Dole Philippines, filiale du groupe agroalimentaire Dole Food, est une des plus grandes multinationales opérant dans les îles du Pacifique. Elle a été nominée en janvier 2008 pour le "Public Eye Award" par lequel la Déclaration de Berne récompense chaque année "la multinationale Multinationale Entreprise, généralement assez grande, qui opère et qui a des activités productives et commerciales dans plusieurs pays. Elle est composée habituellement d’une maison mère, où se trouve le siège social, et plusieurs filiales étrangères.
(en anglais : multinational)
la plus irresponsable". Il y a à cela quelques bonnes raisons. Elle possède aux Philippines quelque 12.000 hectares de plantation d’ananas sur lesquels travaillent plus de 17.000 ouvriers (en majorité des ouvrières). Si, comme en témoigne son site Internet, elle se décrit comme un modèle quant au respect des standards sociaux, la réalité sur les plantations d’ananas et dans les usines de conditionnement semble être beaucoup moins idyllique. Le dernier rapport de l’organisation EILER (un centre philippin d’éducation ouvrière) est alarmant à plus d’un titre. Depuis les années 90, Dole Philippines a progressivement réduit sa main d’œuvre régulière (de 8.000 à 3.800) en lui préférant des travailleurs contractuels embauchés par l’intermédiaire d’agences locales. Si bien qu’aujourd’hui, les travailleurs engagés directement par l’entreprise ne représentent plus que 29% de sa main-d’œuvre totale. Ce procédé permet à l’entreprise d’éviter toute action collective puisque la loi philippine interdit aux travailleurs contractuels de rejoindre un syndicat. Externaliser l’embauche pour mieux exploiter le travail. En outre, les ouvriers reçoivent 4 dollars par jour de travail. Cette rémunération correspond à la moitié du salaire de subsistance tel que défini par l’État philippin et au 10e du salaire quotidien perçu par les ouvriers américains de Dole. Ajoutons que les travailleurs sont payés au rendement, ce qui les obligent bien souvent à dépasser leur temps de travail (8 heures par jour). Plus grave encore, beaucoup de paysans locaux ont loué leur parcelle à la multinationale et ils ne leur reste bien souvent pas de quoi assurer leur propre sécurité alimentaire. Ils n’ont alors d’autre choix que de solliciter l’aide de leurs enfants pour arrondir des fins de mois bien difficiles.

Source : Site de la Déclaration de Berne ( http://www.evb.ch/fr/f25000188.html ). Les conclusions du rapport de EILER (Ecumenical Institute for Labor Education and Research) est disponible à l’adresse : http://www.eilerinc.org/features/2007/07/harvest-broken-promises.