Résister ? Pourquoi non...

La librairie, le livre, l’édition affrontent donc une guerre économique. Et, pour le souligner d’emblée, un champ de bataille où chacune et chacun peut relever le gant, refuser la fatalité de l’économiquement correct et poser des actes positifs (un autre monde est possible, ici et maintenant) : en achetant régulièrement un livre, en boycottant Amazon et ses filiales, en le faisant savoir par tous les moyens possibles, en prenant pour habitude de visiter le libraire et le marchand de journaux, en lui en prenant un quotidiennement, voilà qui est concret. On regrettera juste, sans doute, sans s’en étonner, que l’affaire fasse si peu débat. Présidents de parti, chefs d’État et tribuns costumés de toutes obédiences ont tous leur mot à dire sur la sécurité sociale, le produit intérieur brut Produit intérieur brut Ou PIB : Richesse marchande créée durant une période déterminée (souvent un an) sur un territoire précisé (généralement un pays ; mais, en additionnant le PIB de tous les pays, on obtient le PIB mondial).
(en anglais : Gross Domestic Product ou GDP)
, les immigrés, l’état des routes, les volutes de tabac, l’équipe nationale de foot, mais rien ou presque sur la culture pour s’inquiéter de la voir moribonde. Pourquoi diable se taisent-ils ? Joli sujet de thèse.

Acheter tantôt un livre, tantôt un journal. Les nouvelles ne sont guère plus réjouissantes de ce côté-là. 2014 signera également la mort des Lettres françaises, fondées en 1942, dirigées entre 1953 et 1972 par Louis Aragon, qu’on trouvait encartées dans L’Humanité chaque premier jeudi du mois : il n’existera plus désormais, perdant toute âme, que sous forme de produit "téléchargeable", imprimé à la demande (coûts externalisés), chacun pour soi, rideau sur une scène vide. Il en ira de même, en début d’année, avec l’hebdomadaire Solidaire, dernier organe de presse offrant au lecteur belge francophone une information socioéconomique de gauche : sur les étals du marchand de journaux, près d’un million de gens dont le cœur penche à gauche, soit les quelque 787.000 électeurs du parti socialiste et les près de 133.000 de la "gauche de la gauche" [élections à la Chambre, 25 mai 2014] n’ont plus, pour s’informer, que des médias de droite. [1]

Organe du Parti du Travail de Belgique, Solidaire gagnerait en audience, à l’entendre, selon un calcul demeuré obscur, aux travers du tam-tam des canaux électroniques, ce qui reste à voir. La décision laisse en tout état de cause tout un peuple orphelin – et marque la fin du lien séculaire tissé dans le concret d’un journal qui donne vie à la volonté collective de transformer le monde. Il est remplacé par rien. C’est peu.

À ne pas en douter, ce calcul était, pour une part, économique. Publier un hebdomadaire coûte cher. À l’autre bout de la chaîne, chez l’acheteur, idem, la culture coûte. Dans le petit ouvrage publié par Vincent Chabault à la Documentation française ("Vers la fin des librairies ?", 2014), l’observation vaut son pesant d’or. Notant que, en France, on assiste à un recul de 2 à 3% des ventes de livres depuis 2010, l’auteur poursuit en soulignant que "cette contraction du marché Marché Lieu parfois fictif où se rencontrent une offre (pour vendre) et une demande (pour acheter) pour un bien, un service, un actif, un titre, une monnaie, etc. ; un marché financier porte sur l’achat et la vente de titres ou d’actifs financiers.
(en anglais : market)
s’explique par la diminution du pouvoir d’achat des Français.
" Voilà qui est assez rare pour être mesuré à sa juste valeur. La culture devient un luxe lorsqu’on paupérise. C’est un combat sur deux fronts.

Le vieux continent européen est sans doute mieux placé pour résister. Les chiffres de progression de la lecture électronique sur liseuse sont parlants : entre 20 et 25% du chiffre d’affaires Chiffre d’affaires Montant total des ventes d’une firme sur les opérations concernant principalement les activités centrales de celle-ci (donc hors vente immobilière et financière pour des entreprises qui n’opèrent pas traditionnellement sur ces marchés).
(en anglais : revenues ou net sales)
total du livre aux États-Unis contre environ 1% en France [Les Échos, 25 mars 2014]. Ce qui ne doit pas étonner. Les États-Unis sont le quartier général où s’opère la conquête mondiale des esprits par les oligopoles des télécommunications (Apple, Amazon, Microsoft, Google, etc.) et le peuple, séduit, y est culturellement arriéré. On pense par exemple au compositeur Schönberg qui, fuyant les nazis, contraint à l’exil en Californie, "maudissait Hitler qui l’avait obligé à se réfugier dans ce pays inculte" [rapporté par Jean-Michel Palmien dans sa préface au Journal du docteur Faustus de Thomas Mann, éd. Christian Bourgois, 1994]. Là-bas, l’affaire semble sans issue. [2]

Ce n’est guère plus reluisant de ce côté. À preuve, la pitoyable tentative en France pour protéger les librairies indépendantes contre la concurrence "déloyale" (terme consacré) d’Amazon en interdisant au géant de la vente en ligne (deux tiers de ce marché en France) d’offrir à sa clientèle la gratuité des frais d’envoi : à peine votée, fin juin 2014, la loi sera illico contournée par un pied de nez aussi prévisible que ricanant, tout envoi étant désormais facturé 1 centime [Les Échos des 27 juin et 11 juillet 2014]. Ce dispositif que les mêmes sources disaient avoir alarmé la Commission européenne (jugeant la mesure "disproportionnée" jusqu’à menacer la France de "sanctions") n’aura donc été au final, aux dires du ministère de la Culture, qu’une loi "avant tout symbolique". Il est des symboles qui servent d’anesthésiant. Amazon ? Intouchable. (Y compris par ses actionnaires, ouvrons une nouvelle parenthèse.)

 La parenthèse Amazon, "magie sauvage" du capitalisme Capitalisme Système économique et sociétal fondé sur la possession des entreprises, des bureaux et des usines par des détenteurs de capitaux auxquels des salariés, ne possédant pas les moyens de subsistance, doivent vendre leur force de travail contre un salaire.
(en anglais : capitalism)

Amazon, notait le journal financier Les Échos [11 juillet 2014] pour situer les choses en France, "détient peu ou prou deux tiers du marché du livre en ligne et profite de ses moyens financiers immenses pour asphyxier ses adversaires avec un catalogue gigantesque et une logistique impeccable." Cela résume bien. Dans un dossier sur le géant états-unien, l’hebdomadaire financier londonien The Economist [21 juin 2014], se faisait pour sa part presque lyrique. Amazon lit-on ici, serait l’expression de "la magie sauvage du capitalisme" : la société tue certes les petites librairies mais, poursuit le magazine, ne se distingue guère des multinationales de la grande distribution comme Tesco et Walmart qui ont tué les petits magasins de quartier. Raison du succès des uns et des autres : ils ont ouvert "la voie à des achats moins chers et plus commodes". Amazon, c’est par un simple "clic" que, presque instantanément, le livre convoité atterrit dans la boîte à lettres. Séduisant, très moderne.

Certes, note le magazine, ce modèle conquérant repose sur un choix consistant à fonctionner avec des "marges nulles voire négatives" (profits à quasi zéro) et voilà "qui ne saurait continuer indéfiniment. La crainte est qu’Amazon attende juste que ses concurrents disparaissent pour augmenter ses prix." C’est d’évidence une raison majeure pour boycotter Amazon avant qu’il ne soit trop tard et qu’il puisse, seul, dicter ses conditions sur le marché, tant en matière de prix que d’édition grâce à un contrôle absolu sur toute la chaîne de production, en décidant qui sera édité (par ses propres soins), comment et à quel prix. Quelques chiffres avant d’enfoncer le clou.
Ils témoignent de son gigantisme. Son patron, Jef Bezos, est célébré comme le symbole de la réussite sociale made in USA, parti de rien pour trôner aujourd’hui, avec un matelas de 32,8 milliards de dollars, au 18e rang des fortunes mondiales (derrière Bill Gates de Microsoft, n°1 avec quelque 85 milliards de dollars, derrière Mark Zuckerberg de Facebook, mais si peu, n°16 avec environ 33 milliards, rappelle The Times [26 juillet 2014], tous deux également dans l’e-business, domaine où l’Europe se signale par une impuissance révélatrice). Les revenus de son département "médias" (livres etc.), note le Financial Times [21 juillet 2014], ne représentent plus que 22 milliards au cours des douze derniers mois (croissance Croissance Augmentation du produit intérieur brut (PIB) et de la production.
(en anglais : growth)
annuelle de 8%), contre 52 milliards pour le commerce dit "général" (croissance annuelle de 27%) et quelque 4 milliards au prometteur mais obscur département "autres", dont les services de publicité (croissance annuelle de 57%). Le déclin du livre explique cela pour partie, ses ventes chutant de 1% l’an aux États-Unis et, en Europe, affichant un cardiogramme plat : "Amazon a jusqu’ici réussi en augmentant ses parts de marché mais se heurtera peu à peu aux limites de ce dernier." Valeur à la Bourse Bourse Lieu institutionnel (originellement un café) où se réalisent des échanges de biens, de titres ou d’actifs standardisés. La Bourse de commerce traite les marchandises. La Bourse des valeurs s’occupe des titres d’entreprises (actions, obligations...).
(en anglais : Commodity Market pour la Bourse commerciale, Stock Exchange pour la Bourse des valeurs)
 : quelque 154 milliards de dollars selon The Economist, déjà cité, sa puissance de feu résidant dans ses 96 entrepôts gigantesques où s’échinent une masse corvéable sous-payée. Ils sont quelque 50.000 aux quatre coins du monde, à peine mieux considérés que des "poulets de batterie" pour reprendre l’expression du journaliste Jean-Baptiste Malet à la suite d’un reportage en immersion dans l’entrepôt de Montélimar [Le Midi Libre en ligne, 18 juillet 2013].

Ce capitalisme à la magie sauvage n’est pas seulement asocial dans son objet, il l’est aussi dans l’illusion séduisante (achats faciles et commodes) dont s’entoure son commerce qui n’est pas de vendre des livres mais de livrer à leurs égards une guerre d’extermination. Jeff Bezos, le patron d’Amazon, a été très explicite à ce sujet. Pour lui, le livre en papier, "analogue" (sic) dans son jargon, est voué à disparaître. Et il s’y emploie activement. La pièce maîtresse dans cette stratégie est la tablette Kindle, souligne Steve Coll dans sa recension du livre que Brad Stone a consacré, sous le titre The Everything Store ("Amazon, la boutique à tout vendre", Hachette), à l’empire Amazon [The New York Review of Books, 10 juillet 2014]. En lançant sa tablette, en 2007, Bezos l’a aussitôt assortie d’un piège diabolique dans lequel le monde de l’édition se voyait invité à faire hara-kiri. La tablette, disait-il, allait offrir des versions numériques de livres nouveaux au prix unitaire de 9,99 dollars – soit bien en dessous du prix moyen du livre traditionnel. Tels étaient les termes du marché de dupes. Soit les éditeurs traditionnels s’empressaient de "numériser" leur production pour être agréables à Amazon (et progressivement passer sous sa coupe), soit ils relevaient le gant pour refuser en bloc. C’est, comme on sait, la première voie, suicidaire, qui a été choisie – avec la complicité souvent, ce n’est pas un hasard, des pouvoirs publics : les subsides pour la "numérisation" de l’édition fleurissent de toutes parts...

 Alors, c’est foutu ?

Le tableau peut paraître pour le moins déprimant. Où qu’on regarde d’ailleurs, plus de trente années de démantèlement social et culturel ont le don de faire considérer l’échec comme l’issue fatale à toute velléité d’opposition. Dans le domaine de l’écrit, joliment nommé graphosphère par Régis Debray, l’emploi dans la presse a baissé de 44% entre 2001 et 2011 aux États-Unis, et la diffusion des quotidiens de 25% sur la même période en Grande-Bretagne [TLS n°5777-78 du 20 décembre 2013], ce qui n’incline guère à l’optimisme. Il y a lieu cependant de relativiser un peu. Le percée de la lecture électronique, on l’a dit, paraît nettement plus maigrichonne en France, comparé aux USA, et ce malgré tous les efforts commerciaux pour "booster" la marchandise Marchandise Tout bien ou service qui peut être acheté et vendu (sur un marché).
(en anglais : commodity ou good)
, dont le recrutement de courtiers ès best-seller pour en anoblir le marketing tel Michel Serres (le plus connu, son Petit Poucette, 2012, un empilement de platitudes). Et, puis, résistance organisée, il y a.

On ne citera ici que l’Appel des 451, lancé en France par un collectif œuvrant dans le monde de l’édition, un jeudi de septembre 2012, mais d’ores et déjà en liaison avec des initiatives similaires en Italie et en Espagne. Pour expliquer son geste, le collectif a produit une petite brochure [3] dont le propos vaut d’être résumé, tant il va au cœur du problème. D’abord parce qu’elle redonne à l’économie son primat : le livre est avant toute chose une marchandise et, comme telle, à l’instar de l’agriculture auparavant, soumis à un procès "de massification, de baisse de la qualité, d’aristocratie du goût et de monopolisation". Si on oublie cela, on n’y comprendra rien. D’où les phénomènes de surproduction Surproduction Situation où la production excède la consommation ou encore où les capacités de production dépassent largement ce qui peut être acheté par les consommateurs ou clients (on parle alors aussi de surcapacités).
(en anglais : overproduction)
et de saturation, d’où Amazon, etc. Et ensuite parce qu’elle élargit la critique à l’acculturation générale dont Internet est le véhicule et dont le livre transformé en "fichier numérique" (le Collectif lui refuse à juste titre l’appellation de livre, précédé ou non d’un petit "e") n’est qu’un succédané : la toile, la numérisation de nos vies, la connexion du matin au soir, tout "ça va trop vite, c’est trop grand" – et, curieusement, sans faire débat, sans qu’il y ait même eu une décision politique démocratique venant légitimer que nous nous engagions tous dans cette voie. Là encore, bis repetitia, primat de l’économie. Apple, Microsoft, Amazon dictent l’ordre de marche, les États font office d’auxiliaires.
Idem pour le livre. Dont le sort serait donc de finir sous la forme d’une tomate de merde ? Là, c’est emprunté à la brochure qui rapporte cette anecdote goûteuse. C’est qu’un paysan rencontré par le collectif lui avait résumé la question agricole en disant ceci : "Avant il y avait la tomate. Puis, ils ont fabriqué la tomate de merde. Et au lieu d’appeler la tomate de merde « tomate de merde », ils l’ont appelé « tomate » ; tandis que la tomate, celle qui avait un goût de tomate et qui était cultivée en tant que telle, est devenue « tomate bio ». À partir de là, c’était foutu." Ce qui menace, via Amazon en premier, en d’autres termes, est le livre de merde.

Terminons, pour "positiver" un peu, sur une note guillerette. Elle est fournie par Ken Loach, le réalisateur ciné dont la combativité lucide et joyeuse vaut modèle à imiter. Interviewé par Fernand Denis qui s’inquiète du recul des syndicats et de la solidarité [La Libre du 27 août 2014], Loach réfute. Ce n’est absolument pas le cas : "Regardez toutes ces petites mobilisations locales qui se créent pour empêcher la délocalisation Délocalisation Transfert de production vers un autre pays. Certains distinguent la délocalisation au sens strict qui consiste à déplacer des usines ailleurs pour approvisionner l’ancien marché de consommation situé dans la contrée d’origine et la délocalisation au sens large qui généralise ce déplacement à tout transfert de production.
(en anglais : offshoring).
d’un hôpital, la fermeture d’une librairie ou la suppression du guichet de vente de tickets au nom de l’automatisation." C’est, poursuit-il, certes "au départ toujours une décision individuelle" mais elle cadre "dans une lutte contre l’individualisme". Rien à redire.
Sinon que : la librairie, l’usine délocalisé, le guichet automatisé, même cause, même combat.

 


Pour citer cet article :

Erik Rydberg, "La guerre économique contre le livre", Gresea, septembre 2014, texte disponible à l’adresse : https://gresea.be/divers/a-la-une/article/la-guerre-economique-contre-le-livre


Notes

[1Qui débitent sans surprise tous un même point de vue sur les sujets de l’heure. Faut-il s’étonner que l’affaire se solde par un recul des ventes dans la presse payante et que, de plus en plus, la recherche d’information s’effectue du côté des médias parallèles circulant sur Internet ? À preuve, ce commentaire désabusé d’un dirigeant syndical : "J’ai cessé d’acheter un journal. L’information, je la trouve ailleurs."

[2On jugera symptomatique le cas de cette ville du Texas, Laredo, comptant quelque 225.000 habitants, devenue en 2012 la plus grande ville des États-Unis ne disposant pas d’une seule librairie, la plus proche étant à 150 kilomètres [Financial Times, 14 avril 2012].

[3Téléchargeable à l’adresse URL http://les451.noblogs.org/ .