Les travailleurs n’ont pas attendu l’avènement de la mondialisation économique pour s’organiser au-delà des frontières. Pourtant, la résistance internationale du monde travail devant les coups de boutoir de l’ordre néolibéral reste aujourd’hui largement à construire ou à (ré)inventer. Entre conquête institutionnelle et bricolage militant, vous trouverez dans ce dossier du Gresea plusieurs analyses sur des tentatives contemporaines d’alliances de travailleurs transnationales. Bonne lecture !
1er volet : who’s who…
Le colloque international organisé par le Gresea avec le GRAID le 27 mai 2014 cherchait à cerner quelles pourraient être, demain, "les alliances transnationales" des travailleurs. Il a donné lieu à six analyses de type "pluridisciplinaires", dont voici le 1er volet : portrait en contre-plongée des deux principaux acteurs concernés, l’entreprise multinationale (concentration) et les organisations de travailleurs (fragmentation).
2e volet : survol historique
L’idée d’une "coalition" internationale des travailleurs ne date pas d’hier. Dès la fin du 19e siècle, "l’internationale" se voulait ouvrière. Coup d’accélérateur dans les années soixante, qui verront s’éclore des fédérations syndicales internationales, des comités d’entreprise européens et, tout récemment, des "accords-cadres" à vocation globale. Tour d’horizon. (Ce 2e volet peut, comme tous les autres de la série, se lire indépendamment des autres.)
3e volet : le réseautage en call centre
Les forums sociaux sont passés par là… C’est à Londres, puis à Nairobi (2007) que la chose prend forme : pour résister à la mise en concurrence des travailleurs des call centres tunisiens de la transnationale française Teleperformance, des syndicalistes (Sud PTT, CGT & UGTT) prennent langue, et s’associe au réseau Rezisti, en actionnant le comité d’entreprise européen ad hoc : tâtonnements rebelles…
4e volet : Nord et Sud, géométrie variable
Au Nord, ArcelorMittal, au Sud, au Cameroun, Socapalm (contrôlé, au Nord, par Bolloré). Deux cas d’école, deux méthodes, deux chemins vers l’alliance des travailleurs, la tradition étant plutôt "verticale" en Europe et, en Afrique, "horizontale", legs historique oblige. Qui dit internationalisme, dit approches multi-nationales.
5e volet : les alliances "urgentistes"
Globalement, les organisations de travailleurs sont plutôt sur la défensive, rapport de forces oblige : la "conjoncture" n’est pas à la prise de la Bastille. D’où des ripostes sur un mode plus pragmatique. Aboutir ici et maintenant à des améliorations à la marge – même si la "marge" est bien souvent une question de vie ou de mort : à preuve, l’effondrement de l’usine de Rana Plaza en 2013 au Bangladesh. La grande machinerie syndicale (fédérations mondiales) déploie ses propres moyens : ils sont faibles…
6e volet : les pièces manquantes (salaires et État)
6e et dernier volet pour tenter de boucler la boucle. Alliances ouvrières transnationales ? Elles ont le désavantage, à surmonter, du grand écart, sectoriel et géographique : à une extrême, en fer de lance, les secteurs et organisations riches d’une longue histoire syndicale et, à l’autre, le nouveau "lumpenproletariat" des rivages à bas salaires. Ajouter la pièce manquante au puzzle : l’enjeu salarial et, last but not least, le rôle de l’État, grand absent…