La viande de volaille est, après le porc, la plus produite et la plus consommée au monde. Le poulet occupe la tête de cette production, avec 85% de la viande de volaille produite (poulet, dinde, oie, canard…). La généralisation et la rationalisation des modes de production en batterie ou hors sol, la réduction de la durée de l’élevage, la standardisation des produits, la réduction des coûts de production, sans oublier les politiques de soutien à l’agrobusiness ont dynamisé cette production, la multipliant par 4 depuis 1970.

 Guerre commerciale et invasion des " congelés "

Quatre pays (ou groupes de pays) assurent près de 90% des exportations mondiales de viande de volaille : les États-Unis (36%), le Brésil (31%), l’Union européenne Union Européenne Ou UE : Organisation politique régionale issue du traité de Maastricht (Pays-Bas) en février 1992 et entré en vigueur en novembre 1993. Elle repose sur trois piliers : les fondements socio-économiques instituant les Communautés européennes et existant depuis 1957 ; les nouveaux dispositifs relatifs à la politique étrangère et de sécurité commune ; la coopération dans les domaines de la justice et des affaires intérieures. L’Union compte actuellement 27 membres : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas (1957), Danemark, Irlande, Royaume-Uni (1973), Grèce (1981), Espagne, Portugal (1986), Autriche, Finlande, Suède (1995), Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Tchéquie (2004), Bulgarie, Roumanie (2007).
(En anglais : European Union)
(15%) et la Thaïlande (8%). C’est une guerre commerciale où le Brésil et la Thaïlande marquent des points, grâce à de faibles coûts de production bénéficiant d’une main-d’œuvre et d’une alimentation pour volaille bon marché.

Les principaux pays de l’Union européenne ont accusé un recul sur de nombreux marchés, à l’exception notoire de l’Afrique subsaharienne qui absorbe environ 25% des exportations de viande de volaille de l’UE UE Ou Union Européenne : Organisation politique régionale issue du traité de Maastricht (Pays-Bas) en février 1992 et entré en vigueur en novembre 1993. Elle repose sur trois piliers : les fondements socio-économiques instituant les Communautés européennes et existant depuis 1957 ; les nouveaux dispositifs relatifs à la politique étrangère et de sécurité commune ; la coopération dans les domaines de la justice et des affaires intérieures. L’Union compte actuellement 27 membres : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas (1957), Danemark, Irlande, Royaume-Uni (1973), Grèce (1981), Espagne, Portugal (1986), Autriche, Finlande, Suède (1995), Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Tchéquie (2004), Bulgarie, Roumanie (2007).
(En anglais : European Union)
. Entre 1999 et 2003, les importations de viande de volaille en Afrique subsaharienne de viande de volaille passaient de 200 000 tonnes à 392 000 tonnes. Pour la même période, les exportations de poulets de l’Union européenne passaient de 117 000 tonnes à 182 000 tonnes. Ainsi, entre 1999 et 2003, les exportations de poulets congelés vers le Cameroun sont passées de 12 000 à 22 154 tonnes. Au Sénégal, pour la même période, le volume des importations de viande de volaille passait de 1.137 à 11.950 tonnes. Les Pays-bas, la Belgique et la France ont pris la tête des exportations vers ces deux pays africains.

 Une catastrophe économique et sanitaire

Les exportations massives et incontrôlées de découpes de poulet " congelé " vers Afrique de l’Ouest et Centrale constituent une véritable catastrophe pour les paysans-producteurs -les filières avicoles-, les économies nationales et la santé des populations.

Une catastrophe économique !

Ces exportations, bénéficiant de subventions indirectes -la baisse du prix des aliments a permis une baisse de 25% du coût des exportations de l’UE vers l’Afrique de l’Ouest- entrent en concurrence " déloyale " avec la production locale.
Congelées et exportées, les cuisses de poulet et les poules de réforme (vieilles pontes) sont bradées sur les marchés africains à des prix imbattables : deux à trois fois moins chers que la production avicole locale !
La plupart des paysans ne peuvent plus vendre leur production à un prix rémunérateur. Cette situation entraîne la stagnation ou l’effondrement des activités du secteur avicole. Au Sénégal, par exemple, 70% des élevages de poulets de chair ont disparu depuis janvier 2000. Au Cameroun, sur un échantillon de 100 petits producteurs identifiés en 1996, seuls huit étaient encore en activité en 2002. Le démantèlement des filières avicoles locales provoque également des pertes d’emplois ruraux (production de maïs,…) et urbains (plumage et commercialisation). Cette situation pousse à l’émigration des paysans vers les villes, avec l’entassement dans les bidonvilles et l’aggravation de la misère urbaine, dans une région au sud du Sahara où l’extrême pauvreté touche la moitié des Africains et la faim un tiers d’entre eux, tandis qu’un sixième des enfants meurt avant l’âge de cinq ans.

Une catastrophe sanitaire.

A l’arrivée des découpes congelées de viande de volaille, dans les ports africains, la chaîne du froid est souvent rompue. Le manque d’équipement pour le stockage et la conservation des produits congelés expose la population à toutes sortes de maladies. Une étude de l’Institut Pasteur de Yaoundé, capitale du Cameroun, révèle que 83,5% des morceaux de poulet étudiés, prélevés sur les marchés, sont impropres à la consommation humaine, en raison d’une alternance de congélation-décongélation.

 Des politiques néolibérales…

L’Accord sur l’Agriculture de l’OMC OMC Organisation mondiale du Commerce : Institution créée le 1er janvier 1995 pour favoriser le libre-échange et y ériger les règles fondamentales, en se substituant au GATT. Par rapport au GATT, elle élargit les accords de liberté à des domaines non traités à ce niveau jusqu’alors comme l’agriculture, les services, la propriété intellectuelle, les investissements liés au commerce… En outre, elle établit un tribunal, l’organe des règlements des différends, permettant à un pays qui se sent lésé par les pratiques commerciales d’un autre de déposer plainte contre celui-ci, puis de prendre des sanctions de représailles si son cas est reconnu valable. Il y a actuellement 157 membres (en comptant l’Union européenne) et 26 États observateurs susceptibles d’entrer dans l’association dans les prochaines années.
(En anglais : World Trade Organization, WTO)
, ratifié par les pays de l’Afrique subsaharienne, est venu booster les importations de découpes de poulet au détriment des filières avicoles locales. Et même si l’Accord sur l’Agriculture tolère, dans des circonstances bien précises, le recours à des mécanismes ponctuels de protection de la production locale, ces possibilités sont rendues difficilement praticables par suite des engagements contraignants de ces mêmes pays vis-à-vis du Fonds Fonds (de placement, d’investissement, d’épargne…) : société financière qui récolte l’épargne de ménages pour l’investir ou le placer dans des produits financiers plus ou moins précis, parfois définis à l’avance. Il existe des fonds de pension, des fonds de placement, des fonds de fonds qui sont proposés à tout un chacun. En revanche, les hedge funds (fonds spéculatifs) et les private equity funds sont réservés à une riche clientèle.
(en anglais : fund)
monétaire international et de la Banque mondiale Banque mondiale Institution intergouvernementale créée à la conférence de Bretton Woods (1944) pour aider à la reconstruction des pays dévastés par la deuxième guerre mondiale. Forte du capital souscrit par ses membres, la Banque mondiale a désormais pour objectif de financer des projets de développement au sein des pays moins avancés en jouant le rôle d’intermédiaire entre ceux-ci et les pays détenteurs de capitaux. Elle se compose de trois institutions : la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), l’Association internationale pour le développement (AID) et la Société financière internationale (SFI). La Banque mondiale n’agit que lorsque le FMI est parvenu à imposer ses orientations politiques et économiques aux pays demandeurs.
(En anglais : World Bank)
. Sont passés par là les programmes d’ajustement structurel, opérant, avec l’engrenage de la dette, un véritable transfert de richesses du Sud vers le Nord ! Dans ce contexte contraignant, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a divisé par trois les droits de douane sur les importations de viande de poulet en janvier 2000, les ramenant au tarif de 20%.
Les Accords de Cotonou (Bénin), signés en l’an 2000 entre les Quinze pays de l’Union européenne et les 77 pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique), prévoient, à leur tour, au plus tard au 1er janvier 2008, la mise en œuvre d’accords de partenariat économique (APE) entre l’UE et les ACP. En fait, ces accords de " partenariat " élargissent les zones de " libre-échange " pour les produits européens, mettant ainsi davantage en danger les filières agricoles locales (volaille, viande bovine et porcine, céréales, produits laitiers,…).

 En soutien à l’agrobusiness

En parfaite contradiction avec le credo " libre-échangiste ", l’Union européenne, les États-Unis ou encore le Japon ont, pendant une trentaine d’années, arrosé de subventions leurs producteurs agricoles. Les principaux bénéficiaires en sont les plus gros producteurs et l’industrie agroalimentaire. Ainsi, dans l’UE, moins de 20% des exploitations agricoles reçoivent 80% de l’aide à l’agriculture. Aux États-Unis, 80% des petites exploitations ne reçoivent que 16% du total des subventions.

Aujourd’hui, la réduction des soutiens directs aux exportations agroalimentaires dissimule en fait le rôle croissant des aides indirectes aux exportations. L’agro-industrie achète les produits agricoles à des prix très bas, ceux-ci étant compensés par des aides directes à la production payées par les contribuables.

Bien que 70 à 80% des exportations de viande de volaille et de porc de l’UE aient pu se faire, ces dernières années, sans subventions (restitutions) à l’exportation, plus de 50% de leurs coûts de production sont représentés par les aliments de bétail fortement subventionnés par la Politique agricole commune (la PAC). Ces produits, vendus à des prix de dumping (prix inférieur au coût de production dans le pays d’origine) sur les marchés africains ou tout simplement bradés (compte tenu de leur valeur marchande très faible sur le marché Marché Lieu parfois fictif où se rencontrent une offre (pour vendre) et une demande (pour acheter) pour un bien, un service, un actif, un titre, une monnaie, etc. ; un marché financier porte sur l’achat et la vente de titres ou d’actifs financiers.
(en anglais : market)
d’origine), acculent ces pays à une situation de dépendance et d’insécurité alimentaires, à la merci des stratégies des firmes de l’agrobusiness. Des firmes qui, dans la bataille commerciale et la recherche de coûts de production les plus bas, n’hésitent pas à délocaliser. Le groupe français Charles Doux, premier volailler européen et quatrième mondial, possède des filiales au Brésil, où les coûts de production avicole sont parmi les plus bas du monde. De là, il exporte vers l’Europe et d’autres parties du monde, accélérant la crise du secteur avicole en France et se dégageant, à bon compte, de la responsabilité d’un développement local au Brésil.

" L’agriculture productiviste et industrielle, modèle dominant de l’agriculture en Europe et dans les pays développés en général, privilégie la mission de production maximale et de compétitivité dans la guerre économique du marché mondial et du libre-échange ", souligne le Mouvement wallon d’Action Paysanne (MAP), dans son programme fondamental. " Ce faisant, elle relègue au second plan, voire conteste radicalement, les autres aspects de la multifonctionnalité de l’agriculture que sont l’emploi, le respect de l’environnement, l’occupation du territoire et aussi la qualité des produits et la satisfaction des consommateurs ". Les bénéfices plus qu’appréciables, captés par les firmes de l’agrobusiness et les grandes chaînes de distribution, sont réalisés sans que la baisse des prix agricoles soit répercutée -ou si rarement- sur les consommateurs.

 Une campagne pour le droit à la protection des marchés agricoles

En avril 2004, s’est tenu à Yaoundé, au Cameroun, un séminaire international axé sur le thème : " Réflexions et échanges sur le phénomène de l’importation massive et incontrôlée de poulets congelés en Afrique ". Ce séminaire regroupait une soixantaine de participant(e)s venu(es) du Cameroun, du Sénégal, de la Gambie, de la Côte d’Ivoire, du Togo, du Bénin, du Mali, du Gabon, du Congo, de la République démocratique du Congo, ainsi que de la France, de la Belgique, de la Hollande, de la Suisse et du Luxembourg.

Dans une déclaration finale commune, les participant(e)s décidaient de " créer un réseau de solidarité africaine et mondiale pour développer des voies et moyens nécessaires, afin de mettre en œuvre des stratégies convergentes de lutte contre les méfaits en Afrique de l’importation massive et incontrôlée de poulets congelés (…) ; de favoriser une production avicole locale en qualité et en quantité suffisante en Afrique ".

Au Cameroun (à l’initiative de l’ACDIC -association citoyenne de défense des intérêts collectifs- et du SAILD - service Service Fourniture d’un bien immatériel, avantage ou satisfaction d’un besoin, fourni par un prestataire (entreprise ou l’État) au public. Il s’oppose au terme de bien, qui désigne un produit matériel échangeable.
(en anglais : service)
d’appui aux initiatives locales de développement-) et au Sénégal (à l’initiative du bureau régional d’Oxfam Grande-Bretagne), des campagnes nationales d’information et de lobbying sont en cours. Parmi les objectifs avancés, on peut retenir : une meilleure utilisation de mesures exceptionnelles, prévues dans les Accords de l’OMC, pour freiner ponctuellement les importations de poulet congelé ; le renforcement des contrôles et des taxes à l’importation ; le développement des filières avicoles locales par un financement approprié, etc.

En Belgique (à l’initiative de SOS-Faim, avec l’appui du GRESEA) et en France (à l’initiative d’Agir ici, en partenariat avec le CCFD, le CFSI et le GRET, avec le soutien de toute une série d’organisations), des campagnes sont également en cours, dont l’objectif central " vise à faire reconnaître le droit des pays à protéger leur marché des importations déstructurant leurs filières agricoles locales, afin de mener à bien des politiques en faveur du développement et d’une agriculture durable et solidaire ".

S’adressant en particulier à l’Union européenne, les organisations porteuses de la campagne demandent que " dans le cadre des négociations des accords de partenariat économique entre l’UE et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), comme au sein de l’Organisation mondiale du Commerce Organisation mondiale du Commerce Ou OMC : Institution créée le 1er janvier 1995 pour favoriser le libre-échange et y ériger les règles fondamentales, en se substituant au GATT. Par rapport au GATT, elle élargit les accords de liberté à des domaines non traités à ce niveau jusqu’alors comme l’agriculture, les services, la propriété intellectuelle, les investissements liés au commerce… En outre, elle établit un tribunal, l’organe des règlements des différends, permettant à un pays qui se sent lésé par les pratiques commerciales d’un autre de déposer plainte contre celui-ci, puis de prendre des sanctions de représailles si son cas est reconnu valable. Il y a actuellement 157 membres (en comptant l’Union européenne) et 26 États observateurs susceptibles d’entrer dans l’association dans les prochaines années.
(En anglais : World Trade Organization, WTO)
(OMC), l’UE garantisse le droit des pays à protéger leur marché agricole, dans la perspective d’une agriculture durable et solidaire ".

 La souveraineté alimentaire : un droit fondamental

Ces campagnes, menées en Belgique et en France en solidarité avec les organisations paysannes, sociales, humanitaires d’Afrique subsaharienne, s’appuient sur un principe : la souveraineté alimentaire. Ce droit fondamental trouve sa concrétisation dans des revendications concrètes portées par les organisations paysannes, sociales et citoyennes au Sud et au Nord. Ces revendications s’appliquent tout particulièrement au secteur avicole.
Il s’agit de donner la priorité à la production agricole (avicole) locale pour nourrir les populations. Il s’agit aussi d’opérer une protection à l’importation au Nord et surtout au Sud pour des pays qui n’ont pas les moyens budgétaires d’accorder des soutiens internes (et a fortiori à l’exportation).

Il s’agit également de maîtriser la production et l’offre au Nord, afin qu’il ne soit plus nécessaire d’écouler les excédents à des prix de dumping. Ainsi, une certaine protection pourrait être salutaire, au sein de l’UE, contre les importations d’aliments de bétail par exemple. Cette protection permettrait à l’UE de réduire fortement ses excédents exportables de céréales, de viandes et de produits laitiers pour favoriser une agriculture moins intensive en intrants et protégeant mieux l’environnement, la qualité des produits et l’emploi.

Faut-il pour autant éliminer toute aide directe ? Comme le rappelait Via Campesina, lors de sa 4e conférence à Sao Paulo, le 19 juin 2004 : " Le soutien en agriculture ne doit pas être utilisé pour exporter, mais il est nécessaire, dans les pays " en développement " pour favoriser l’accès à la production agricole (moyens de production) et au commerce local/régional (infrastructures…) ; il est nécessaire dans les pays industrialisés, pour maintenir un monde rural vivant, basé sur des exploitations familiales durables dans toutes les régions ".

Le droit à la souveraineté alimentaire, axe central des campagnes menées en Belgique et en France, en solidarité avec les campagnes au Cameroun, au Sénégal et bientôt dans d’autres pays d’Afrique subsaharienne, s’inscrit dans une autre logique de développement au Sud, comme au Nord. Elle se nourrit de l’aspiration à plus de justice et de solidarité que les mouvements sociaux expriment avec de plus en plus de précision partout dans le monde.
Cette démarche implique l’entrée en action d’un puissant mouvement social et citoyen.
Un mouvement poussé à se confronter davantage au rôle écrasant que jouent aujourd’hui les agents économiques, en l’occurrence les multinationales de l’agrobusiness.
Un combat concerté au niveau international, en liaison avec l’ensemble des organisations de la solidarité internationale, pour briser le cercle infernal de la dette, pour mettre fin aux plans d’ajustement structurel, à la dégradation des termes de l’échange Termes de l’échange Pouvoir d’achat de biens et services importés qu’un pays détient grâce à ses exportations. L’indice des termes de l’échange le plus courant mesure le rapport entre les prix des exportations et les prix des importations. Une augmentation de cet indice correspond à une amélioration des termes de l’échange : par exemple, un pays vend plus cher ses exportations pour un prix à l’importation constant. Inversement, une diminution de l’indice correspond à une dégradation des termes de l’échange.
(en anglais : terms of trade)
, à l’appropriation par les multinationales des richesses naturelles du Sud, pour une remise en cause et une transformation radicale des institutions politiques, financières et économiques, internationales (le FMI FMI Fonds Monétaire International : Institution intergouvernementale, créée en 1944 à la conférence de Bretton Woods et chargée initialement de surveiller l’évolution des comptes extérieurs des pays pour éviter qu’ils ne dévaluent (dans un système de taux de change fixes). Avec le changement de système (taux de change flexibles) et la crise économique, le FMI s’est petit à petit changé en prêteur en dernier ressort des États endettés et en sauveur des réserves des banques centrales. Il a commencé à intervenir essentiellement dans les pays du Tiers-monde pour leur imposer des plans d’ajustement structurel extrêmement sévères, impliquant généralement une dévaluation drastique de la monnaie, une réduction des dépenses publiques notamment dans les domaines de l’enseignement et de la santé, des baisses de salaire et d’allocations en tous genres. Le FMI compte 188 États membres. Mais chaque gouvernement a un droit de vote selon son apport de capital, comme dans une société par actions. Les décisions sont prises à une majorité de 85% et Washington dispose d’une part d’environ 17%, ce qui lui donne de facto un droit de veto. Selon un accord datant de l’après-guerre, le secrétaire général du FMI est automatiquement un Européen.
(En anglais : International Monetary Fund, IMF)
, la Banque mondiale et l’OMC).

P.-S.

Chicken Connection. Le poulet africain étouffé par l’Europe, GRESEA octobre 2004, 140 pp.