″Plus de trois milliards de personnes sont condamnées à mourir de faim et de soif dans le monde″ [1]. Cette phrase prononcée par le chef d’Etat cubain Fidel Castro et visant à dénoncer le projet de grand marché mondial des agro carburants du duo Bush-Lula, a une fois n’est pas coutume, trouvé écho dans plusieurs institutions, bien plus ″recommandables″ de part le monde. En effet, de la FAO (Organisation des Nations unies
Organisation des Nations Unies
ou ONU : Institution internationale créée en 1945 pour remplacer la Société des Nations et composée théoriquement de tous les pays reconnus internationalement (193 à ce jour). Officiellement, il faut signer la Charte de l’ONU pour en faire partie. L’institution représente en quelque sorte le gouvernement du monde où chaque État dispose d’une voix. Dans les faits, c’est le Conseil de sécurité qui dispose du véritable pouvoir. Il est composé de cinq membres permanents (États-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne) qui détiennent un droit de veto sur toute décision et de dix membres élus pour une durée de deux ans. L’ONU est constituée par une série de départements ou de structures plus ou moins indépendantes pour traiter de matières spécifiques. Le FMI et la Banque mondiale, bien qu’associés à ce système, n’en font pas officiellement partie.
(En anglais : United Nations, UN)
pour l’alimentation et l’agriculture) à l’OCDE
OCDE
Organisation de Coopération et de Développement Économiques : Association créée en 1960 pour continuer l’œuvre de l’Organisation européenne de coopération économique (OECE) chargée de suivre l’évolution du plan Marshall à partir de 1948, en élargissant le nombre de ses membres. A l’origine, l’OECE comprenait les pays européens de l’Ouest, les États-Unis et le Canada. On a voulu étendre ce groupe au Japon, à l’Australie, à la Nouvelle-Zélande. Aujourd’hui, l’OCDE compte 34 membres, considérés comme les pays les plus riches de la planète. Elle fonctionne comme un think tank d’obédience libérale, réalisant des études et analyses bien documentées en vue de promouvoir les idées du libre marché et de la libre concurrence.
(En anglais : Organisation for Economic Co-operation and Development, OECD)
(Organisation de coopération et de développement économiques), les experts s’accordent pour mettre en garde contre les risques que fait peser une demande croissante en agro carburants sur la sécurité alimentaire des peuples les plus pauvres de la planète.
Après avoir été pensés comme une alternative face aux défis énergétiques du 21e siècle : diminution des réserves pétrolières et lutte contre le réchauffement climatique, les agro carburants font face actuellement à diverses critiques sur leur coût écologique ou leur impact sur la hausse des produits alimentaires.
En effet, de l’Europe au Mexique, en passant par l’Inde, aucun pays n’échappe réellement à l’envolée des prix des produits alimentaires de base, et plus particulièrement des céréales. Ainsi, en un an, le prix du blé en Angleterre, est passé de 150 euros la tonne à 300 euros. En Afrique du Sud, les prix des produits alimentaires ont globalement augmenté de 17% et en Inde de 11%. La Chine, elle, a mis à l’arrêt le développement de sa production d’éthanol après que le prix de la viande de porc ait subi une augmentation de 42% en 2006 [2]. Le premier objectif du millénaire, réduire l’extrême pauvreté et la faim pour 2015, s’éloigne à grands pas.
L’explication de cette hausse des matières agricoles comporte plusieurs dimensions. Il y a tout d’abord les causes ″ponctuelles″ : mauvaises récoltes dues aux caprices du climat aux USA, en Europe de l’Est ou en Australie par exemple. Ensuite, il y a une cause plus structurelle à cette inflation
Inflation
Terme devenu synonyme d’une augmentation globale de prix des biens et des services de consommation. Elle est poussée par une création monétaire qui dépasse ce que la production réelle est capable d’absorber.
(en anglais : inflation)
: la mise en concurrence des terres alimentaires et des terres énergétiques pour répondre à une demande croissante en agro carburants.
Le pétrole qui flirte avec les 100 dollars le baril et le prix du panier de la ménagère qui s’envole, le portefeuille
Portefeuille
Ensemble de titres détenus par un investisseur, normalement comme placement.
(en anglais : portfolio).
du consommateur souffre au Nord, et surtout au Sud [3].
Hausse des prix agricoles, c’est structurel ?
Comme nous l’avons expliqué ci-dessus, l’ensemble du monde est actuellement touché par la forte hausse des produits agricoles, en particulier les céréales. De l’OCDE
OCDE
Organisation de Coopération et de Développement Économiques : Association créée en 1960 pour continuer l’œuvre de l’Organisation européenne de coopération économique (OECE) chargée de suivre l’évolution du plan Marshall à partir de 1948, en élargissant le nombre de ses membres. A l’origine, l’OECE comprenait les pays européens de l’Ouest, les États-Unis et le Canada. On a voulu étendre ce groupe au Japon, à l’Australie, à la Nouvelle-Zélande. Aujourd’hui, l’OCDE compte 34 membres, considérés comme les pays les plus riches de la planète. Elle fonctionne comme un think tank d’obédience libérale, réalisant des études et analyses bien documentées en vue de promouvoir les idées du libre marché et de la libre concurrence.
(En anglais : Organisation for Economic Co-operation and Development, OECD)
[4] à l’ONU
ONU
Organisation des Nations Unies : Institution internationale créée en 1945 pour remplacer la Société des Nations et composée théoriquement de tous les pays reconnus internationalement (193 à ce jour). Officiellement, il faut signer la Charte de l’ONU pour en faire partie. L’institution représente en quelque sorte le gouvernement du monde où chaque État dispose d’une voix. Dans les faits, c’est le Conseil de sécurité qui dispose du véritable pouvoir. Il est composé de cinq membres permanents (États-Unis, Russie, Chine, France et Grande-Bretagne) qui détiennent un droit de veto sur toute décision et de dix membres élus pour une durée de deux ans. L’ONU est constituée par une série de départements ou de structures plus ou moins indépendantes pour traiter de matières spécifiques. Le FMI et la Banque mondiale, bien qu’associés à ce système, n’en font pas officiellement partie.
(En anglais : United Nations, UN)
[5], une grande partie des observateurs s’accordent pour souligner l’impact de la production grandissante d’agro carburants sur les prix de l’alimentation.
De plus, si les carburants verts sont responsables de cette hausse, cela ne risque pas de s’arranger. En effet, les agro carburants constituent une des alternatives au pétrole les plus en vogue en ce moment. En témoignent les efforts déployés par les gouvernements des pays occidentaux pour encourager leur production. Ainsi, le flot ininterrompu de subsides et autres aides publiques qui rend les agro carburants plus compétitifs face aux énergies fossiles. Même si cela présente un coût pour le citoyen [6].
Depuis la remontée brutale des cours du pétrole et l’aggravation des tensions au Moyen-Orient après le 11 septembre 2001, la production mondiale d’éthanol a plus que doublé. Notamment aux Etats-Unis grâce aux puissants lobbies céréaliers [7].
Cependant, ce qui laisse songeur, c’est que cette augmentation des prix agricoles, si elle est bien due aux agro carburants, n’en est qu’à ses prémisses. En effet, en 2006, la consommation d’agro carburants n’a représenté qu’environ 2% de la consommation mondiale de carburant [8] !
Les agro carburants contribuent déjà à mettre en danger la sécurité alimentaire de certaines populations alors qu’ils ne représentent qu’une infime partie de notre consommation d’énergie. Qu’en sera-t-il alors dans un futur proche ?
Les agro carburants, simple bulle spéculative ou cause d’une augmentation structurelle du prix de notre alimentation ?
La terre du Sud aux spéculateurs du Nord
La montée en flèche du prix des céréales n’a pas laissé sans réaction les spéculateurs en tout genre qui peuplent les principales places boursières mondiales. En effet, les produits agricoles comme le maïs deviennent, au même titre
Titre
Morceau de papier qui représente un avoir, soit de propriété (actions), soit de créance à long terme (obligations) ; le titre est échangeable sur un marché financier, comme une Bourse, à un cours boursier déterminé par l’offre et la demande ; il donne droit à un revenu (dividende ou intérêt).
(en anglais : financial security)
que le pétrole ou les métaux, une cible de choix pour les fonds
Fonds
(de placement, d’investissement, d’épargne…) : société financière qui récolte l’épargne de ménages pour l’investir ou le placer dans des produits financiers plus ou moins précis, parfois définis à l’avance. Il existe des fonds de pension, des fonds de placement, des fonds de fonds qui sont proposés à tout un chacun. En revanche, les hedge funds (fonds spéculatifs) et les private equity funds sont réservés à une riche clientèle.
(en anglais : fund)
de pension et autres hedge funds [9]. Les spéculateurs ne sont pas la cause première de l’augmentation du prix du maïs sur le marché
Marché
Lieu parfois fictif où se rencontrent une offre (pour vendre) et une demande (pour acheter) pour un bien, un service, un actif, un titre, une monnaie, etc. ; un marché financier porte sur l’achat et la vente de titres ou d’actifs financiers.
(en anglais : market)
mondial. Cependant, en anticipant sur les échanges futurs, ils contribuent à accélérer le processus d’envol des prix.
Déjà en 2006, Pergam Finance, un fonds d’investissement
Fonds d'investissement
Société financière qui récolte l’épargne de ménages pour l’investir ou le placer dans des produits financiers plus ou moins précis, parfois définis à l’avance. Il existe des fonds de pension, des fonds de placement, des fonds de fonds qui sont proposés à tout un chacun. En revanche, les hedge funds (fonds spéculatifs) et les private equity funds sont réservés à une riche clientèle.
(en anglais : fund)
français ne cachait pas sa stratégie : "les centaines d’hectares de maïs et de soja disponible en Uruguay ou en Argentine sont autant de barils dormant de carburants verts" [10]. Il s’agit véritablement d’une tendance lourde. Au Brésil par exemple, les caciques de la finance mondiale se bousculent. Ainsi Georges Soros, par l’entremise de plusieurs fonds, acquiert des parts dans diverses entreprises actives aux différents échelons de la production d’éthanol [11].
En fait, l’explosion des produits agricoles en Europe ou aux Etats-Unis a déjà eu des répercussions directes sur les petites sociétés de production qui ne peuvent plus se fournir en matières premières agricoles. Ces dernières se tournent alors vers les capitaux des fonds d’investissement
Investissement
Transaction consistant à acquérir des actifs fixes, des avoirs financiers ou des biens immatériels (une marque, un logo, des brevets…).
(en anglais : investment)
. Carlyle et Riverstone, par exemple, sont très présents sur le marché de l’éthanol. En prenant des risques avec les prix des matières premières, ces fonds espèrent des retours sur investissement à la hauteur des sommes engagées.
En d’autres termes, il s’agit avec des fonds occidentaux de spéculer (ou spolier, c’est selon) sur les terres du Sud.
La hausse des prix des produits agricoles, et son corollaire l’insécurité alimentaire pour la moitié de la planète, est un processus en partie structurel qui résulte de la demande accrue d’agro carburants et se trouve accéléré par la spéculation
Spéculation
Action qui consiste à évaluer les variations futures de marchandises ou de produits financiers et à miser son capital en conséquence ; la spéculation consiste à repérer avant tous les autres des situations où des prix doivent monter ou descendre et d’acheter quand les cours sont bas et de vendre quand les cours sont élevés.
(en anglais : speculation)
. Et les paysans d’Europe, d’Afrique ou d’Amérique latine, qu’en pensent-ils ?
A qui profitent les superprofits ?
Après trois décennies de disette suite à une demande trop faible et des politiques publiques partiellement contre-productives au niveau social (Voyez la PAC !), les agriculteurs devraient se montrer satisfaits de la hausse du prix de leurs produits. Cependant, l’agriculture, qui occupe encore aujourd’hui près de trois milliards d’individus surtout dans le Tiers-monde, est loin d’être un secteur d’activité comme les autres.
La population mondiale est alimentée par deux mondes, deux types d’activités, qui coexistent sous l’appellation ″agriculteur″, et c’est bien là leur unique point commun.
Tout d’abord, une agriculture productiviste qui n’emploie pas plus d’une dizaine de millions d’individus, localisés en majeure partie en Amérique du Nord, en Europe, en Australie et dans le cône sud de l’Amérique latine. Détenteur de la motorisation et bénéficiaire des avancées technologiques, la production de ces grandes propriétés évolue entre 10 000 et 20 000 quintaux d’équivalent céréales par travailleur et par an [12].
Le monde de l’agriculture paysanne, lui, rassemble près de la moitié de l’humanité (3 milliards moins 10 millions). En occident, il s’agit de petites exploitations qui ont bénéficié de certains progrès technologiques (engrais, pesticides). Néanmoins, ils produisent peu (100 fois moins que l’agriculture productiviste) et face à la concurrence de l’agrobusiness, ces agriculteurs ont du mal à dégager une épargne minimum [13].
Enfin, il y a la grande majorité des agriculteurs du Tiers-monde dont la propre production (10 quintaux par an et par travailleur) ne suffit pas pour atteindre la souveraineté alimentaire.
L’eldorado des agro carburants, ce n’est certainement pas pour ces derniers. En effet, dans les Pays les Moins Avancés
Pays les moins avancés
ou PMA : Catégorie de nations créée en 1971 par l’ONU, regroupant les pays les moins développés socio-économiquement de la planète. Il existe trois critères pour classer un État dans les PMA : avoir un PIB par habitant inférieur à 900 dollars par an ; être manifestement en retard dans le développement humain ; être vulnérable économiquement. Sur base de ces indicateurs, il y a actuellement 48 pays dans ce groupe (contre 25 en 1971). Les PMA bénéficient normalement de conditions meilleures dans le cadre de l’aide au développement.
(En anglais : Least Developped Countries, LDC)
(PMA), les agriculteurs n’ont pas les moyens matériels de produire un surplus, ni celui d’investir afin d’obtenir ces moyens. Ensuite, les transnationales de l’agrobusiness ont déjà investit le terrain et pousse le prix de la terre vers le haut, lui aussi !
Dans la pratique, l’agriculture industrielle mondiale est le centre, aujourd’hui, d’un puissant processus d’alliance, souvent sous la forme de joint-venture, entre trois secteurs du capital
Capital
Ensemble d’actifs et de richesses pouvant être utilisés pour produire de nouveaux biens ou services.
(en anglais : capital, mais aussi fund ou wealth)
transnational. Il y a tout d’abord, certaines compagnies pétrolières qui veulent réduire leur dépendance vis-à-vis du pétrole et ainsi rassurer leur actionnariat. Ensuite, il y a les firmes automobiles qui tiennent, coûte que coûte, au maintien du modèle de mobilité actuel : la voiture individuelle. Et pour finir, les entreprises agroindustrielles qui veulent renforcer leur main mise sur l’agriculture mondiale [14]. Dans ce cadre, on assiste à des mariages d’intérêt. Ainsi, Archer Daniels Midland Company (ADM), le numéro 1 des céréaliers, et Monsanto, premier semencier mondial depuis 2005 ; Chevron, le pétrolier et Volkswagen ; Et enfin, BP, DuPont, le céréalier, et Toyota [15].
Face à de telles synergies, le monde paysan n’aura pas accès aux retombées financières de la production des agro carburants mais, et c’est le plus important, est appelé à disparaître face à la hausse du prix de la terre.
L’image de la petite exploitation agricole et du paysan en sarrau, nos enfants ne la connaîtront peut-être pas.
Paysan, un travail indécent
Les agro carburants ne présentent donc pas un levier pour un développement économique équitable du secteur agricole dans le Sud (Pour rappel, près de 3 milliards de personnes). Pire encore, au vu des expériences en Amérique latine, les agro carburants risquent en sus de dégrader les conditions de travail de ces mêmes paysans. Depuis 2004, par exemple, dans le seul Etat de Sao Paulo, 18 agriculteurs ont succombé aux conditions de travail auxquelles ils sont réduits. L’explication : un système de rémunération au rendement, un des piliers de la compétitivité de l’industrie brésilienne d’éthanol. Les coupeurs de cannes à sucre reçoivent, en moyenne, 0,93 centimes d’euro pour abattre une tonne de cannes. La moyenne est de 8 tonnes par jour mais pour survivre, certains paysans sont amenés à doubler voire tripler leur production journalière [16].
Changer le système ? La réponse d’un représentant du syndicat patronal local : ″Si changer ce système de rétribution doit nous coûter de l’argent, alors nous mécaniserons″ [17] ! Travail indécent oui, mais travail quand même…Alors, les agriculteurs continuent.
En Colombie, facteurs géopolitiques obligent, les atteintes aux droits des travailleurs dans les complexes palmiers sont multiples. De l’appropriation illicite de terres à l’assassinat de syndicalistes en passant par le blanchiment de l’argent du narco trafic, la production d’huile de palme nécessaire aux agro carburants est la porte ouverte à diverses formes d’exactions. Et, cette violence est indirectement le résultat d’une demande croissante d’éthanol en Europe [18].
Dans les faits, la production d’éthanol dans le Sud, n’est rien d’autre que le prolongement de l’exploitation coloniale des ressources naturelles et humaines. Cela rappelle étrangement les dérives du système de production du pétrole. Une périphérie qui répond et qui s’adapte aux besoins énergétiques d’un centre, sans bénéficier de retombées en termes de développement [19].
Pour un autre système énergétique mondial
La souveraineté alimentaire est ″le droit de chaque pays de maintenir et développer sa propre capacité à produire son alimentation de base, en respectant la diversité culturelle et agricole″ [20]. Un travail décent est ″le droit pour chacun d’obtenir un travail productif
Travail productif
Travail censé apporter une richesse supplémentaire à l’économie. Pour l’économie traditionnelle, tout travail marchand est productif, tout travail non marchand ne l’est pas. Pour le marxisme, il faut faire une distinction entre, d’une part, les opérations de circulation et de production et, d’autre part, les productions de marchandises et de services. Selon celui-ci, le travail de circulation (échanges de marchandises, de capital et de monnaie) ne crée pas de richesse supplémentaire. De même, le travail de services (comme l’éducation, les soins, la comptabilité, le transport des personnes, le tourisme…). Seul le travail producteur de marchandises est réellement productif sous le capitalisme.
(en anglais : productive work)
allant de pair avec la protection de ses droits et permettant d’obtenir un revenu suffisant et de bénéficier d’une protection sociale appropriée″ [21]. Le rappel de ces deux normes internationales de base ne semble pas inutile lorsqu’on aborde le thème du marché mondial de l’énergie, et plus particulièrement celui des agro carburants.
Dans le cas du pétrole, cette richesse
Richesse
Mot confus qui peut désigner aussi bien le patrimoine (stock) que le Produit intérieur brut (PIB), la valeur ajoutée ou l’accumulation de marchandises produites (flux).
(en anglais : wealth)
a appauvri certains peuples producteurs ou a provoqué un développement inégalitaire qui a plongé la majeure partie de la population de ces Etats dans l’extrême pauvreté. Au vu des expériences en Amérique latine, la production d’agro carburants pourrait-elle aussi s’avérer être une malédiction pour les peuples du Sud…à deux différences près : le secteur agricole c’est, en terme de travail, près de la moitié de l’humanité et en terme alimentaire, le premier besoin de tout être humain !
Il est dans ce cadre étonnant d’entendre de la bouche du président brésilien que son pays est appelé à devenir l’″Arabie saoudite du biocarburant″. L’Arabie saoudite est une dictature, la monarchie est totalement irresponsable face à la population et son développement est des plus artificiel ?
Sans se prononcer sur le bilan écologique des agro carburants car leur palette est immense avec, pour chacun, un rendement différent. Il est urgent, par contre, de proposer un autre système d’échange de l’énergie sur la scène internationale. Sans cela, le modèle de la ″malédiction pétrolière″ risque de se transposer aux agro carburants (n’est-ce déjà pas le cas).
L’équation de Johannesburg est toujours d’actualité
De la Conférence des Nations unies sur l’environnement à Stockholm en 1972 à la Conférence de Johannesburg [22] sur le développement durable en septembre 2002. Une des problématiques majeures de l’humanité est de concilier l’énergie, le respect de l’environnement et le développement économique.
Si le premier aspect de cette équation, énergie et environnement, est de plus en plus pris en compte par les pouvoirs publics et privés, il semble par contre que les coûts sociaux au Sud dus à la consommation d’énergie au Nord restent souvent à la marge des processus de décisions des Etats ou des entreprises. Les premiers privilégiant, avant tout, l’intérêt national en sécurisant des voies d’approvisionnement à bas prix et les secondes cherchant à maximiser la marge bénéficiaire qui existe entre le producteur du Sud et le consommateur du Nord.
Dans ce schéma, il n’y a toujours aucune place pour un hypothétique développement économique durable des pays les plus pauvres de la planète. Pourtant, l’accès à l’énergie, qu’elle soit verte ou noire, est un droit (plus encore pour les producteurs !) qui, trop souvent, reste bafoué.
Pour citer cet article :
Bruno Bauraind, "Agro carburants et Développement : c’est la bulle…", Gresea, Novembre 2007. Texte disponible à l’adresse :
http://www.gresea.be/spip.php?article1635