Un petit détour par les faits : Puisse ce texte déplaire aux tenants d’une pensée économique qui fut, en son temps unique. C’était il y a trois ans, une éternité quand le cours de l’histoire s’accélère. Leurs clés de lecture, aujourd’hui dépassées, sont à la base des déboires qu’ont connus les grandes banques européennes et américaines. Ainsi en va-t-il de l’autorégulation des marchés, "théorie" battue en brèche par le simple fait de devoir faire appel à la puissance publique quand les choses se gâtent. Certes, de temps à autre, des commentateurs sortent, dans les médias mainstream, les trompettes thébaines pour nous assurer que le plus gros de la crise est derrière nous.
Ouf ? Malheureusement, ces poussées d’enthousiasme (de commande ?) sont assez rapidement démenties par les faits. A ce sujet, des économistes, pourtant peu réputés pour leur radicalité dans la critique du libéralisme contemporain, s’illustrent par leur pessimisme lucide.
Ainsi, en mai 2010, Elie Cohen, dans le magazine suisse "Banques et Finances", qualifiait l’autorégulation des marchés d’utopie et estimait qu’une prochaine crise financière était presque inéluctable et qu’à ce titre, "il faudra réduire l’activité financière, interdire certaines innovations et séparer les activités selon les spécialisations". [1] A en juger ces déclarations qui témoignent d’une évidente évolution personnelle chez Elie Cohen, que l’on avait connu plus accommodant en d’autres circonstances, on peut raisonnablement gager que la "relégitimation" de courants hétérodoxes, par rapport au néolibéralisme en fin de règne, poursuivra son chemin.

Mais, ne nous faisons pas d’illusions, cette réorientation aura, à n’en pas douter, des allures sinueuses. A cet égard, force est de constater la facilité avec laquelle le discours "écran de fumée" du néolibéralisme imprègne encore l’air du temps. Ainsi, en Belgique, un message a percolé et aura, en définitive, réussi à marquer l’opinion publique.

Celui qui, en l’espèce, consiste à affirmer que la recapitalisation des banques constitue un "investissement" dans le chef de l’Etat. Un simple détour par les chiffres est de nature à convaincre de l’inanité de cet argument. Certes, les garanties bancaires font l’objet, à l’heure actuelle, de remboursements de la part des établissements qui en ont bénéficié et des dividendes sont versés à l’Etat belge devenu, par les forces des choses, un banquier (privé). Cela dit, si l’on ne devait compter que sur ces seules rentrées, il faudrait attendre près d’une décennie pour apurer l’ardoise laissée par les recapitalisations bancaires (21,6 milliards d’euros).

N’en déplaise, par ailleurs, aux amateurs d’idées générales et de synthèses abruptes, ce texte n’a d’autre ambition que d’observer les faits afin de contrer, à son échelle, une des nombreuses manifestations de la pensée économique régnante. Les petits ruisseaux faisant les grandes rivières, ce n’est peut-être pas si mal. Au lecteur de juger sur pièce.

Sommaire

  • Edito/Un petit détour par les faits
  • Une crise née aux États-Unis
    • Le fiasco
    • Structures opaques pour marché fou
    • Dynamique de la crise et contamination de la sphère financière mondiale
  • Le tournant de 2008 en Belgique
    • Dexia
    • Fortis
    • Ethias
    • KBC
  • Une certaine idée de l’investissement socialement responsable
    • Un doute
    • De l’argent comme s’il en pleuvait
    • Un autre remède est possible
  • Les finances publiques belges trois ans après le sauvetage des banques
    • Débat sur la dette
    • Endettement et austérité à venir
  • Le paysage bancaire belge aujourd’hui
    • Dégonflées mais…
    • Stress tests
    • Cela rapporte combien ?
    • Retour du crédit ?
    • De nouveaux soucis en perspective ?
  • Pour en savoir plus/Marc François
  • A lire
  • Numéro consultable en ligne : https://issuu.com/gresea/docs/ge65reduit

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    Notes

    [1Banques et Finances, interview de Elie Cohen, mai-juin 2010, pp.12-14.