Carte d'identité
Secteur | Pharmaceutique |
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Naissance | 2000 (fusion Glaxo Wellcome et SmithKline Beecham) |
Siège central | Londres |
Chiffre d'affaires | 34,4 milliards d’euros |
Bénéfice net | 17,6 milliards d’euros |
Production | Produits pharmaceutiques, vaccins, médicaments |
Effectifs | 69.400 personnes |
Site web | http://www.gsk.com |
Président | Emma Walmsley |
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Actionnaires principaux | (2022): BlackRock (5, 7%), Dodge & Cox (5%) |
Marques | Seretide, Avandia, Lamictal, Wellbutrin, Zophran, Lucozade, Scott, Sensodyne, Nicoderm, … |
Comité d'entreprise européen | oui |
Ratios 2022 |
|
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Marge opérationnelle % | 21,94 |
Taux de profit % | 146, 81 |
Taux de solvabilité % | 160, 74 |
Taux de dividende % | 23, 18 |
Part salariale % | 47, 27 |
Taux de productivité (€) | 108.859 euros |
Fonds roulement net (€) | -1, 7 milliards |
Observatoire des Comptes
Actionnariat du groupe 2022
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Historique
GSK, est une firme anglo-américaine numéro 6 de l’industrie pharmaceutique mondiale. Elle résulte de la fusion entre Glaxo Wellcome et SmithKline Beecham en 2000.
Natalia Hirtz*
Ses origines sont diverses, comme le montre le graphique simplifié ci-dessous.
Source : GSK, Our History : http://www.gsk.com/about/history.htm.
Glaxo Welcom
En 1880, deux pharmaciens américains, Henry Wallace et Sials Burroughs, s’installent à Londres et fondent la société pharmaceutique Burroughs Wellcome & Company.
Quelques années plutôt, en 1873, l’anglais John Nathan s’installe à Wellington (Nouvelle-Zélande). Il lance des opérations commerciales et fonde Joseph Nathan & Co. Trois ans plus tard, il ouvre une antenne à Londres. En 1906, Nathan fonde Glaxo, une entreprise destinée à la fabrication du lait en poudre, mais dès 1924, l’officine londonienne commence à élaborer des produits pharmaceutiques et ouvre de nouvelles unités à Londres, devenant rapidement l’une des plus importantes sociétés pharmaceutiques. Entre 1939 et 1945, elle produit plus de 80% de la Pénicilline utilisée par l’armée et les hôpitaux britanniques. Durant les années qui suivent la Seconde Guerre mondiale, les innovations se multiplient. Glaxo achète l’entreprise Allen & Hanburys en 1958 et Meyer Laboratories en 1978. Elle commence ainsi à jouer un rôle important sur le marché américain. En 1995, elle s’empare de Burroughs Wellcome et forme Glaxo Wellcom. Après cette méga-OPA, Glaxo-Wellcome va s’installer solidement en tête du classement mondial des laboratoires. Cette fusion implique une restructuration qui aura pour conséquence une perte de près de 10.000 emplois dans le monde.
SmithKline Beecham
En 1830, John Smith ouvre une pharmacie à Philadelphie et fonde la société Smith Kline. Quelques années plus tard, en 1942, l’herboriste Thomas Beecham lance une pilule laxative en Angleterre. C’est un grand succès. Le Groupe Beecham ouvre une fabrique à St Helens (près de Liverpool) en 1859. Il s’agit de la première usine au monde dédiée exclusivement à la fabrication de pilules.
En 1890, Smith Kline entame d’importantes fusions et acquisitions, dont la société de grossiste réputée French Richard & Company. Smith Kline devient Smith Kline & French. La société commence à s’épandre en Europe. Ainsi, en 1968, Smith Kline & French s’empare de Recherche et Industrie Thérapeutiques (RIT). Fondée à Genval (Belgique) en 1945, RIT est à l’origine une spin-off (scission d’entreprise) de l’université de Louvain. Pionnière dans la production d’antibiotiques, elle se spécialise dans la recherche, le développement et la commercialisation des vaccins et, en 1958, ouvre un nouveau site à Rixensart.
En 1982, Smith Kline & French fusionne avec Beckman Instruments. La nouvelle entité devient SmithKline Beckman. Sept ans plus tard, elle s’associe à la firme britannique Beecham. Le nouveau nom est SmithKline Beecham.
En 1995 SmithKline Beecham inaugure des nouveaux sites de production en Belgique (à Wavre et à Gembloux).
GlaxoSmithKline
En 2000, les deux géants anglo-américains, SmithKline Beecham et Glaxo Wellcome fusionnent sous le nom de GlaxoSmithKline. Des cinq sociétés moyennes du début des années 80 a émergé une des plus puissantes multinationales pharmaceutiques. GlaxoSmithKline devient le premier laboratoire pharmaceutique mondial. Mais, d’autres firmes fusionnent et rattrapent GSK.
En effet, la concentration des capitaux nécessaires pour garder leur place monopoliste est déterminante pour les firmes pharmaceutiques. Celles qui domineront le marché seront les firmes qui parviendront à accumuler des capitaux suffisants pour racheter les autres [1]. GSK se lance ainsi dans des multiples acquisitions. Parmi les plus importantes, on peut citer celles de Block Drug en 2001 (pour un montant de 1,24 milliard de dollars) [2], de Stiefel Laboratories en 2009 (pour 3,6 milliards de dollars) [3] ou de Human Genome Sciences en 2013 (pour 3,6 milliards de dollars) [4].
GSK commence également à se concentrer sur les marchés « émergents ». En 2007, elle ouvre un centre de recherche et de développement à Shanghai et investit l’équivalent de 300 millions d’euros pour construire à Singapour l’usine qui fabriquera son nouveau vaccin « synflorix », conçu dans les sites de GSK Biologicals Wavre et Rixensart. En 2011, GSK augmente de 1 milliard de dollars sa participation dans son unité pharmaceutique indienne [5]. En 2013, elle s’associe à la Fondation São Paulo Research (FAPESP) afin de créer un centre d’excellence pour la chimie au Brésil.
Entre temps, en Europe et aux États Unis, la firme procède à des restructurations. En Belgique, en 2008, GSK annonce la fermeture du site de Heppignies (spécialisé dans la production d’antibiotiques à base de pénicilline), ce qui signifie une perte d’emploi pour 290 personnes qui avaient survécu aux précédentes vagues de licenciement sur ce site qui avait employé jusqu’à 500 travailleurs [6]. Un an plus tard, GSK supprime 75 emplois dans son usine de Genval où travaillaient 397 personnes [7]. Cette décision fait partie d’un plan de restructuration qui implique la suppression de plusieurs milliers d’emplois dans le monde, notamment aux États Unis (perte de 1000 postes) et au Royaume-Uni, où GSK annonce la fermeture d’une usine qui emploie 820 travailleurs [8]. En France, le site d’Évreux licencie plus de 600 salariés en intérim et CDD, 700 travailleurs en CDI et une cinquantaine d’employés administratifs et visiteurs médicaux [9].
GSK explique avoir enregistré une baisse de 11,7% de son bénéfice net en 2008. Selon la firme, ces baisses sont dues principalement à la concurrence des médicaments génériques, à l’échéance de brevets de certains médicaments [10] et à l’écroulement des ventes de son antidiabétique Avandia, comme suite à des études défavorables. Le directeur des affaires externes et publiques, Pascal Lizin, explique que le plan de restructuration permettra de réaliser des économies qui "seront réinvesties dans trois segments : les vaccins, les pays émergents et les produits d’hygiène de grande consommation" [11].
En effet, le brevet est essentiel dans la stratégie des firmes pharmaceutiques, car il accorde un droit exclusif à l’entreprise qui exploite le médicament breveté et renforce donc sa position pour imposer ses prix. Le brevet est ainsi un élément fondamental des profits de ces transnationales. Alors que la plupart des pays appliquent cette méthode de procédé depuis les années 1990, l’Inde défend la possibilité de développer des médicaments génériques et s’en fait une spécialité. Cette situation limite l’ouverture des nouveaux marchés dans des pays dits "émergents" [12].
Les pharmaceutiques vont développer une diversité de stratégies afin de continuer à profiter du monopole obtenu grâce au brevet. L’une d’entre elles consiste à ajouter des effets supplémentaires aux brevets. Ainsi, Tagamet, l’un des médicaments antiulcéreux les plus vendus par GSK, a obtenu 26 licences différentes [13].
Une autre consiste à défendre leur médicament en minimisant les effets secondaires, voire même, s’il le faut, en réduisant au silence les experts qui émettraient des doutes sur les qualités du médicament. Par exemple, en novembre 2007, United States Congressional Committee publia un rapport relatant l’intimidation du Dr. John Buse (de l’Université de Caroline du Nord) par GSK en raison de ses recherches concernant les risques d’infarctus liés à l’antidiabétique Avandia, l’un des médicaments les plus vendus au monde [14]. GSK continuera ainsi à défendre son médicament vedette même si selon le New York Times, la firme était au courant huit ans plus tôt de ces risques [15]. GSK dépensera, jusqu’en 2010, 460 millions de dollars pour éviter des procédures judiciaires [16]. Or, comme suite aux risques soulignés par le Dr. J. Buse, plusieurs sociétés savantes adoptent une position défavorable quant à l’utilisation de ce médicament. En 2008, lorsque les médias commencent à relayer l’information, l’écroulement de ses ventes produit des pertes significatives pour GSK. Or, l’agence européenne pour les médicaments et la Food & Drug Administration (FDA) ne vont se pencher sur ce médicament qu’en 2010.
GSK rattrape rapidement son taux de profit. En effet, en 2009 la grippe H1N1 engendre 1 milliard d’euros pour la firme. Comme suite à la campagne hystérique de l’OMS, la Food and Drug Administration (FDA) et les autorités sanitaires au Royaume-Uni offrent l’agrément au vaccin Pandemrix, fabriqué par GSK, avant que leurs possibles effets secondaires ne soient évalués. Entre 2009 et 2010, GSK vend 300 millions de doses à une soixantaine d’États pour 2,3 milliards d’euros.
En Belgique, le comité scientifique donne la priorité à GSK pour l’achat des vaccins. Le gouvernement achète 12,6 millions de doses pour 110 millions d’euros. Or, sur les quinze membres du comité scientifique, au moins cinq entretiennent des relations avec GSK. Le Président du comité Yves Van Laethen est l’un des consultants de cette firme [17]. L’affaire devient plus embarrassante lorsque les médias publient les montants correspondants aux royalties de la filiale de Rixensart et le contrat signé entre GSK et l’État stipulant qu’en l’absence de défaut de fabrication de ce vaccin (auquel l’agence européenne des médicaments n’avait pas encore donné son feu vert), la firme rejette toute la responsabilité sur le gouvernement en cas de décès et d’effets secondaires graves liés au vaccin [18]. En plus, la filiale de Rixensart bénéficie de royalties pour à peu près un milliard d’euros sur l’ensemble des ventes du Pandemrix entre 2009 et 2010. Or ce montant n’est taxé qu’à 3%. Ce qui signifie une perte de 320 millions d’euros pour l’État belge. Sur l’ensemble des revenus imposables de la firme, enregistrés entre 2008 et 2011, le chiffre s’élève à 891,6 millions d’euros d’impôts non perçus [19].
Ce cas n’est qu’un exemple parmi d’autres sur les liens existants entre ces multinationales, le monde scientifique et politique. En effet, la constitution d’un marché monopolistique n’est envisageable qu’avec un soutien public. À cette fin, les firmes pharmaceutiques consacrent des sommes considérables au lobbying. Selon la déclaration de GSK, en 2013, la firme a consacré entre 600.000 € et 650.000 € pour défendre ses intérêts au niveau de l’Union européenne ; 3.720.000 de dollars aux États-Unis et 484.810 dollars aux candidats des élections américaines, dont 40% aux candidats démocrates et 60% aux républicains [20]. Il faut aussi souligner les montants qui sont consacrés aux organisations “civiles”. Par exemple, le Forum Européen des patients (EPF), qui regroupe des associations de patients de l’ensemble de l’Union Européenne, est largement financé par des transnationales pharmaceutiques dont GSK est l’une des plus généreuses. Selon le rapport annuel d’EPF, GSK a apporté en 2013, 127 517,77 € [21].
Enfin, l’hystérie médiatique concernant le virus H1N1 n’a duré que quelques années. En 2010, certains pays diminuent leurs commandes de vaccins. De plus, GSK, comme les autres firmes appartenant à ce secteur, sera relativement touché par la crise. Son bénéfice net diminue au long de cette année et même s’il remonte en 2012, GSK annonce en 2013 des nouvelles restructurations.
En effet, l’année 2012 ne sera pas facile pour la transnationale qui devra payer 3 milliards de dollars pour mettre fin à des poursuites du gouvernement américain liées à la promotion illégale de médicaments et à des mensonges sur les prix. La somme de ce règlement à l’amiable n’avait jamais été atteinte dans le domaine de la santé. GSK était poursuivi pour promotion illicite de ses médicaments, déclarations trompeuses sur les prix et sur l’efficacité de trois de ses médicaments les plus vendus durant les années 1998-2003 (Avandia, Paxil et Wellbutrin) et soustraction de documents démontrant l’inefficacité et/ou les risques de ces médicaments. La firme a dû également admettre l’emploi des pratiques visant à inciter les médecins à prescrire ses médicaments.
Ce règlement à l’amiable a été accompagné d’un accord avec le ministère de la Santé par lequel la firme s’engage à mener une politique de transparence sur ses activités durant cinq ans.
Du point de vue social, en 2012, quarante employés sont licenciés sur le site de GSK Pharmaceuticals de Wavre, qui employait 350 personnes. Un an plus tard, la firme supprime 271 postes en France [22]. En effet, GSK annonce un plan de restructuration en Europe au sein du pôle Phrama (chargé de fonctions commerciales) en expliquant que son chiffre d’affaires a diminué de 3 % en 2012. Dans les pays “émergents” elle a enregistré une croissance de 10% pour cette même période sans parvenir à compenser la baisse de 7% en Europe [23].
Ces restructurations n’ont finalement pas touché de manière significative l’emploi en Belgique où GSK est le plus grand employeur pharmaceutique (8.000 travailleurs). En effet, plus de 85% du personnel est employé par GSK Biologicals (dans leurs sites de Rixensart, Wavre et Gembloux) où se trouve le centre mondial des activités de recherche, de développement et de production des vaccins du groupe. Selon des informations livrées par la CSCBIE, le centre de production de vaccins de Singapour a atteint sa capacité maximale de production, ce qui prolonge jusqu’à 2020, les activités en Belgique pour éviter toute rupture de stock [24]. La Région Wallonne, où GSK est l’un des premiers employeurs privés, devrait-elle se préparer à de futures délocalisations ?
*Chercheuse Gresea
Hirtz, Natalia, "Glaxo Welcom", Gresea, avril 2015, texte disponible à l’adresse : http://www.mirador-multinationales.be/secteurs/pharmaceutique/article/glaxosmithkline
[1] Lire à ce propos, "Cartographie des trusts de la pharma. Une étude de Henri Houben", Gresea échos, n° 71. 2012.
[2] BBC News, 12/03/2002, "Glaxo probed over doctor freebies".
[3] http://www.challenges.fr/entreprise/20090420.CHA1390/glaxosmithkline-acquiert-les-laboratoires-stiefel.html
[5] European Biotechnology News, 16/05/2012, "GSK acquires Cellzome 100%".
[6] Trends-Tendances, 21/12/2011, "GSK vend à WDP son site d’Heppignies".
[7] Belga, 12/02/2009, "GSK supprime 75 postes à Genval".
[8] AFP, 01/02/2009, "GSK va supprimer des milliers d’emplois dans le monde".
[9] CGT PHILIPS EGP DREUX GSK, 16/12/2009, "Évreux empoche et licencie...". http://cgt-egp-dreux.over-blog.com/article-gsk-evreux-empoche-et-licencie-41247795.html
[10] La Libre Belgique, 1/02/2009, "GSK va supprimer des milliers d’emplois dans le monde".
[11] La Libre Belgique, 6/02/2009, “Pas trop de panique pour GSK Belgique”.
[12] Lire à ce propos, "Cartographie des trusts de la pharma. Une étude de Henri Houben", Gresea échos, n° 71. 2012.
[13] Van Duppen Dirk, 2015, La guerre des médicaments. Pourquoi sont-ils si chers ?, Aden. Bruxelles.
[14] The Guardian, 22/11/2007, "GSK accused of trying to intimidate critic".
[15] The New York Times, 13/07/2010, "Diabetes Drug Maker Hid Test Data, Files Indicate".
[16] Bloomberg 13/07/2010, "Glaxo Said to Pay 0 Million to End Avandia Suits (Update3)".
[17] Leloup David, "Choix du vaccin : cinq experts liés à GSK", Politique n°67, 2010.
[18] Le Soir, 6/05/2010, “La grippe A/H1N1. Vaccin : l’État belge a dégagé GSK de toute responsabilité”.
[19] Le Vif, 23/08/2012, "Comment GSK a pu ne pas payer 892 millions d’euros à l’État belge".
[22] Le Figaro, 21/10/2013, "GSK : 271 postes supprimés en France".
[23] Le Soir, 7/02/2013, "GSK va restructurer encore plus en Europe".
[24] Alfons De Potter (Vice-Président CSCBIE) et Penidis Dimitra (Service études CSCBIE), mars 2014, « Comité pharmaceutique IndustriAll : GlaxoSmithKline (GSK) » : industriall-europe.eu/Sectors/Pharma/2014/IndustriAll-PharmaCmt20140306-GSK.pptx
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