C’est dans le texte : "Au troisième trimestre de cette année, le taux de chômage en Espagne est tombé au-dessous de la moyenne européenne. Cela n’était jamais arrivé depuis son entrée (1986) dans la Communauté européenne." Dans quel texte ? Réponse : dans une chronique de l’économiste classiciste Paul Fabra que le journal financier français Les Échos a publiée... le 4 novembre 2005. Et, là, ce n’était pas pour pousser un cocorico mais, écrivait-il alors, "pour s’interroger sur les limites, voire, jusqu’à un certain point, l’illusion des performances économiques actuelles dans l’Europe de l’Ouest, sans parler des États-Unis." L’Espagne allait certes un peu mieux (remontée très éphémère, savons-nous aujourd’hui) mais, notait Fabra, au sujet cette fois de la France, en 2005, "plus de la moitié des contrats d’embauche signés par des jeunes l’ont été pour une durée déterminée, le plus souvent six mois" et, plus désolant encore, à peine "40% des personnes en âge de travailler et ayant fait des études supérieures occupent un poste de travail correspondant à leur niveau de formation". Serait-ce cela, le modèle social européen ? Rendant compte des données Eurostat dans son édition du samedi 2 février 2013, le journal Die Welt annonçait que le chômage frappait en décembre 2012 quelque 25,9 millions de citoyens et de citoyennes européens, dont 18,7 millions dans la zone euro, un taux jamais atteint depuis sa création en 1999. Chez les jeunes qui zonent dans la dite zone, le taux de chômage s’établit à 24% - un sur quatre, laissé au bord de la route, et c’est sans compter la Grèce ou l’Espagne (la revoilà) où le chômage touche respectivement 57,6% et 55,6% des jeunes, plus d’un sur deux. Bis : serait-ce cela, en 2005 comme en 2013, le modèle social européen ? Ce qui paraît clair, en tout état de cause, c’est qu’il y a continuité, cela a l’air fichtrement délibéré – sauf, naturellement, à supposer que l’Europe est dirigée par une bande bien intentionnée d’incompétents.

En passant : pour revigorer l’économie (l’emploi), il faut, disait Keynes, "euthanasier les rentiers", catégorie socio-économique qui correspond assez bien aujourd’hui aux banques dont le sauvetage a, au détriment du reste, paru impératif à la nomenklatura européenne. Les chroniques de Paul Fabra, quant à elles, ont été réunies, en 2010, sous le titre Titre Morceau de papier qui représente un avoir, soit de propriété (actions), soit de créance à long terme (obligations) ; le titre est échangeable sur un marché financier, comme une Bourse, à un cours boursier déterminé par l’offre et la demande ; il donne droit à un revenu (dividende ou intérêt).
(en anglais : financial security)
"Le capitalisme Capitalisme Système économique et sociétal fondé sur la possession des entreprises, des bureaux et des usines par des détenteurs de capitaux auxquels des salariés, ne possédant pas les moyens de subsistance, doivent vendre leur force de travail contre un salaire.
(en anglais : capitalism)
sans capital Capital Ensemble d’actifs et de richesses pouvant être utilisés pour produire de nouveaux biens ou services.
(en anglais : capital, mais aussi fund ou wealth)
", aux éditions Eyrolles/Les Échos : elles demeurent d’une lecture recommandée.