Les voies de l’économie sont mystérieuses. Le 1er décembre 2005, l’entreprise brassicole Inbev Belgique a décidé de supprimer 232 emplois (dans ses quatre brasseries belges) sur un total de 2.398 en Belgique. Auparavant, Inbev, né de la fusion
Fusion
Opération consistant à mettre ensemble deux firmes de sorte qu’elles n’en forment plus qu’une.
(en anglais : merger)
en août 2004 d’Interbrew et du Brésilien Ambev (transformant le nouveau groupe industriel en numéro un mondial avec une production de 205 millions d’hectolitres par an), avait annoncé la suppression de 45 emplois sur 400 à son quartier général à Louvain. Des quatre brasseries que le groupe possède actuellement en Belgique (Hoegaarden, Stella, Jupiler et Kriek Belle-Vue), le première est en voie de délocalisation
Délocalisation
Transfert de production vers un autre pays. Certains distinguent la délocalisation au sens strict qui consiste à déplacer des usines ailleurs pour approvisionner l’ancien marché de consommation situé dans la contrée d’origine et la délocalisation au sens large qui généralise ce déplacement à tout transfert de production.
(en anglais : offshoring).
(d’où 59 licenciements) vers le site de la troisième, ce qui n’a guère réjoui les travailleurs, on s’en doute, à commencer par ceux du site Belle-Vue à Molenbeek, promis à la fermeture. Ces décisions méritent d’être mises en parallèle avec les excellents résultats du groupe, en 2005 comme en 2004, année où Inbev enregistrait un bénéfice de 205 millions au 1er semestre et une progression du chiffre d’affaires
Chiffre d’affaires
Montant total des ventes d’une firme sur les opérations concernant principalement les activités centrales de celle-ci (donc hors vente immobilière et financière pour des entreprises qui n’opèrent pas traditionnellement sur ces marchés).
(en anglais : revenues ou net sales)
de 7% - tout en fermant deux brasseries en Grande Bretagne et au Canada, laissant 200 personnes sans emploi. Ajouter à cela que, au même moment, en décembre 2005, Inbev s’est offert la brasserie chinoise "Fujian Sedrin Brewery", la 8e plus grosse brasserie industrielle de la Chine. Le prix, jugé excessif par beaucoup ? 750 millions de dollars, un des plus gros montant déboursé pour un rachat d’entreprise sur sol chinois... Notons pour la petite histoire que la rentabilité de cet investissement
Investissement
Transaction consistant à acquérir des actifs fixes, des avoirs financiers ou des biens immatériels (une marque, un logo, des brevets…).
(en anglais : investment)
laisse plus d’un commentateur sceptique, et notamment Dennis Chai, une analyste financière américaine : "Tout le monde veut avoir sa place pour voir le film, bien que tout le monde sache que rien d’important ne va se passer pendant vingt ans." En termes de return, s’entend. La morale ? Amère, pour les travailleurs...
Sources : La Libre Belgique 01/12/05, New-York Times 09/12/05 et archives Gresea