Adopté en décembre 1944, le « Pacte social » a servi de base au modèle socio-économique de la Belgique d’après-guerre. 80 ans plus tard, quel bilan en tirer ? Qu’en reste-t-il ? Quels enjeux pour l’avenir ?

  Sommaire  

 INTRODUCTION

En décembre 1944, à quelques mois de la fin de la Seconde Guerre mondiale, des représentants de l’État belge, des syndicats et une partie du patronat restés dans la clandestinité s’accordent sur un projet d’accord de solidarité sociale censé guider la future reconstruction. Ce document incarne la version belge du compromis fordiste qui allait se généraliser, au lendemain du conflit, dans le monde capitaliste. On lui doit notamment la création de la sécurité sociale ou encore le modèle de concertation autour duquel se sont structurées les relations professionnelles dans notre pays.

80 ans plus tard, c’est peu dire que les conditions (historiques, politiques, sociales, économiques, idéologiques) qui ont vu naître et se déployer ce « pacte social » ont été radicalement bouleversées. À tel point que l’on peut se demander si et comment il est toujours pertinent pour penser et agir dans le monde actuel. Ce qui n’empêche pas bon nombre d’acteurs et d’institutions – en particulier, mais pas uniquement, dans le camp syndical – de continuer de s’y référer, ne serait-ce que de façon implicite.

Nous souhaitons profiter de cet anniversaire pour tenter un bilan du « pacte social » : qu’a-t-il rendu possible, sous quelles conditions, à quels prix ? Non pas uniquement pour solder le passé, mais aussi, et surtout pour imaginer l’avenir. Car s’il s’avère que tout ou partie de ce pacte ne sont plus adaptés à la situation et aux enjeux qui sont les nôtres aujourd’hui, alors se pose inévitablement la question : faut-il le remplacer et, si oui, par quoi ?

 PROGRAMME

  • 9h00 Accueil
  • 9h30-10h Aux origines d’un pacte

Dès octobre 1941, dans la clandestinité, quelques représentants du patronat, de l’administration et des organisations représentant les travailleurs ont constitué un réseau informel visant à maintenir les contacts entre les interlocuteurs sociaux en Belgique. C’est ce comité qui aboutira à un projet d’accord de solidarité sociale en décembre 1944. 80 ans plus tard, les conditions de possibilité de ce « pacte » restent parfois méconnues ou sont même totalement naturalisées.

Comment le « pacte » a-t-il vu le jour en Belgique ? Quels étaient les rapports de force en présence et les éventuels modèles alternatifs ? En quoi consistait-il et quelles furent ses conséquences pour le modèle social belge ? Comment s’inscrivait-il dans une dynamique internationale plus large ? Quelles en ont été ses influences ? Quels étaient ses points forts, mais aussi points aveugles ou ses contradictions ?

Intervenante : Évelyne Léonard, professeur, Louvain School of Management (UCL)

  • 10h-12h Crise économique et tournant néolibéral : l’impossible maintien du pacte ?

La crise des années 1970 voit émerger un modèle productif, qu’on appelle néolibéral ou postfordiste, qui tranche avec le contexte qui a vu le « modèle social belge » se stabiliser dans les décennies qui suivent la fin de la Seconde Guerre mondiale. Que signifie le « néolibéralisme à la belge » et quelles sont ses caractéristiques spécifiques ? Quelles sont les répercussions de ce nouveau contexte socio-économique sur le contenu et les conditions mêmes de possibilité du "Pacte social", sur les relations professionnelles et ses acteurs ou encore sur la conflictualité sociale et l’exercice de la grève ?

Intervenant·es : Zoé Evrard, chargée de recherche, Crisp ; Damien Piron, chargé de cours, Université de Liège ; Pierre Reman, professeur émérite, UCL, Hind Riad, avocate, Progress Lawyer Network.

12h-13h Pause déjeuner (sandwichs et soupe)
  • 13h-15h Démarchandiser le travail dans le carcan austéritaire, un pacte avec le diable ?

La sécurité sociale et la concertation sociale sont les deux institutions majeures engendrées par le projet d’accord de solidarité sociale. Depuis plusieurs décennies, leurs fondements sont très souvent remis en cause, et par là la convention du travail. Quelles sont concrètement les différentes dimensions de cette remise en cause ? Et, qu’est-ce que cela implique pour le syndicalisme et le syndicat sur le terrain ? Comment s’articulent aujourd’hui les rôles respectifs des syndicats, du patronat et de l’État ? Quels rôles remplit aujourd’hui la sécurité sociale ? Comment a-t-elle évolué, notamment en lien avec sa fonction originelle de « démarchandisation du travail » ? Comment, au quotidien, négocier le travail dans le carcan austéritaire ?

Intervenant·es : Marie-Hélène Ska, secrétaire générale, CSC ; Daniel Richard, secrétaire régional interprofessionnel, FGTB Verviers-Ostbelgien ; Matéo Alaluf, professeur émérite, ULB et Jean Faniel, directeur général du CRISP.

15h-15h15 Pause-café
  • 15h15-17h15 Vers un pacte renouvelé ? Avec qui, comment, pour faire quoi ?

Entre 1944 et aujourd’hui, il y a une vie. De nouveaux enjeux sociaux, économiques et écologiques ont fait irruption sur la scène politique. Dans ce contexte, que faut-il faire de la logique du pacte : la défendre, l’actualiser, la dépasser ? Comment ? Qu’est-ce que cela signifie pour le syndicalisme et son renouveau ? Qui sont les « oubliés du pacte » et comment les intégrer dans une dynamique collective d’émancipation ? Comment écologiser le mouvement ouvrier ? Quelles alliances, quels mots d’ordre, quelles stratégies mettre en œuvre, en Belgique et au-delà ?

Intervenant.es : Christine Mahy, secrétaire générale, Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté (RWLP) ; Fanny Dubois, secrétaire générale, Fédération des Maisons Médicales (FMM), Clarisse Van Tichelen, coordinatrice du service d’étude CNE ; Daniel Tanuro, agronome et militant écosocialiste.

Inscription gratuite, mais souhaitée via le formulaire ci dessous ou à l’adresse info gresea.be


Inscription colloque : 80 ans du « Pacte social » : bilan et perspectives