La fusion Fusion Opération consistant à mettre ensemble deux firmes de sorte qu’elles n’en forment plus qu’une.
(en anglais : merger)
entre le distributeur néerlandais et son homologue belge a été officialisée en juillet 2016. Moins de deux mois après, le groupe fait déjà l’objet d’une plainte de la part de ses fournisseurs.

Avec ce regroupement le nouveau distributeur figure parmi les plus grandes entreprises européennes du secteur. Comme attendu, les volumes d’achat du groupe ont cru avec la fusion, et ce sont désormais les fournisseurs d’Ahold Delhaize qui ont décidé de porter plainte contre les pratiques du groupe belgo-néerlandais.

En effet, Ahold Delhaize avait pris la décision de revoir les contrats passés avec ses fournisseurs afin de les harmoniser. Selon la presse spécialisée [1], des écarts de 15% entre les prix d’achat de Delhaize auraient été constatés par rapport à ceux qu’obtenait Ahold de ses fournisseurs.

Au cours de l’été, le groupe avait donc convoqué ses 100 principaux fournisseurs afin de revoir à la baisse les prix d’achat. Mais ce n’est pas tout, le groupe ne demandait pas seulement une ristourne, mais également que celle-ci soit rétroactive. Les fournisseurs de l’enseigne de grande distribution auraient donc dû rembourser une partie du montant de leurs ventes effectuées depuis le 1er janvier 2016.

Une double plainte, en Belgique et aux Pays-Bas a donc été déposée contre le groupe. En Belgique, c’est la BABM (Association Belgo-Luxembourgeoise de Fabricants de produits de Marque) qui est montée au créneau, tandis qu’aux Pays-Bas la FNLI (Federatie Nederlandse levensmiddelenindustrie) a déposé plainte.

Les plaintes ont été déposées devant les organes de concertation qui regroupent agriculteurs, supermarchés et fabricants : respectivement la Supply Chain Initiative en Belgique [2] et Stuurgroep Eerlijke Handelspratijken aux Pays-Bas.

Notons que les plaintes n’ont pas été déposées par de petits producteurs ou des exploitants agricoles, mais bien par de grandes marques internationales. Les associations de fabricants de produits de marque regroupent des firmes telles Coca-Cola, Nestlé, Procter & Gamble ou encore Unilever.

En 2009, Delhaize était déjà entré en conflit avec Unilever. Le géant agro-alimentaire écoulait à l’époque 20% de ses produits en Belgique via Delhaize. Unilever s’était alors plaint au sujet des « marges arrière » pratiquées par le distributeur. Pour référencer des produits sur ces étals, Delhaize demandait en effet plusieurs milliers d’euros à ses fournisseurs [3].

Afin de contrer le mouvement de concentration [4] à l’œuvre dans le secteur de la grande distribution, les fabricants de marques accordent donc leurs violons afin faire face aux pressions des distributeurs.

Albert Heijn en difficulté avec ses franchisés
Les déboires pour le groupe ne s’arrêtent pas là. Albert Heijn, la marque phare du groupe Ahold est également en procès avec ses franchisés aux Pays-Bas [5]. Ceux-ci reprochent à la maison mère du groupe de leur avoir facturé des produits à des prix surévalués pendant des années. L’ensemble des franchisés néerlandais – 220 magasins aux Pays-Bas - a pris part à cette plainte, chaque magasin réclamant des indemnités avoisinant les 2 millions d’euros. En cas de condamnation, Albert Heijn pourrait devoir débourser plus de 400 millions d’euros, et être obligé de revoir ses contrats de franchise.