L’Afrique est le continent le moins bien doté en infrastructures (transports, énergie, eau…). La réalisation de nouveaux équipements va nécessiter des investissements considérables dans les prochaines années pour combler ce déficit. Quelles sont les priorités retenues, les acteurs impliqués, les freins rencontrés ? Quels sont les modes de financement choisis, et pour quel développement ? Éléments de réponse dans le Gresea Échos n°94.

Infrastructures en Afrique : chronique d’un mal investissement

La question des infrastructures est primordiale pour toute économie. Le fait de disposer de routes, de voies de chemin de fer, de réseaux de production et de transport d’énergie, d’installations d’assainissement d’eau et de moyens de télécommunication semble vu d’Europe de l’Ouest, une chose toute naturelle.

Ceci n’est pourtant pas le cas dans nombre de pays du Sud, particulièrement sur le continent africain. Un état de fait partagé par l’ensemble des acteurs présents sur le continent : des gouvernements nationaux aux organisations internationales de développement en passant par les entreprises, les associations et les populations.

Une fois ce constat établi, reste à déterminer quelles infrastructures sont prioritaires pour le développement du continent. Mais de quel développement ou plutôt de quels objectifs parle-t-on ? C’est là que les problèmes commencent.

Quel que soit le type d’infrastructure, le continent africain – et l’Afrique subsaharienne à plus forte raison – est victime d’un sous-équipement, dû pour partie à la vétusté des infrastructures coloniales ou postcoloniales qui ont été peu entretenues, et pour partie au sous-investissement Investissement Transaction consistant à acquérir des actifs fixes, des avoirs financiers ou des biens immatériels (une marque, un logo, des brevets…).
(en anglais : investment)
de la part des gouvernements africains, tantôt par manque de budget, tantôt par manque de vision politique et économique de moyen terme.

Parmi les priorités retenues, l’énergie et les transports ont la part belle, tandis que les infrastructures de distribution d’eau, pour la santé ou l’éducation semblent être les parents pauvres. Au total, ce sont plusieurs centaines de projets d’infrastructures qui ont été proposés sur l’ensemble du continent depuis une décennie, parfois par les autorités publiques africaines, notamment au sein de l’Union africaine et des communautés économiques régionales, dans d’autres cas par des acteurs extérieurs – au sein du G20 G20 Extension du G8 à d’autres pays de la planète, considérés comme importants par leur taille et leur poids politique et économique. Il s’agit de 19 pays (Afrique du Sud, Allemagne, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Russie et Turquie) et de l’Union européenne. Créé en septembre 1999, ce groupe a pris une importance croissante avec la crise économique, étant donné qu’il apparaît que celle-ci ne peut plus être résolue par les pays du G8 seuls.
(En anglais : G20)
, par la Banque mondiale Banque mondiale Institution intergouvernementale créée à la conférence de Bretton Woods (1944) pour aider à la reconstruction des pays dévastés par la deuxième guerre mondiale. Forte du capital souscrit par ses membres, la Banque mondiale a désormais pour objectif de financer des projets de développement au sein des pays moins avancés en jouant le rôle d’intermédiaire entre ceux-ci et les pays détenteurs de capitaux. Elle se compose de trois institutions : la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), l’Association internationale pour le développement (AID) et la Société financière internationale (SFI). La Banque mondiale n’agit que lorsque le FMI est parvenu à imposer ses orientations politiques et économiques aux pays demandeurs.
(En anglais : World Bank)
et l’Union européenne Union Européenne Ou UE : Organisation politique régionale issue du traité de Maastricht (Pays-Bas) en février 1992 et entré en vigueur en novembre 1993. Elle repose sur trois piliers : les fondements socio-économiques instituant les Communautés européennes et existant depuis 1957 ; les nouveaux dispositifs relatifs à la politique étrangère et de sécurité commune ; la coopération dans les domaines de la justice et des affaires intérieures. L’Union compte actuellement 27 membres : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas (1957), Danemark, Irlande, Royaume-Uni (1973), Grèce (1981), Espagne, Portugal (1986), Autriche, Finlande, Suède (1995), Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Tchéquie (2004), Bulgarie, Roumanie (2007).
(En anglais : European Union)
, ou par des pays émergents comme la Chine, chacun en fonction de ses propres intérêts. Outre la définition des priorités – infrastructures pour acheminer les produits d’exportation, infrastructures à destination des populations rurales, urbaines, infrastructures destinées à alimenter les industries minières, etc. – se pose la question de leur financement. Force est de constater, là encore, que le compte n’y est pas. Annuellement, ce sont plusieurs dizaines de milliards de dollars supplémentaires qui seraient nécessaires pour mener à bien ces projets. Et nombreuses sont les raisons expliquant ces déficits : chute des cours des matières premières ces dernières années et restrictions budgétaires pour de nombreux gouvernements africains, évasion fiscale à grande échelle de la part des groupes transnationaux, non-respect des engagements en matière d’aide au développement par les pays riches….

À ce manque de financement a été trouvée une réponse toute simple : le secteur privé doit augmenter sa participation. À côté des tentatives de certains pays africains d’émettre des obligations sur les marchés financiers, au risque de creuser leur endettement, ce sont de nouveaux mécanismes de financement qui sont proposés par les bailleurs traditionnels du développement : les partenariats public-privé et les financements mixtes. Des types de financement potentiellement attractifs pour les pays africains, mais qui sont aussi l’objet de nombreuses critiques.

C’est à ces thématiques que sera consacré ce Gresea Échos au travers de trois analyses concernant les priorités, les besoins et les nouvelles modalités de financement pour l’ensemble du continent. Une étude des infrastructures ferroviaires en Afrique centrale – plus particulièrement en Angola, RDC et Zambie – permettra de mettre en lumière, de façon très concrète, la manière dont les priorités sont déterminées et dont les projets prennent forme, avec plus ou moins de succès et en fonction d’objectifs parfois très éloignés des besoins des populations africaines.

Romain Gelin

Sommaire GE94 ; juin 2018 ; 32 pages

Édito : Infrastructures en Afrique : le retour des vieux démons ?
Romain Gelin

Quelles priorités pour les infrastructures africaines ?
Romain Gelin

Qui finance les infrastructures en Afrique ?
Romain Gelin

“Blending”, “PPP” : le secteur privé comme acteur du développement ?
Romain Gelin

Benguela : les infrastructures ferroviaires au service de l’extractivisme
Raf Custers

 

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