Le programme d’éducation au développement 2011-2012 consiste essentiellement dans un travail de formations sur les multinationales dont le but est de conscientiser un large public aux enjeux liés aux chaînes d’approvisionnement mondialisées.
1. Le projet : "Promouvoir la transparence des chaînes d’approvisionnement Nord-Sud de l’usine jusqu’au consommateur"
1.1. Les origines du projet
La décision du Gresea d’introduire un projet Nord d’éducation au développement sur deux ans (janvier 2011 à décembre 2012) portant sur la question de "la promotion de la transparence sur les chaînes d’approvisionnement Nord-Sud" résulte des conclusions tirées par les chercheurs du Gresea à partir de leur expérience acquise dans des formations syndicales et étudiantes ainsi que par sa participation à la campagne belge travail décent sur la "régulation de l’acteur privé"(2009-2010).
Ces observations ont ensuite été mises à l’épreuve de nos publics par l’intermédiaire d’une consultation de formateurs syndicaux, de professeurs ainsi que de certains acteurs de la société civile oeuvrant sur des thématiques similaires et/ou connexes comme la mondialisation, les relations économiques internationales ou encore la coopération au développement. Last but not least, l’hypothèse qui fonde le projet a fait l’objet de deux débats en Assemblée générale du Gresea en recevant, là, l’assentiment de ses instances et, en particulier, de son Conseil d’administration, dont la composition reflète en miniature les forces vives du monde syndical et associatif Nord-Sud.
1.1.1. Une thématique mal connue et peu abordée
Depuis plusieurs années, le Gresea participe à des formations syndicales sur les rouages de l’économie politique. Lors de ces formations, l’entreprise est évidemment abordée comme élément central pour des délégués syndicaux. Si l’intérêt porté par les travailleurs à ce module montre d’ores et déjà l’utilité d’un tel projet, la méconnaissance de certains de ces représentants du personnel concernant les enjeux supranationaux liés à leur entreprise a retenu notre attention. A l’heure actuelle, "dépasser les murs de l’usine belge" pour comprendre la réalité des travailleurs et des populations du Sud apparaît pourtant comme une condition à un développement durable.
Cette constatation fut confirmée par l’enquête menée auprès des formateurs syndicaux qui conclura, que ce soit à la FGTB ou à la CSC , à l’inexistence d’une approche éducative spécifique de l’entreprise multinationale
Multinationale
Entreprise, généralement assez grande, qui opère et qui a des activités productives et commerciales dans plusieurs pays. Elle est composée habituellement d’une maison mère, où se trouve le siège social, et plusieurs filiales étrangères.
(en anglais : multinational)
.
Même si le contexte est différent, la même conclusion peut être tirée du sondage réalisé auprès de professeurs de 6e année de l’enseignement secondaire et d’étudiants de 1re candidature. Si les institutions publiques internationales (OMC
OMC
Organisation mondiale du Commerce : Institution créée le 1er janvier 1995 pour favoriser le libre-échange et y ériger les règles fondamentales, en se substituant au GATT. Par rapport au GATT, elle élargit les accords de liberté à des domaines non traités à ce niveau jusqu’alors comme l’agriculture, les services, la propriété intellectuelle, les investissements liés au commerce… En outre, elle établit un tribunal, l’organe des règlements des différends, permettant à un pays qui se sent lésé par les pratiques commerciales d’un autre de déposer plainte contre celui-ci, puis de prendre des sanctions de représailles si son cas est reconnu valable. Il y a actuellement 157 membres (en comptant l’Union européenne) et 26 États observateurs susceptibles d’entrer dans l’association dans les prochaines années.
(En anglais : World Trade Organization, WTO)
, FMI
FMI
Fonds Monétaire International : Institution intergouvernementale, créée en 1944 à la conférence de Bretton Woods et chargée initialement de surveiller l’évolution des comptes extérieurs des pays pour éviter qu’ils ne dévaluent (dans un système de taux de change fixes). Avec le changement de système (taux de change flexibles) et la crise économique, le FMI s’est petit à petit changé en prêteur en dernier ressort des États endettés et en sauveur des réserves des banques centrales. Il a commencé à intervenir essentiellement dans les pays du Tiers-monde pour leur imposer des plans d’ajustement structurel extrêmement sévères, impliquant généralement une dévaluation drastique de la monnaie, une réduction des dépenses publiques notamment dans les domaines de l’enseignement et de la santé, des baisses de salaire et d’allocations en tous genres. Le FMI compte 188 États membres. Mais chaque gouvernement a un droit de vote selon son apport de capital, comme dans une société par actions. Les décisions sont prises à une majorité de 85% et Washington dispose d’une part d’environ 17%, ce qui lui donne de facto un droit de veto. Selon un accord datant de l’après-guerre, le secrétaire général du FMI est automatiquement un Européen.
(En anglais : International Monetary Fund, IMF)
, Banque mondiale
Banque mondiale
Institution intergouvernementale créée à la conférence de Bretton Woods (1944) pour aider à la reconstruction des pays dévastés par la deuxième guerre mondiale. Forte du capital souscrit par ses membres, la Banque mondiale a désormais pour objectif de financer des projets de développement au sein des pays moins avancés en jouant le rôle d’intermédiaire entre ceux-ci et les pays détenteurs de capitaux. Elle se compose de trois institutions : la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), l’Association internationale pour le développement (AID) et la Société financière internationale (SFI). La Banque mondiale n’agit que lorsque le FMI est parvenu à imposer ses orientations politiques et économiques aux pays demandeurs.
(En anglais : World Bank)
, Union européenne
Union Européenne
Ou UE : Organisation politique régionale issue du traité de Maastricht (Pays-Bas) en février 1992 et entré en vigueur en novembre 1993. Elle repose sur trois piliers : les fondements socio-économiques instituant les Communautés européennes et existant depuis 1957 ; les nouveaux dispositifs relatifs à la politique étrangère et de sécurité commune ; la coopération dans les domaines de la justice et des affaires intérieures. L’Union compte actuellement 27 membres : Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas (1957), Danemark, Irlande, Royaume-Uni (1973), Grèce (1981), Espagne, Portugal (1986), Autriche, Finlande, Suède (1995), Chypre, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pologne, Slovaquie, Slovénie, Tchéquie (2004), Bulgarie, Roumanie (2007).
(En anglais : European Union)
…) sont parfois abordées comme moteur de la mondialisation, l’acteur privé est le plus souvent le grand absent des cours ou des conférences à destination de ce public.
1.1.2. Comprendre avant d’agir
Le faible niveau de compréhension du fonctionnement, de l’organisation ou du contrôle des entreprises multinationales est également apparu lors de la campagne Travail décent et plus particulièrement sur son axe "régulation des acteurs privés". Si cette campagne a permis certaines avancées (voir ci-dessus), elle n’a reçu que très partiellement le soutien d’un large public. Pour un formateur syndical, la cause de ce manque relatif d’intérêt pour l’entreprise multinationale se résume en une phrase : "Cette thématique dépasse quelque peu les gens. Ils n’ont pas l’impression d’avoir prise sur ces enjeux. Ils ne se sentent pas concernés."
Dans le cadre d’un contrôle public et démocratique de l’entreprise multinationale et de ses activités au Sud, informer et conscientiser un large public à ce qu’est une entreprise multinationale aujourd’hui est une étape préliminaire.