Après les paroles, les actes...
Il est parfois intéressant de faire le point. C’est vrai pour les individus, c’est vrai pour la société dans son ensemble et c’est vrai à toutes les périodes de l’histoire.
Parfois, c’est plus difficile. Il y a comme un brouillard autour de tout, rien ne paraît clair et évident, juste et indubitable.
L’époque veut cela. Le grand historien Hobsbawm, si lumineux lorsqu’il analyse le siècle des catastrophes que nous avons laissé derrière nous, avoue son impuissance dès lors qu’il aborde les années à venir, il parle d’un avenir insaisissable, nous marchons vers l’inconnu.
Cela explique probablement l’engouement actuel pour la morale, l’éthique : ah ! si tout le monde il était gentil, ce serait tellement sympa. On achèterait des bananes solidaires, on aiderait les pauvres à l’être un peu moins durablement et on obtiendrait des puissants de ce monde que, en bons démocrates, ils en partagent équitablement quelques miettes.

Mais au nom de quoi ? Au-cu-ne idée. Le brouillard est assez épais.
Le colloque international organisé avec Irene en mai dernier au Parlement répondait pour partie à ce souci.
Faire un peu de lumière. Sur le rôle de l’entreprise dans l’évolution des choses.
On sait qu’il existe, sur le sujet, une sorte de dogme : donnons aux entreprises un maximum de liberté et tout le reste suivra. Le bonheur, la culture, la santé, le monde entier transformé en sapin de Noël, un vrai conte de fées.

On a là un curieux mouvement de balancier, un étonnant mouvement de régression. Historiquement, les penseurs "classiques" de l’économie (Smith, Ricardo, Marx) avaient, on le sait, placé l’homme au centre du monde : son travail seul est créateur de valeur et de richesse. Là-dessus, les "néoclassiques", qui ont cherché à rendre le profit respectable de même que les inégalités (toutes deux sources de valeur et de richesse, disent-ils), ce que résume le dogme évoqué plus haut. Tout cela n’était que fariboles fumeuses et insanités ascientifiques, comme le démontrera Keynes dans les années quarante.

Certes. Mais Keynes, entre-temps, s’est trouvé éclipsé et le dogme des néoclassiques (l’éthique en plus) règne à nouveau en maître. Un singulier mouvement de régression, disions-nous...
Donc chercher à comprendre un peu. D’où nous venons, où nous allons.
Des gens d’horizons variés ont apporté leur pierre à l’édifice pour reconstruire un petit temple de lumière.

C’est Prabhat Patnaik, des Indes, qui est venu insister sur l’importance pour le Tiers-monde de reconquérir son indépendance sociale, culturelle et économique, un front de libération nationale en quelque sorte, revu et corrigé par la monumentale poussée antidémocratique des puissances d’argent. C’est Samir Amin, du Sénégal, pour qui rien ne sera jamais compréhensible sans passer par l’analyse des fait et méfaits de l’impérialisme.
C’est encore George LeBel, du Québec, qui invite à n’être pas dupe du discours sur les droits de l’homme, qui n’a eu d’existence et de signification politique qu’instrumentalisé. Ou enfin Patricia Feeney, de Grande-Bretagne, venue dire qu’on sera jugé sur nos actes, pas nos paroles.
Ici, ce ne sont pas, à proprement parler, des actes. Juste des traces de paroles, des traces d’actes à venir. Pour sortir du brouillard.

Sommaire :

  • Edito : Après les paroles, les actes... (Erik Rydberg)
  • Heurs et malheurs des droits des peuples (Georges Lebel)
  • Le devoir moral d’agir (Patricia Feeney)
  • La pédagogie de la praxis (Erik Rydberg)
  • Des règles contraignantes sont inévitables (Peter Pennartz et Joris Oldenziel)
  • La responsabilité sociale des entreprises : parcours d’obstacles (Tom Fox)
  • Le créneau du partenariat médical... (José Utrera)
  • Argent contre démocratie Prabhat Patnaik)
  • L’impérialisme collectif (Samir Amin)
  • A lire
  • News : Trois nouvelles publications du GRESEA

 

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