L’économie mondiale pilotée par les transnationales suit de plus en plus d’étranges voies. Quel rapport entre le géant des équipements de chantier Caterpillar (USA), un projet minier à Roy Hill (Australie) et la consommation de minerais de fer en Asie ? Voici. Le premier voit ses ventes en chute libre (-10% au cours des trois derniers mois), malgré les coupes claires dans son personnel (dont 1.400 à Gosselies, Belgique). C’est la raison pour laquelle il pèse de tout son poids sur le gouvernement états-unien afin qu’il accorde un soutien (une aide à l’exportation) de 650 millions de dollars au projet minier australien, qui pèse au total la bagatelle de 10 milliards de dollars. Vu que, si le projet se réalise, Caterpillar pourra compter sur une belle commande en bulldozers et autres engins de chantier, soit quelque 522 millions de dollars, presque l’entièreté de l’aide apportée par le gouvernement états-unien. Ce n’est pas, cependant, du goût des mineurs aux États-Unis - qui pèsent de tout leur poids pour que l’aide ne soit pas accordée, pour une raison bien simple. Ils notent en effet que le marché du fer bat de l’aile (baisse de 30% des ventes sur un an dans l’Asie-Pacifique) et qu’on risque donc de tomber dans une scénario de surproduction Surproduction Situation où la production excède la consommation ou encore où les capacités de production dépassent largement ce qui peut être acheté par les consommateurs ou clients (on parle alors aussi de surcapacités).
(en anglais : overproduction)
dont les mineurs du Minnesota et du Michigan seraient les premières victimes. Ils crient à la concurrence déloyale, à tout le moins malsaine : aider une entreprise états-unienne à vendre des bulldozers (Caterpillar, en Australie) revient à saboter d’autres entreprises états-uniennes (minières, sur sol propre). L’économie mondiale pilotée par les transnationales, c’est rarement du "win-win", gagnant-gagnant, comme on dit en bon français.

Source : Financial Times, 30 septembre 2013