Un colloque de l’ARC – Action et Recherche Culturelles asbl, en présence de notre collègue Natalia Hirtz.

Peu d’acteur·ices du secteur associatif subsidié en Belgique francophone contesteront que le secteur traverse aujourd’hui une crise profonde. Aux logiques néolibérales et managériales imposées par l’État social actif depuis des années, réduisant l’autonomie des associations à une peau de chagrin, s’ajoutent aujourd’hui les mesures antisociales d’une brutalité inouïe orchestrées par le gouvernement dit « Arizona », doublées du contexte politique chaotique en région bruxelloise depuis les dernières élections. Dans cette situation critique, une tendance générale semble être à l’œuvre : l’inféodation tendancielle du secteur associatif (ou de ce qui en restera après l’épuration à laquelle il est soumis aujourd’hui) à une fonction de gestion de plus en plus autoritaire et sécuritaire du mécontentement social résultant des politiques économiques à la faveur de l’accumulation
Accumulation
Processus consistant à réinvestir les profits réalisés dans l’année dans l’agrandissement des capacités de production, de sorte à engendrer des bénéfices plus importants à l’avenir.
(en anglais : accumulation)
capitaliste.
À l’occasion de la parution du double dossier des numéros 12 et 13 de Permanences Critiques, interrogeant les liens organiques entre l’associatif, le capitalisme
Capitalisme
Système économique et sociétal fondé sur la possession des entreprises, des bureaux et des usines par des détenteurs de capitaux auxquels des salariés, ne possédant pas les moyens de subsistance, doivent vendre leur force de travail contre un salaire.
(en anglais : capitalism)
, l’État, les rapports de classe, de race et de genre, déconstruisant les stéréotypes valorisant le rôle de « contre-pouvoir » de ce secteur, et appellant à une repolitisation radicale de ses pratiques, nous invitons nos collègues du secteur associatif et nos camarades du monde militant à engager une réflexion collective et confronter nos points de vue respectifs sur les enjeux que ces questions soulèvent.
Mais pourquoi mener une autocritique radicale de gauche de l’action associative au moment où elle est la plus menacée ? Précisément pour cette raison : parce que, sous la pression de la réaction du libéralisme Libéralisme Philosophie économique et politique, apparue au XVIIIe siècle et privilégiant les principes de liberté et de responsabilité individuelle ; il en découle une défense du marché de la libre concurrence. autoritaire, et dans le but de survivre à la charge, les associations ont toutes les chances de maximiser leur complaisance avec l’ordre bourgeois, suprémaciste-blanc et patriarcal : à coup de petites compromissions, de craintes organisées de la répression, d’omissions volontaires et de combats délaissés, de partage d’un vocabulaire imposé et souvent odieux, de silences complices et d’opportunisme idéologique et financier...
Bref, les associations attaquées par la droite ont tout à gagner à mener leur autocritique de gauche et à penser les conditions d’une politisation qui ne soit pas complaisante avec la domination bourgeoise, patriarcale et suprémaciste. Ce colloque propose de développer des outils à cette fin, dans le but d’intervenir intellectuellement dans cette conjoncture
Conjoncture
Période de temps économique relativement courte (quelques mois). La conjoncture s’oppose à la structure qui dure plusieurs années. Le conjoncturel est volatil, le structurel fondamental.
(en anglais : current trend)
. Il s’agira notamment d’identifier les contradictions qui traversent le champ associatif pour mieux armer celles et ceux qui y agissent contre les logiques dominantes et pour la transformation sociale ; d’explorer les potentialités de conflictualité, d’organisation autonome et de politisation depuis l’intérieur même des dispositifs ; de penser les conditions d’une pratique de l’émancipation autrement transformatrice au sein d’un champ traversé par les contradictions de l’ordre social présent.
Informations et inscription : gabor.tverdota arc-culture.be

