Anaïs Carton (CADTM Belgique) interviewe Natalia Hirtz, docteure en sociologie et chercheuse-formatrice au Groupe de recherche pour une stratégie économique alternative (GRESEA).
En octobre 2021, Natalia Hirtz est intervenue dans une conférence, organisée par le CADTM, intitulée « Dettes et migrations : Divisions internationales au service du capital »-. C’était l’occasion de problématiser la manière dont les dettes souveraines et privées poussent ou forcent des habitant·es du Sud global à migrer. À cette occasion, elle a exposé la manière dont les politiques migratoires des puissances économiques contribuent à sauvegarder une division internationale du travail
Division Internationale du Travail
ou DIT : Répartition globale de la production mondiale entre les différents pays en fonction de leurs avantages comparatifs. Ainsi, jusque dans les années 70, le Tiers-monde fournissait essentiellement des matières premières qui étaient transformées dans les anciennes métropoles coloniales. Par la suite, une partie des nations en développement se sont industrialisées à leur tour dans des biens manufacturés de consommation courante. Les pays avancés se sont tournés vers les produits et les services de plus haute technologie.
(En anglais : division of labor)
, imposée par le capitalisme
Capitalisme
Système économique et sociétal fondé sur la possession des entreprises, des bureaux et des usines par des détenteurs de capitaux auxquels des salariés, ne possédant pas les moyens de subsistance, doivent vendre leur force de travail contre un salaire.
(en anglais : capitalism)
racial et patriarcal. Nous publions ici un entretien qu’elle a accordé à Anaïs Carton.

Comment le capitalisme et le patriarcat renforcent-ils les rapports de domination à l’encontre des femmes selon toi ?
Il faut tout d’abord définir les termes que nous utilisons. Concernant le patriarcat, nous partons de la définition du patriarcat impulsée par les féministes des années 70, qui le désignent comme un système de domination masculine. Le patriarcat n’est pas apparu avec le capitalisme
Capitalisme
Système économique et sociétal fondé sur la possession des entreprises, des bureaux et des usines par des détenteurs de capitaux auxquels des salariés, ne possédant pas les moyens de subsistance, doivent vendre leur force de travail contre un salaire.
(en anglais : capitalism)
mais a été renforcé par ce dernier étant donné qu’il a transformé et renforcé la division sexuelle du travail. Caliban et la sorcière de Silvia Federici [1] est une référence à ce propos . À propos du capitalisme, il faut rappeler que celui-ci s’est consolidé suite à un processus d’accumulation
Accumulation
Processus consistant à réinvestir les profits réalisés dans l’année dans l’agrandissement des capacités de production, de sorte à engendrer des bénéfices plus importants à l’avenir.
(en anglais : accumulation)
primitive du capital
Capital
Ensemble d’actifs et de richesses pouvant être utilisés pour produire de nouveaux biens ou services.
(en anglais : capital, mais aussi fund ou wealth)
par une bourgeoisie (naissante) des pays colonisateurs, grâce à quoi elle a pu disposer d’une grande masse de capital
Capital
, nécessaire au développement des grands ateliers et industries. C’est là que se dessine la fracture entre les pays colonisateurs et colonisés ou, selon les termes des grandes institutions financières internationales, entre les « pays développés » et « sous-développés » [2].
L’accumulation du capital se fait par l’esclavage, le pillage des matières premières des colonies mais il se fait aussi par une accumulation de la main-d’œuvre, du travail en Europe. C’est ce qu’on a appelé le travail « libre ». Mais ce dernier ne va pas se passer de manière si libre que ça. On va voir émerger un peu partout des lois contre le vagabondage, afin d’obliger les personnes à avoir un contrat de travail. C’est l’un des principaux modes de contrôle des frontières au 19e siècle.
En effet, c’est par le processus de privatisation de la terre (qui se développe notamment au XVIe siècle en Angleterre) que la population est expropriée du principal moyen de production
Moyen de production
Ensemble de biens qui permettent à l’aide du travail humain de produire : terres, bâtiments, argent, machines, outils…
(en anglais : mean of production)
et transformée, ensuite, en « salariée ». Mais beaucoup de personnes résisteront à se rendre « librement » tous les jours au travail pour autrui. En fait, toutes les personnes qui avaient à ce moment-là une autonomie de subsistance ne l’auront plus et devront aller travailler pour quelqu’un d’autre. Il faudra donc forger une discipline de la classe ouvrière, fondée sur la valeur du travail. La chasse aux sorcières aura un rôle fondamental dans ce sens. Les femmes sont interdites de corps de métiers et repliées à la maison. Parallèlement, un contrôle sur la natalité des femmes est mis en place (interdiction de l’avortement, infanticide…). Les femmes vont être assignées au travail de reproduction, consistant à produire une main d’œuvre future
Future
Contrat à terme (un, trois, six mois...) fixant aujourd’hui le prix d’un produit sous-jacent (titre, monnaie, matières premières, indice...) et devant être livré à la date de l’échéance. C’est un produit dérivé.
(en anglais : future)
(enfanter et éduquer à la discipline du travail) et à reproduire quotidiennement la force de travail
Force de travail
Capacité qu’a tout être humain de travailler. Dans le capitalisme, c’est la force de travail qui est achetée par les détenteurs de capitaux, non le travail lui-même, en échange d’un salaire. Elle devient une marchandise.
(en anglais : labor force)
des hommes salariés afin que ceux-ci puisent déployer toutes leurs forces dans les ateliers et qu’ils ne doivent pas s’occuper du travail consistant à reproduire sa propre force de travail à la maison.
Ceci est renforcé au 19e. Avec le passage des industries légères vers les industries lourdes, des réglementations strictes vont être mises en place pour limiter le travail des femmes dans les usines. Ensuite, lors de l’entre-deux guerres mondiales, avec la crise des années trente, la plupart des pays, dont la Belgique, vont mettre en place des réglementations pour empêcher que les entreprises n’engagent des femmes.
Donc, le capitalisme a imposé aux femmes un travail invisible, celui de s’occuper de la reproduction de la vie, ce qui n’est pas considéré comme un travail. C’est ainsi que Silvia Federici et d’autres féministes se sont mobilisées autour du réseau pour un salaire ménager, dénonçant ce travail non payé alors qu’il est indispensable au capital, car s’il n’y a pas de production possible sans travail, il n’y a pas de travail dit « productif » possible sans sa production et reproduction.
La division internationale du travail commence à la fin du 15e siècle lors des premiers contacts économiques internationaux avec la « découverte » de l’Amérique du Sud, le développement du commerce, notamment avec l’Extrême-Orient et l’exportation de travailleurs esclaves d’Afrique. La conquête de l’Amérique s’accompagne du pillage des matières premières et du travail forcé des autochtones. Le modèle de plantation développé dans ces colonies est aux fondements d’une division internationale du travail, fondée sur une production tournée vers l’exportation. Or, en quelques décennie de colonisation la population d’Amérique est majoritairement décimée (à cause des maladies apportées par les colons, des violences, des déplacements et du travail forcé). Le marché
Marché
Lieu parfois fictif où se rencontrent une offre (pour vendre) et une demande (pour acheter) pour un bien, un service, un actif, un titre, une monnaie, etc. ; un marché financier porte sur l’achat et la vente de titres ou d’actifs financiers.
(en anglais : market)
de la traite se développe, permettant de trouver une main-d’œuvre pour remplacer cette population décimée, tout en développant une nouvelle source de profit indispensable à l’accumulation primitive du capital. Cette division internationale du travail sera donc caractérisée par le pillage des matières premières et du travail des colonies par les puissances coloniales. Processus essentiel à l’accumulation primitive du capital indispensable à la « révolution industrielle » du 19e siècle. Les nouveaux pays industriels vont avoir davantage besoin de matières premières et d’une main-d’œuvre abondante pas chère. C’est à ce moment-là que commence la deuxième grande vague de colonisation, qui implique l’Afrique et l’Asie du Sud-Est.
Aujourd’hui, les rapports de domination entre les pays du Sud et les pays du Nord perdurent. Cela se joue par le biais d’une politique qui maintient une majorité du Sud dans un « modèle » extractiviste exportateur de matières premières et les oblige à s’endetter. Les processus décoloniaux, eux, vont se résoudre avec des dettes coloniales dont vont hériter illégalement les pays du Sud. Haïti en est un exemple marquant. La Banque mondiale
Banque mondiale
Institution intergouvernementale créée à la conférence de Bretton Woods (1944) pour aider à la reconstruction des pays dévastés par la deuxième guerre mondiale. Forte du capital souscrit par ses membres, la Banque mondiale a désormais pour objectif de financer des projets de développement au sein des pays moins avancés en jouant le rôle d’intermédiaire entre ceux-ci et les pays détenteurs de capitaux. Elle se compose de trois institutions : la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), l’Association internationale pour le développement (AID) et la Société financière internationale (SFI). La Banque mondiale n’agit que lorsque le FMI est parvenu à imposer ses orientations politiques et économiques aux pays demandeurs.
(En anglais : World Bank)
et le Fonds
Fonds
(de placement, d’investissement, d’épargne…) : société financière qui récolte l’épargne de ménages pour l’investir ou le placer dans des produits financiers plus ou moins précis, parfois définis à l’avance. Il existe des fonds de pension, des fonds de placement, des fonds de fonds qui sont proposés à tout un chacun. En revanche, les hedge funds (fonds spéculatifs) et les private equity funds sont réservés à une riche clientèle.
(en anglais : fund)
monétaire international (FMI
FMI
Fonds Monétaire International : Institution intergouvernementale, créée en 1944 à la conférence de Bretton Woods et chargée initialement de surveiller l’évolution des comptes extérieurs des pays pour éviter qu’ils ne dévaluent (dans un système de taux de change fixes). Avec le changement de système (taux de change flexibles) et la crise économique, le FMI s’est petit à petit changé en prêteur en dernier ressort des États endettés et en sauveur des réserves des banques centrales. Il a commencé à intervenir essentiellement dans les pays du Tiers-monde pour leur imposer des plans d’ajustement structurel extrêmement sévères, impliquant généralement une dévaluation drastique de la monnaie, une réduction des dépenses publiques notamment dans les domaines de l’enseignement et de la santé, des baisses de salaire et d’allocations en tous genres. Le FMI compte 188 États membres. Mais chaque gouvernement a un droit de vote selon son apport de capital, comme dans une société par actions. Les décisions sont prises à une majorité de 85% et Washington dispose d’une part d’environ 17%, ce qui lui donne de facto un droit de veto. Selon un accord datant de l’après-guerre, le secrétaire général du FMI est automatiquement un Européen.
(En anglais : International Monetary Fund, IMF)
) tiennent un rôle majeur dans cette politique.
En quoi la dette, élément constitutif du capitalisme patriarcal, impacte-t-elle spécifiquement les femmes ?
La dette impacte toutes les personnes endettées. Mais elle n’impacte pas de la même façon les hommes et les femmes car la société patriarcale impose une division sexuelle du travail. Les plans d’ajustement structurel mis en place par le FMI s’accompagnent de restrictions budgétaires qui touchent spécifiquement les femmes. En effet, les programmes d’ajustement structurel vont s’attaquer aux services publics et aux personnes qui y travaillent. Et ce sont les femmes, qui vont devoir pallier au retrait des services. Ainsi, les femmes doivent aujourd’hui travailler pour un salaire -car un seul salaire par ménage n’est plus suffisant, tout en restant en charge du travail reproductif et de l’économie familiale. L’endettement renforce des liens de dépendance (familiale mais aussi envers l’employeur) ce qui limite fortement les possibilités de quitter un environnement violent. L’endettement public des États entraîne alors une immobilité forcée, mais peut aussi pousser les femmes à une mobilité pour survivre. Poussant par-là les femmes à s’endetter pour pouvoir migrer. Le lien entre la dette et les migrations est donc très clair.
Peux-tu nous donner des exemples de ce lien entre l’endettement des femmes et leur départ pour la migration ?
Il y a deux cas emblématiques de pays « exportateurs des femmes » : les Philippines et le Nigeria.
Aux Philippines, la politique d’exportation de la main d’œuvre essentiellement féminine commence à partir des années 70, sous la dictature. À partir de 1980, avec la mise en place des plans d’ajustement structurel, cette politique devient structurelle au nom de l’intégration sur le marché mondial. Alors que les Philippines étaient un pays agricole important, le retrait des maigres subventions publiques au secteur agricole vont avoir une répercussion énorme sur la population, jusqu’à la crise de la « faim » en 1995. L’entrée des Philippines dans l’OMC
OMC
Organisation mondiale du Commerce : Institution créée le 1er janvier 1995 pour favoriser le libre-échange et y ériger les règles fondamentales, en se substituant au GATT. Par rapport au GATT, elle élargit les accords de liberté à des domaines non traités à ce niveau jusqu’alors comme l’agriculture, les services, la propriété intellectuelle, les investissements liés au commerce… En outre, elle établit un tribunal, l’organe des règlements des différends, permettant à un pays qui se sent lésé par les pratiques commerciales d’un autre de déposer plainte contre celui-ci, puis de prendre des sanctions de représailles si son cas est reconnu valable. Il y a actuellement 157 membres (en comptant l’Union européenne) et 26 États observateurs susceptibles d’entrer dans l’association dans les prochaines années.
(En anglais : World Trade Organization, WTO)
et la diminution des quotas d’exportation vont placer le secteur agricole des Philippines en compétition avec les produits subsidiés des autres pays, notamment européens. Les Philippines n’ont alors pas d’autres choix que de se spécialiser dans d’autres secteurs : le tourisme (et avec lui les services mais aussi la prostitution), le travail domestique et les services à la personne (avec un fort développement des agences de recrutement international). Des secteurs fortement féminisés.
Aujourd’hui, 70 % de la diaspora philippine sont des femmes et près de 80 % de ces migrant·es partent principalement vers l’Europe via des agences de recrutement internationales. L’économie des Philippines est donc un modèle emblématique d’exportation de la main-d’œuvre de services localisables et délocalisables.
Le Nigeria, lui, est marqué par un modèle de développement extractiviste fondé sur l’exploitation du pétrole. Ce modèle va se développer à partir des années 70 et va se renforcer par la suite. L’État du Delta est un lieu emblématique de ce processus. Autour des projets extractivistes et du travail temporaire qui se déploie dans cette région, vont apparaître des lieux de prostitution. Par ailleurs, à cause de l’expropriation
Expropriation
Action consistant à changer par la force le titre de propriété d’un actif. C’est habituellement le cas d’un État qui s’approprie d’un bien autrefois dans les mains du privé.
(en anglais : expropriation)
des terres dans cette région, les femmes migrent vers les villes, puis vers l’international vers les années 90. C’est à partir de ces années-là que l’exportation des femmes pour la prostitution devient forte. C’est une des seules manières, pour les femmes, de pouvoir migrer, surtout pour les femmes les plus pauvres qui n’ont pas de contact direct pour migrer. Cependant, elles doivent s’endetter pour migrer. En 2018, la traversée coûte 25 000 euros et va jusque 65 000 euros pour ces femmes. Les dettes, rien que pour la traversée, sont grandes, et les femmes doivent donc multiplier les passes pour rembourser leur dette.
C’est ainsi qu’il y a un fort réseau de prostitution nigériane en Belgique. À Bruxelles, dans le quartier des carrées, les femmes nigérianes se retrouvent prises dans un système de domination et d’exploitation avec une addition de violences qui sont le fait des clients, des proxénètes, des forces de police, de la justice, des autorités communales et des autorités fédérales en raison des politiques migratoires mises en œuvre. Outre les réseaux criminels, ce système profite à l’État nigérian (par les devises apportées par la diaspora), aux administrations communales (qui n’hésitent pas à redoubler les taxes sur les lieux de prostitution), aux propriétaires des carrées, à l’économie belge (le PIB
PIB
Produit intérieur brut : richesse marchande créée durant une période déterminée (souvent un an) sur un territoire précisé (généralement un pays ; mais, en additionnant le PIB de tous les pays, on obtient le PIB mondial).
(en anglais : Gross Domestic Product ou GDP)
belge intègre les bénéfices estimés par la prostitution) ainsi qu’aux multinationales comme Western Union ou MoneyGram qui imposent les taxes les plus élevées au monde sur les transferts de fonds alors que le Nigeria est le pays où rentrent le plus de devises envoyées par la diaspora, et ces transferts représentent 20 % de l’économie nationale.
Au Nigeria, comme aux Philippines, les migrations profitent donc aux États par les devises envoyées par les migrants.
Quelle serait une piste de lutte féministe porteuse selon toi ?
Il existe actuellement une diversité des luttes très riches mais faiblement articulées. Ces dernières décennies, les mouvements sociaux se sont multipliés tout en devenant de plus en plus spécialisés. C’est un peu le reflet d’une organisation du travail de plus en plus spécialisée, ce qui permet d’être plus « productif » (« efficace », en langage militant). Or, cette spécialisation limite les possibilités d’une vision et d’un combat plus structurel. Dans ce sens, ce qu’on appelle actuellement la « convergence des luttes » consiste généralement à mettre une lutte à côté de l’autre. Mais on sait bien qu’un plus un ne font pas nécessairement deux. Dans ce sens, il me semble que le féminisme anticapitaliste apporte des pistes importantes, notamment dans la critique d’une société fondée sur des rapports hiérarchiques, valorisant la productivité
Productivité
Rapport entre la quantité produite et les ressources utilisées pour ce faire. En général, on calcule a priori une productivité du travail, qui est le rapport entre soit de la quantité produite, soit de la valeur ajoutée réelle (hors inflation) et le nombre de personnes nécessaires pour cette production (ou le nombre d’heures de travail prestées). Par ailleurs, on calcule aussi une productivité du capital ou une productivité globale des facteurs (travail et capital ensemble, sans que cela soit spécifique à l’un ou à l’autre). Mais c’est très confus pour savoir ce que cela veut dire concrètement. Pour les marxistes, par contre, on distingue la productivité du travail, qui est hausse de la production à travers des moyens techniques (machines plus performantes, meilleure organisation du travail, etc.), et l’intensification du travail, qui exige une dépense de force humaine supplémentaire (accélération des rythmes de travail, suppression des temps morts, etc.).
(en anglais : productivity)
au détriment du monde vivant. Donner une place centrale à la reproduction de la vie implique d’aller à l’encontre de tout principe de productivité, d’efficacité, des rapports hiérarchiques, de domination et d’exploitation. Cette lutte pour la vie n’est pas spécifique au mouvement féministe (et tous les courants féministes ne s’y reconnaissent pas). Actuellement, une délégation zapatiste se trouve en Europe, continent où ces combattants et combattantes ont commencé leur « voyage pour la vie ». Une lutte qui traverse les frontières, des communautés indigènes (non pas seulement zapatistes) en passant par des collectifs féministes aux ZAD du monde entier.
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Article extrait du magazine AVP - Les autres voix de la planète, « Dettes & féminismes : pour un non - paiement féministe de la dette », paru en avril 2022.
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Source photo : Collectif Krasnyi