En 2014, l’expression « immigration crisis » prend une ampleur médiatique spectaculaire aux États-Unis. Un an plus tard, les médias européens nous parlent de « crise migratoire ». Mais qu’en est-il de ces crises ? et que se passe-t-il lorsque l’exception, c’est-à-dire « la crise », devient la « norme » ? Quel est le rapport entre la normalisation de l’expression « crise migratoire » et les politiques migratoires du Nord Global ?

Partant du constat que le discours sur « la crise migratoire » se doit moins à des dynamiques migratoires qu’à des transformations politiques, un collectif de chercheur·euses d’Europe et du continent américain, s’est essayé à analyser les formes de gouvernance des migrations du Nord Global et sa production des « zones temporaires de mobilité hiérarchisées ». Leurs travaux font désormais l’objet d’un ouvrage : Movilidades humanas en crisis. Estudios comparados en las fronteras de las Américas y Europa (Mobilités humaines en crise. Études comparées aux frontières des Amériques et de l’Europe, Universidad Iberoamericana/LMI Meso, 2024).

Sous la coordination de Yerko Castro Neira, Alejandro Agudo Sanchíz et Catherine Bourgeois, cet ouvrage (accessible en ligne, mais pas encore traduit en français) réunit des recherches sur des territoires frontaliers entre le Nord Global et Sud Global. En effet, que ce soit aux États-Unis, en Australie ou en Europe, l’une des transformations majeures des politiques migratoires ces dernières années consiste à externaliser le contrôle de ses frontières. Ces politiques ont un impact majeur pour les migrations et pour les pays devenus des nouveaux territoires de tri des migrant·es pour le Nord Global ou, comme le soulèvent les auteur·rices de cet ouvrage, des « zones temporaires de mobilités hiérarchisées ».

Lors de cette soirée, animée par Natalia Hirtz, nous aurons l’occasion d’approfondir ces thématiques avec :

Catherine Bourgeois, docteure en sciences politiques et sociales (ULB) et co-coordinatrice du livre, elle présentera le fil conducteur de cet ouvrage collectif pour se centrer, ensuite, sur ses travaux concernant les (in)mobilités des Haïtiens et des Haïtiennes dans les territoires frontaliers du Mexique, dans un contexte d’externalisation Externalisation Politique d’une firme consistant à sortir de son ou de ses unités de production traditionnelles des ateliers ou départements spécifiques. Cela peut se passer par filialisation ou par vente de ce segment à une autre entreprise.
(en anglais : outsourcing)
du contrôle et de tri migratoire.

Lorenzo Gabrielli (en visioconférence), chercheur à l’Universitat Pompeu Fabra de Barcelone et co-auteur avec Amarela Varela-Huerta d’un chapitre de cet ouvrage sur l’économie politique des productions médiatiques autour de la migration dans les frontières du Nord Global (spécifiquement dans les frontières Maroc-Espagne et Mexique- États-Unis). Gabrielli nous parlera sur la fabrication et reproduction des discours hégémoniques. Une analyse qui décortique la « pédagogie de la cruauté ».

Edgar Córdova Morales (en visioconférence), chercheur à l’université Paris Saclay. Il présentera ses recherches sur l’île de Lesbos et sur sa position en tant que chercheur « non privilégié » (non-blanc, originaire d’un pays du Sud Global et ne disposant d’aucun contact privilégié en Grèce) qui lui a, paradoxalement, permis de réaliser une « ethnographie transgressive » dans le camp de Mória.

Entrée gratuite
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