Clients de tous les pays, soignez-vous !
Bienvenue dans le royaume de la pharmacopée.
C’est un business dont la presse économique explore régulièrement les potentialités. La maladie d’Alzheimer, par exemple. Son "coût" social, informe le Financial Times du 7 septembre 2012, est aujourd’hui estimé au niveau mondial à 600 milliards de dollars par an - pour quelque 36 millions de "clients". Mais ces chiffres vont connaître une croissance tout à fait alléchante. Vers 2050, on estime la clientèle mondiale à 115 millions, presque quatre fois plus. Et il en ira de même du "potentiel" : entre ces deux dates, la valeur du marché de la pharmacopée anti-Alzheimer devrait tripler, passant de 5,8 milliards de dollars à 14,5 milliards.

Même scénario pour les pathologies chroniques graves au sujet desquelles le journal financier Les Échos du 29 juin 2012 rappelle qu’elles frappent un Français sur six. Par ordre de nombres de malades décroissants remboursés par la sécurité sociale, ce sont le diabète (1,89 million de clients), le cancer (1,86 million), l’hypertension (1,2 million), les affections psychiatriques (1 million), les maladies coronaires (0,9 million) et l’insuffisance cardiaque (0,7 million). Le fait frappant, et alléchant est cependant celui-ci : ces maladies représentent les deux tiers des remboursements et... environ 90% de leur croissance.

Un dernier chiffre et puis on arrête. Aux États-Unis, un pays qui se singularise parmi les économies avancées comme celle qui connaît le plus faible taux de couverture des soins de santé (50 millions de personnes, soit près de 16% de la population, ne bénéficient d’aucune couverture), les dépenses en soins de santé battent paradoxalement tous les records : aucune autre économie avancée n’affiche un poids égal à celui que les États-Unis ont fait place à cette catégorie de consommation : 17% du produit intérieur brut.
Ces données ont un trait en commun.

Elles soulignent ce fait singulier (rien n’y prédispose par nécessité) que la santé est un marché. C’est un business. Et d’un genre assez particulier. Du point de vue économique, en effet, ce business a su se ménager un système parallèle qui n’obéit pas aux règles habituelles du marché. C’est, très largement, une économie assistée. Le succès (commercial) d’un médicament, donc de sa production industrielle, sera dans une très large mesure dépendant de la couverture sociale dont le médicament bénéficiera. Ce marché ne "fonctionne" que si la collectivité lui prête assistance.

On est là en présence d’un "climat d’affaires" très avantageux. Nul besoin de convaincre le consommateur, le corps médical s’en charge. Aucune nécessité de se lancer dans d’épuisantes batailles sur les prix, le remboursement ôte ce petit "souci". Mieux : on a affaire, du côté des consommateurs, à un "marché captif", le malade ne choisit pas de l’être, il est un client obligé - et il l’est d’autant plus que le système économique, de plus en plus obnubilé par la compétitivité, est pathogène (stress et autres syndromes d’usure physique accélérée) et que, ceci expliquant cela, un nombre croissant de troubles psychologiques et comportementaux, autrefois gérés comme des aléas normaux de la vie, ont été redéfinis, surtout chez les jeunes et avec le soutien bienveillant de la corporation médicale, comme nécessitant des traitements médicamenteux. Dans sa vision romanesque d’un monde totalitaire bâti sur des pilules du bonheur, Aldous Huxley ne croyait sans doute pas si bien dire. Cela n’a plus rien de futuriste.

Ajouter à cela, comme l’étude de Henri Houben le montre à suffisance dans les pages qui suivent, la concentration des pouvoirs oligopolistiques (économiques, politiques, sociaux, culturels) dont les grandes transnationales ont su, dans la pharma comme ailleurs, s’arroger. Déjà en 1971, dans son ouvrage sur les transnationales (The Multinationals), Christopher Tugendhat soulignait à quel point l’émergence de ces superpuissances économiques représente "une des évolutions les plus dramatiques" de notre époque, pour les gouvernements comme pour les syndicats. C’est aussi le message principal du livre collectif que le Gresea a publié cet été (Petit manuel des transnationales - 25 fiches pour comprendre, éditions Couleur Livres) : quiconque souhaite "transformer le monde" doit désormais intégrer cette donne.

C’est tout simplement une affaire de santé mentale.


Consultez le numéro complet :


Sommaire

Étude de Henri Houben

  • Edito/Clients de tous les pays, soignez-vous/Erik Rydberg
  • La santé insolente
  • Les profits
  • La constitution d’un monopole
  • Quand Big Pharma s’emmêle dans la politique
  • Le Belge a-t-il une brique ou un médicament dans son ventre ?
  • Quand la santé publique faisait les affaires du privé
  • A lire
  • Médicaments génériques menaces au Sud !/Marc François

 

Numéro consultable en ligne : http://issuu.com/gresea/docs/ge71sansimages

 

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