20 octobre 2009. En soirée, sur le campus bruxellois de l’UCL, deux associations chrétiennes ont invité Godfried Danneels et Alexandre Lamfalussy à parler des "Enjeux éthiques et politiques de la gouvernance financière internationale", c’était le titre sur le programme. Danneels est homme d’église, archevêque de Malines-Bruxelles, et Lamfalussy, un habitué des hautes sphères financières (BRI
BRI
Banque des Règlements Internationaux Organisme établi à Bâle dès 1930 pour administrer les réparations allemandes après le premier conflit mondial. Elle assure aujourd’hui le rôle de lieu de réunion, de dialogue et d’accords des grandes banques centrales mondiales. Son capital est constitué par l’apport de 60 banques centrales, à commencer par celles des États-Unis, d’Allemagne, de France, d’Angleterre, de Belgique et d’Italie. Elle tente de fixer les règles de surveillance des banques privées.
(En anglais : Bank for International Settlements, BIS)
, Institut monétaire européen, etc.) où il poursuit, à 80 ans, une carrière d’éminence grise. On a toujours intérêt à voir ce qui se fait et se pense ailleurs. Le Gresea est allé voir. Il y avait beaucoup de gens aux cheveux blancs, venus là pour tenter de comprendre un monde qui ne correspond plus à rien de ce qu’ils ont toujours tenu pour sûr, déroutés par tant d’incertitudes, quasi existentielles, qui ne l’est pas ? Il est douteux que les deux orateurs les aient aidés à repartir rassurés. Évoquant le fol engrenage de la libéralisation tous azimuts, Lamfalussy aura la franchise de le rappeler : "On ne peut faire retourner l’esprit dans la bouteille que si tout le monde le veut. Re-réguler ? C’est impensable dans la situation actuelle. Les États-Unis n’en veulent pas, c’est aussi simple que cela." Et d’ajouter, pour qui en douterait : "Je ne connais pas un seul exemple d’autorégulation réussie" dans le domaine (du contrôle bancaire) prudentiel. Là-dessus Danneels. Il dira sa conviction que, si l’Église n’est pas technicienne en ces matières, ce ne sera par des interventions de ce type qu’une sortie de crise sera possible : "On bouche des brèches par des lois et on obtient une société d’avocats." La crise a mis en évidence qu’on "peut gagner de l’argent avec de l’argent qu’on n’a pas" mais, plus encore, la disparition d’un "consensus de base" dans la Cité, détruit par une "morale" dominante et dominatrice, du chacun pour soi. C’est peut-être aussi simple que cela...