Le géant de la distribution Wal-Mart est actuellement confronté à une "class action" susceptible de devenir le plus important procès en discrimination à l’emploi jamais jugé par les tribunaux américains. Si les plaignants – des plaignantes, en l’occurrence – obtiennent gain de cause, ce sont en effet des milliards de dollars que Wal-Mart devra débourser. La "class action" – en français, action collective – est une procédure particulière au droit anglo-saxon qui permet à toute personne victime d’un même préjudice de se joindre à une action en justice. Dans le cas de Wal-Mart, ce sont actuellement 110 employées provenant de 30 Etats différents qui attaquent la société pour discrimination salariale (non égalité hommes-femmes), mais au bout du compte les quelque 1.600.000 femmes employées depuis décembre 1988 pourraient s’y joindre et exiger réparation... Pour mémoire, attaqué sur les mêmes bases par 25.000 employées, la société Home Depot a accepté, en 1987, de conclure un arrangement hors tribunaux portant sur 104 millions de dollars. C’est un précédent. Que Wal-Mart n’aimerait pas qu’il fasse, à ses dépens, jurisprudence. Les avocats de Wal-Mart s’affairent pour arrêter un engrenage où ils ont déjà perdu la première manche. C’était l’an dernier, lorsque le juge fédéral Martin Jenkins a octroyé le statut d’action collective à la plainte.
Source : Financial Times, 8 août 2005 (Sur la "class action", voir http://www.classaction.fr/)
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