Le secteur aéronautique du vieux continent va-t-il connaître le même sort que ses industries textiles et automobiles ? Condamné à la délocalisation pour rester compétitif. Les dernières déclarations de Louis Gallois, président exécutif d’EADS, maison mère d’Airbus, le laisse à penser. Néanmoins, la cause est dans ce cas apparemment différente. Si une grande partie des fleurons de l’industrie européenne sont partis vers des cieux où les salaires sont moindres, EADS explique la nécessité de délocaliser une partie de la production d’Airbus par la faiblesse actuelle du dollar. Le problème est donc double, monétaire et géographique. Monétaire d’abord, avec un euro qui flirte avec la barre du 1,5 dollar, Airbus perd de l’argent car, géographiquement ensuite, l’avionneur produit majoritairement en Europe (76% des coûts de production sont libellés en euros) mais vend surtout en dollars (seulement 39 % du carnet de commande en Europe). Résultat : l’année 2007 est une année record pour Airbus en terme de commandes mais désastreuse (dixit Rudiger Grube, le Président du conseil d’administration du groupe) en termes financiers. Voici donc venu le temps de l’externalisation Externalisation Politique d’une firme consistant à sortir de son ou de ses unités de production traditionnelles des ateliers ou départements spécifiques. Cela peut se passer par filialisation ou par vente de ce segment à une autre entreprise.
(en anglais : outsourcing)
pour cause de taux de change défavorable. Recadrons. Certes, la faiblesse du dollar joue aujourd’hui en défaveur d’Airbus. Cependant, en évoquant un problème exogène et conjoncturel pour justifier la réorganisation de la production, les patrons d’EADS s’engagent (encore une fois !) dans une stratégie à très court terme. En effet, Airbus veut investir massivement pour délocaliser sa production alors que le dollar risque de remonter à tout moment. De plus, ce discours ne devrait pas masquer les responsabilités de certains dirigeants d’EADS dans les déboires que connaît depuis quelque temps l’avionneur européen : problème de gouvernance et erreurs stratégiques à la chaîne. En fin de compte, l’évocation du taux de change pour justifier la délocalisation ne serait-elle pas un moyen de mettre l’Etat français et surtout les travailleurs européens devant le fait accompli d’une délocalisation des plus ″traditionnelles″ ?

Sources : Libération du 8 décembre, Les Echos du 10 décembre et Le Monde du 11 décembre 2007.